Poésie du Rocket

Jeannine Goulet, «Acrostiche sur Maurice Richard», années 1940, première strophe

«Maurice Richard aussi était poète.»
Pierre Foglia, la Presse, 28 mai 2000, p. A5.

Maurice Rocket est le plus célèbre joueur de la plus célèbre équipe de hockey au monde, les Canadiens de Montréal. Il a été l’objet de toutes sortes d’écrits : des articles de périodiques et des textes savants, des biographies et des recueils de souvenirs, des contes et des nouvelles, des romans et des livres pour la jeunesse, des chansons et des pièces de théâtre. On lui a consacré des bandes dessinées, des sculptures, des peintures, des films et des émissions de télévision. Son visage a orné des vêtements, des jouets, des publicités. On a donné son nom à des lieux publics.

Et, bien sûr, on lui a consacré de nombreux poèmes.

Des poètes «officiels» ont écrit sur celui qu’on surnommait «Le Rocket». Bernard Pozier l’évoque dans quatre poèmes de son recueil hockeyistique de 1991, Les poètes chanteront ce but («Génétique I», «Postérité», «Numéro 1» et «Numéro 2»), et dans un poème au moment de la mort du joueur en 2000, «L’ultime montée de Maurice Richard». C’est également à ce moment qu’Edmond Robillard écrit «À Maurice Richard…» :

Ayant donc partagé son triomphe, ses gloires,
supporté sa défaite, acclamé ses victoires,
son peuple lui souhaite un repos mérité (2001, p. 416).

Michel Beaulieu parle de Richard dans le poème «44» de Trivialités (2001), mais de façon (un peu) approximative. Son nom apparaît dans le «Chant quarante-huitième» de Toute l’œuvre incomplète de François Hébert (2010, p. 81). Alexandre Faustino lui dédie un des poèmes d’Épiphanie en 2007 (p. 23). «Je ne devinais toujours atrocement pas qui de Truman Capote ou Maurice Richard était le plus important», constate Denis Vanier (cité dans Hôtel Putama, p. 14). Jean-Paul Daoust lui offre une de ses Odes radiophoniques dans le cadre de l’émission Plus on est de fous, plus on lit ! de la radio de la Société Radio-Canada, le 23 novembre 2012 (on peut la lire et l’entendre ici) :

Il était là
Coi comme une huître
Ses yeux célèbres de diamant noir

Félix Leclerc et Maurice Richard, 1983

Le poème (malheureusement) le plus connu sur Maurice Richard est de la plume de Félix Leclerc :

Quand il lance, l’Amérique hurle.
Quand il compte, les sourds entendent.
Quand il est puni, les lignes téléphoniques sautent.
Quand il passe, les recrues rêvent.
C’est le vent qui patine.
C’est tout Québec debout
Qui fait peur et qui vit…
Il neige !

Félix Leclerc
I.O. 1983

Ce poème, offert par Félix Leclerc à Maurice Richard à l’Île d’Orléans («I.O.»), a paru dans un cahier spécial («La Presse. Cent ans d’actualité») du quotidien montréalais la Presse le 20 octobre 1983 (p. 25). Il a été repris de très nombreuses fois, notamment à la toute fin du film Maurice Richard de Charles Binamé en 2005.

À côté de ces poètes patentés, des poètes populaires écrivent.

Ils écrivent parfois dans la presse, par exemple dans le Petit Journal du 16 novembre 1952, sous le titre «Richard Cœur de Lion» :

Richard, roi de la glace,
Recordman au grand cœur,
Tu as, de notre race,
Le panache et l’ardeur.

La froide statistique
Fais de toi un héros,
Mais tes élans magiques
T’élèvent encore plus haut.

Au nom de tous les hommes
Qui chanteront ton nom
Permets que je te nomme
Richard au Cœur de Lion (p. 96).

En 1949, Charles Mayer présente l’Épopée des «Canadiens». Cette épopée est encadrée de publicités et de textes hétéroclites, dont deux poèmes, l’un «À la mémoire de Georges Vézina», qui fut le gardien de but des Canadiens de 1910 à 1926, l’autre «À Maurice Richard». Le second, signé «Mlle Gaétane Dubé, 190 Salaberry St-Jean, P.Q.», est un acrostiche.

Morenz ne pouvait être égalé
A jamais il était admiré
Un autre pourtant l’imita,
Richard, en effet un jour arriva
Il eut à passer à travers plus d’une transe
Courage, courage se disait-il sans fin
Et il rencontra enfin un jour la chance.

Revenons quelques années en avant,
Il travaille, tombe, se relève
C’est ce qui est la gloire de ce grand,
Hier inconnu, aujourd’hui célèbre
Avec des cris de joie on le voit compter,
Richard nous éblouit nous met en émoi
Demain et toujours il fera honneur au Canada (p. 8).

