L’animal de la peur

Marie-Élaine Guay, Castagnettes, 2018, couverture
Soit une phrase tirée du recueil d’histoires de Raymond Bock, Atavismes (2011) : «Chaque fois que les portes de l’ascenseur ouvrent, j’ai la chienne» (p. 193).

Soit le vers suivant, de Castagnettes, le recueil de poésie récent de Marie-Élaine Guay : «j’ai la chienne d’eux de l’automne du sable qui engouffre» (p. 25).

Avoir la chienne : avoir peur. Le titre de poème de Marie-Élaine Guay dont provient ce vers ne laisse aucun doute : «frousse».

 

Références

Bock, Raymond, Atavismes. Histoires, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 03, 2011, 230 p.

Guay, Marie-Élaine, Castagnettes. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2018, 76 p. Ill.

Extrémité inattendue

Maxime Raymond Bock, les Noyades secondaires, 2017, couverture

Nous avons déjà eu l’occasion — souvenez-vous — de nous interroger sur le nombre de bout(s) du cierge et de la v(V)ierge.

Une interrogation de même nature, mais en matière fécale, serait possible.

Soit la phrase suivante, tirée des Noyades secondaires, de Maxime Raymond Bock (2017) :

L’Union des artistes était là au grand complet, des chroniqueurs Arts et Spectacles, trois-quatre écrivains qui se prenaient pour le bout de la marde, il neigeait de la coke, t’aurais dû voir le party (p. 254).

La marde — voyez ici et — aurait donc, elle aussi, (au moins) un bout.

Laissons de côté les images suscitées par une expression comme celle-là et attachons-nous à son sens.

Dans la phrase ci-dessus, le bout de la marde a une dimension fruitière implicite : qui se prend pour le bout de la marde, en effet, ne se prend pas pour la queue d’une cerise / de la poire. Voilà une personne qui a une haute opinion d’elle-même.

L’expression marquerait aussi l’étonnement, d’où la traduction offerte dans l’ouvrage Canadian French for Better Travel (2011) : «Cé l’boutte d’la marde ! / Now I’ve seen it all !» (p. 45)

Léandre Bergeron propose encore autre chose en 1980 : «C’est décourageant. C’est désespérant» (p. 310).

Une chose est sûre : une limite a été atteinte. Ne la dépassons par aucun bout.

 

[Complément du jour]

Ce tweet l’atteste : la queue de cerise des uns est la boisson gazeuse sans gaz (le seven up flat) des autres.

 

Références

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

Corbeil, Pierre, Canadian French for Better Travel, Montréal, Ulysse, 2011, 186 p. Ill. Troisième édition.

Raymond Bock, Maxime, les Noyades secondaires. Histoires, Montréal, Le Cheval d’août, 2017, 369 p.

Les zeugmes du dimanche matin et de Maxime Raymond Bock

Maxime Raymond Bock, les Noyades secondaires, 2017, couverture

«Marguerite et Louise descendaient Bourbonnière à partir de Dandurand, fumant des cigarettes, leurs sacs de journaux aux épaules, les joues rosies par l’hiver et le gros gin qu’elles buvaient dans une ?asque» (p. 36).

«Or le lendemain, les enquêteurs interrogeaient son frère, ses voisins, l’amant qui avait à l’occasion partagé son lit avant son décès, et surtout son ancien amoureux, Marc Lemieux, qui avait pas mal de rancune et toujours la clé» (p. 74).

«Peut-être avait-elle en effet porté ses chemises carreautées dès ses onze ans, et sa tristesse dès la naissance» (p. 134).

«Je suis entré au Métro nous acheter à boire, mais à ma sortie il avait disparu, peut-être absorbé par la foule heureuse de l’été et des rabais, peut-être rentré chez lui, peut-être évanoui dans un repli menteur de sa mémoire. Je suis allé rejoindre Marie-France et les enfants au trampoline» (p. 162).

«Sous l’hypocrite vernis du plaisir, du soleil, des mascottes et des refrains, la soumission à des idiots d’animateurs à peine plus vieux que mon frère annihilait l’idée même du mot vacances» (p. 193).

«Puis mes collègues étaient revenus ravis, remplis d’anecdotes et du désir de nager» (p. 360).

Maxime Raymond Bock, les Noyades secondaires. Histoires, Montréal, Le Cheval d’août, 2017, 369 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Bien couverte

Maxime Raymond Bock, les Noyades secondaires, 2017, couverture

Soit la phrase suivante, tirée des excellentes Noyades secondaires de Maxime Raymond Bock (2017) : «Elle m’a regardé, bouche ouverte, culottes baissées» (p. 310).

Qu’on se rassure : l’infirmière ici décrite ne s’est pas dévêtue en plein hôpital.

Explication du Petit Robert, édition numérique de 2014 : «(1979) (Canada) Fam. Se faire prendre les culottes baissées, les culottes à terre : être pris au dépourvu, surpris dans une situation embarrassante.»

La morale est sauve.

 

Référence

Raymond Bock, Maxime, les Noyades secondaires. Histoires, Montréal, Le Cheval d’août, 2017, 369 p.

Capitales du jour

Myrtle Beach, «Capitale du minigolf !», la Presse +, 25 juillet 2018

L’Oreille tendue, on le sait, chasse la capitale. Récolte récente.

«Plus précisément, j’ai grandi à Granby, “capitale du bonheur” autoproclamée» (William S. Messier, le Basketball et ses fondamentaux, p. 229.)

«Capitale nationale du poulet»

«Coup d’œil Trois-Rivières. La capitale de la propriété abordable» (la Presse+, 17 mars 2018).

«Laval, capitale du poinsettia» (la Presse+, 9 décembre 2017).

«Laval, capitale du poinsettia», la Presse+, 9 décembre 2017«Québec. Capitale gourmande» (la Presse+, 11 mars 2017).

«Québec, capitale des congrès et expositions au Canada» (la Presse+, 17 mars 2016).

«Québec : leader mondial en santé cardiométabolique» (le Devoir, 13-14 septembre 2014, p. H11).

«Saint-Hyacinthe, “capitale du Big Mac”», la Presse+, 14 août 2016

 

Référence

Messier, William S., le Basketball et ses fondamentaux. Nouvelles, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 2017, 239 p.