L’oreille tendue de… Jean-François Nadeau

Jean-François Nadeau, les Têtes réduites, 2024, couverture

«Jamais [Maurice Richard] ne parvient, même de loin, à maîtriser le discours comme il maîtrise une rondelle sur la patinoire. À cet égard, Richard n’est pas bien différent d’autres idoles sportives. Surtout, il est semblable à la majorité de ses compatriotes, qu’on tient précisément pour silencieux faute de tendre l’oreille pour les écouter.»

Jean-François Nadeau, les Têtes réduites. Essai sur la distinction sociale dans un demi-pays, Montréal, Lux éditeur, 2024, 236 p., p. 205.

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, les Complices, 1956, couverture

«Lambert savait qu’il était trop tard. Il avait fait la guerre, vu brûler des tanks, des camions, des avions abattus.

Il fallait qu’il conserve son sang-froid, qu’il ne tende pas l’oreille au bruit des sirènes qui lui rappelait le hurlement désespéré de l’autocar.»

Georges Simenon, les Complices, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 1109-1223 et 1637-1648, p. 1115. Édition originale : 1956. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, la Vérité sur Bébé Donge, éd. de 1942, couverture

«Tous deux, au même moment, tendirent l’oreille. On percevait un bruit anormal, dont il était difficile de préciser la provenance. Enfin ils se tournèrent vers la porte qui communiquait avec le réduit voisin.

C’était Mme Flament qui pleurait, toute seule dans son coin, à petits sanglots réguliers, les deux bras repliés sur sa machine à écrire, le visage dans les bras.»

Georges Simenon, la Vérité sur Bébé Donge. Roman, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 329-448 et 1539-1551, p. 394. Édition originale : 1942. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, Malempin, 1940, couverture

«On a beaucoup parlé d’argent. Peut-être cela arrivait-il aussi souvent jadis ? C’est probable, étant donné la situation difficile de mes parents qui avaient entrepris au-dessus de leurs moyens. Mais maintenant je tendais l’oreille. Le mot argent avait un sens nouveau et je tressaillais à chaque fois.»

Georges Simenon, Malempin. Roman, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 223-328 et 1526-1539, p. 297. Édition originale : 1940. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.

L’oreille tendue de… Kev Lambert

Kev Lambert, les Sentiers de neige, 2024, couverture

«Avec les néons du plafond allumés, l’eau de l’aquarium paraît encore plus verte. La douillette d’Olivier git éventrée sur le sofa. Personne en vue. On s’approche prudemment des chambres du fond et on tend l’oreille. Geneviève et Oli sont en haut, dans le salon, on les a vus avant de descendre. Damien doit être aux toilettes, ça lui prend toujours une heure avant de sortir. La chambre rose de Geneviève est vide.»

Kev Lambert, les Sentiers de neige. Conte d’hiver, Montréal, Héliotrope, 2024, 412 p., p. 217.