Une certaine Jeannine Goulet publie aussi un acrostiche à la même époque. L’Oreille tendue l’a découvert sur ebay.ca au printemps 2006.

Meilleur joueur que Maurice, celà [sic] se peut-il ?
Aucun autre que lui n’est aussi habile,
Un ou deux points par partie, ce n’est rien pour lui,
Rien ni personne ne l’arrête quand il s’enfuit,
Il est vif, prompt, et actif,
Car il ne manque jamais son objectif,
Et c’est pourquoi il est aujourd’hui l’idole

Riant de ses adversaires qu’il affole,
Insensible à leurs coups, solide et endurant,
C’est en souriant, qu’il en reçoit et qu’il en rend.
Hockey, ce jeu pour lui est une bagatelle,
Aussi il le prouve quand il a la rondelle.
Reste, toujours, Maurice notre ailier,
Durant longtemps, nous garderons la coupe Stanley.

Le plus long poème de ce type est l’œuvre de Camil DesRoches, le «publiciste» des Canadiens de Montréal pendant de très nombreuses années. Il s’agit d’une «poésie à la “Jean Narrache” […] débitée à la Parade Sportive le 14 janvier 1945 au poste [de radio] CKAC». Ce texte de dix-huit strophes s’ouvre ainsi :

Un jour près d’Montréal, Y’a de c’la plus d’vingt ans,
Monsieur et Mame Richard héritaient d’un enfant,
C’était en plein été, de fait c’était l’quatr’ août,
Que notr’ ami Maurice vit l’jour sou’ne feuille de chou.

La fin en est peu réaliste :

Après plusieurs années d’efforts désespérés,
L’Bleu Blanc Rouge a gagné la fameuse coupe Stanley.
Tout l’monde aimerait certes qu’on la garde longtemps,
Avec Richard dans l’club… On l’a POUR PLUS D’CENT ANS !

Au moment de la mort de Richard — car il n’est pas resté «plus d’cent ans» —, les poèmes populaires seront nombreux. On en trouve dans l’album Maurice Richard. Paroles d’un peuple de Michel Foisy et Maurice Richard fils (2008, p. 36, p. 52, p. 90, p. 125) et dans l’essai d’Olivier Bauer, Une théologie du Canadien de Montréal (2011, p. 67).

Maurice Richard est un objet poétique qui traverse les catégories sociales.

P.-S. — Il n’est question, ci-dessus, que de poèmes en français. Or il en existe aussi en anglais, dont le plus grand poème jamais consacré au numéro 9 des Canadiens, «Homage to Ree-shard». Ce sera pour un autre jour.

P.-P.-S. — L’Oreille tendue a abordé quelques-uns de ces poèmes, quelle que soit leur langue, dans un livre de 2006 et, plus précisément encore, dans un article de l’année suivante.

 

Références

Anonyme, «Richard Cœur de Lion», le Petit Journal, 16 novembre 1952, p. 96.

Bauer, Olivier, Une théologie du Canadien de Montréal, Montréal, Bayard Canada, coll. «Religions et société», 2011, 214 p. Ill.

Beaulieu, Michel, Trivialités, Montréal, Éditions du Noroît, 2001, [s.p]. Ill. Préface de Guy Cloutier.

Daoust, Jean-Paul, «Ode Maurice Richard», dans Odes radiophoniques II, Montréal, Poètes de brousse, 2014, p. 61-64.

DesRoches, Camil, — Poésie à la «Jean Narrache» due à la plume de Camil DesRoches et dédiée à Maurice «Record» Richard. — Cette poésie fut débitée à la Parade Sportive le 14 janvier 1945 au poste CKAC, poème sur feuille volante.

Faustino, Alexandre, Épiphanie. Poèmes, Montréal, Éditions Marchand de feuilles, 2007, 74 p.

Foisy, Michel et Maurice Richard fils, Maurice Richard. Paroles d’un peuple, Montréal, Octave éditions, 2008, 159 p. Ill.

Goulet, Jeannine, «Acrostiche sur Maurice Richard», Souvenir. Parade sportive. Paul Stuart. à CKAC tous les dimanches. 12 h. 30. P.M., poème sur feuille volante, années 1940.

Hébert, François, Toute l’œuvre incomplète, Montréal, l’Hexagone, coll. «Écritures», 2000, 154 p.

Leclerc, Félix, «Maurice Richard», la Presse, 20 octobre 1983, p. 25. Repris dans Jean-Marie Pellerin, Maurice Richard. L’idole d’un peuple, Montréal, Éditions Trustar, 1998 (1976), p. 11, dans les Canadiens, 15, 7, saison 1999-2000, p. 105 et dans Chrystian Goyens et Frank Orr, avec Jean-Luc Duguay, Maurice Richard. Héros malgré lui, Toronto et Montréal, Team Power Publishing Inc., 2000, p. 144. Traduit dans Chrys Goyens et Frank Orr, avec Jean-Luc Duguay, Maurice Richard. Reluctant Hero, Toronto et Montréal, Team Power Publishing Inc., 2000, p. 145 et dans I. Sheldon Posen, «Sung Hero : Maurice “The Rocket” Richard in Song», dans Martin Lovelace, Peter Narváez et Diane Tye (édit.), Bean Blossom to Bannerman, Odyssey of a Folklorist : A Festschrift for Neil V. Rosenberg, St. John’s, Memorial University of Newfoundland, coll. «Folklore and Language Publications», 2005, p. 377-404.

Maurice Richard / The Rocket, film de fiction de 124 minutes, 2005. Réalisation : Charles Binamé. Production : Cinémaginaire.

Mayer, Charles, Charles Mayer présente L’épopée des «Canadiens». De Georges Vézina à Maurice Richard. 40 ans d’histoire. 1909-1949, Montréal, [s.é.], 1949, 122 p. Ill. Préface de Léo Dandurand.

Melançon, Benoît, les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, 2006, 279 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Nouvelle édition, revue et augmentée : Montréal, Fides, 2008, 312 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Préface d’Antoine Del Busso. Traduction : The Rocket. A Cultural History of Maurice Richard, Vancouver, Toronto et Berkeley, Greystone Books, D&M Publishers Inc., 2009, 304 p. 26 illustrations en couleurs; 27 illustrations en noir et blanc. Traduction de Fred A. Reed. Préface de Roy MacGregor. Postface de Jean Béliveau. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2012, 312 p. 42 illustrations en noir et blanc. Préface de Guylaine Girard.

Melançon, Benoît, «Écrire Maurice Richard. Culture savante, culture populaire, culture sportive», Globe. Revue internationale d’études québécoises, 9, 2, 2006 [2007], p. 109-135. https://doi.org/1866/28632

Pozier, Bernard, Les poètes chanteront ce but, Trois-Rivières, Écrits des Forges, coll. «Radar», 60, 1991, 84 p. Ill. Réédition : Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004, 102 p.

Pozier, Bernard, «L’ultime montée de Maurice Richard», la Presse, 8 juillet 2000, p. B2. Repris dans Dès l’origine, avec des illustrations de Daniel Gagnon, Esch-sur-Alzette et Trois-Rivières, Phi et Écrits des Forges, coll. «graphiti», 59, 2005, p. 29-30 et dans Josyane De Jesus-Bergey et Bernard Pozier (édit.), Québec 2008 : 40 poètes du Québec et de France, Trois-Rivières et La Chevallerais (France), Écrits des Forges et Sac à mots édition, 2008, p. 93-94.

Purdy, Al, «Homage to Ree-shard», dans Sundance at Dusk, Toronto, McClelland and Stewart, 1976, p. 36-39. Repris dans Bursting into Song. An Al Purdy Omnibus, Windsor, Black Moss Press, 1982, p. 40-43, dans The Collected Poems of Al Purdy, édition de Russell Brown, Toronto, McClelland and Stewart, 1986, p. 235-238, dans Kevin Brooks et Sean Brooks (édit.), Thru the Smoky End Boards. Canadian Poetry about Sports and Games, Vancouver, Polestar Book Publishers, 1996, p. 59-61, dans The Globe and Mail, 3 juin 2000, p. D5, dans Beyond Remembering. The Collected Poems of Al Purdy Selected and Edited by Al Purdy & Sam Solecki, forewords by Margaret Atwood and Michael Ondaatje, Madeira Park, Harbour Publishing, 2000, p. 300-303 et, partiellement, dans Chrys Goyens et Frank Orr, avec Jean-Luc Duguay, Maurice Richard. Reluctant Hero, Toronto et Montréal, Team Power Publishing Inc., 2000, p. 144.

Robillard, Edmond, Du temps que le goglu chantait. Poèmes et chants, Montréal, Maxime, 2001, 417 p.

Vanier, Denis, Hôtel Putama. Textes croisés (Longueuil-New York, 1965-1990), Québec, Éditions de la huit, coll. «Contemporains», 1, 1991, 153 p. Préface de Rémi Ferland. Postface de Lucien Francœur. Illustrations de Louise Néron.

Les Yeux de Maurice Richard, édition de 2012, couverture

Maintenant

Claude-Henri Grignon et Albert Chartier, Séraphin illustré, 2010, p. 101

Ses graphies sont multiples et son usage courant au Québec. Justin Laramée, dans le collectif la Fête sauvage (2015), intitule un texte «Astheure» : «Astheure toujours / Nous dirons toujours Astheure / Et nous porterons le maintenant mains tenantes» (p. 30). Le poète François Hébert écrit «à c’tte heure» (p. 93), dans Toute l’œuvre incomplète (2010), mais pas seulement : «astheure, nous aimons ce mot» (p. 89); «Derechef, comme astheure, est un étourdissant adverbe» (p. 97). Le Dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron a une entrée à «Astheure» et une à «Asthure» (1980, p. 51). C’est la première graphie qu’a retenue Jean-Claude Germain dans sa pièce Un pays dont la devise est je m’oublie, quand Louis Cyr s’adresse au hockeyeur Maurice Richard : «T’es Mau-ri-ce Ri-chard !… Ç’avait jamais été… pis ça sra jamais !… Çé !… Pis çé là astheure pour tout ltemps !» (1976, p. 136) Le dictionnaire en ligne Usito donne «astheure», «asteure» et «à c’t’heure».

L’expression n’est pas propre au français du Québec. Philippe Didion, dans ses Notules du 18 octobre 2015, emploie «asteure». Dès 1922, Joseph Dumais notait qu’elle existe en patois angevin («ast’ heure», p. 27). Le Belge Simenon, dans la Veuve Couderc (1942), écrit «à cette heure» (éd. de 2003, p. 1055).

Elle est ancienne, enfin. Elle est dans les Essais de Montaigne (III, 9), selon Mireille Huchon en 2002 («asture», p. 16). Jacques Chaurand, dans l’édition de 1987 de son Histoire de la langue française, la trouve en moyen français («asteure», p. 64).

Son sens ? Maintenant : Astheure, les choses sont peut-être un peu plus claires. Dans certaines constructions, le mot peut marquer l’exaspération : Qu’est-ce qu’y a astheure ? Son synonyme serait alors encore. Il peut former une conjonction de subordination : Astheure que ce texte est écrit, passons à autre chose.

P.-S. — Aux toutes premières lignes du roman Bonheur d’occasion (1945) de Gabrielle Roy, on lit : «À cette heure, Florentine s’était prise à guetter la venue du jeune homme qui, la veille, entre tant de propos railleurs, lui avait laissé entendre qu’il la trouvait jolie» (éd. de 1978, p. 11). Pierre Popovic a étudié cette tournure en 1999.

 

[Complément du 25 février 2016]

Trois réactions, sur Twitter, à ce texte.

@kwebek écrit que le mot est «Bien attesté aussi dans le Glossaire du parler français au Canada, qui en rappelle l’usage dans certaines régions de France». Ce Glossaire date de 1930.

@MichelFrancard signale l’existence d’asteûre en wallon.

@MFBernier rappelle qu’une chanson de Jean-Pierre Ferland s’intitule «À c’t’heure».

Puisqu’il est question de chanson, signalons celles-ci, qui toutes utilisent le mot astheure :

Oswald, «Les sports», 1960

Pierre Bertrand, «Hockey», 1978

Francine Raymond, «Tu peux t’en aller», 1993

Les Mecs comiques, «Le hockey est malade», 2001

Les Cowboys fringants, «Salut mon Ron», 2002

Oui, bien sûr, il s’agit uniquement de chansons qui portent sur le hockey, en tout ou en partie.

 

[Complément du 6 avril 2016]

Les Éditions du Boréal publient ces jours-ci des textes en français de Jack Kerouac sous le titre La vie est d’hommage. Leur éditeur, Jean-Christophe Cloutier, était interviewé dans le Devoir des 2 et 3 avril (p. F1-F2). Extrait :

Ayant étudié les révisions que Kerouac a faites dans ses manuscrits, le chercheur a pu constater son souci de corriger ses textes en supprimant certains anglicismes pour y insérer le bon mot en français. «Par exemple, il raye “la shoppe” et le remplace par “l’imprimerie”. Il peut choisir d’écrire “À cette heure” à un moment donné, et ensuite choisir une écriture phonétique changeante : “a s t heur”, “a s’t’heure” ou “astheure”» (p. F2).

 

[Complément du 11 juillet 2017]

Graphie d’Ancien Régime, chez Françoise de Graffigny, dans sa pièce Ziman et Zenise (1749, scène IX) : «à ste heure» (Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, p. 300). [L’édition de 1775 donne «à stheure», p. 35.]

 

[Complément du 21 avril 2018]

En 1901, dans le troisième chapitre de la Langue française au Canada, Jules-Paul Tardivel écrit «à stheure» (cité ici).

 

[Complément du 13 février 2019]

Le linguiste Mathieu Avanzi, sur Twitter, publie la carte suivante, «Aire et vitalité du mot “asteur” d’après les enquêtes Français de nos Régions». Où l’on voit que le mot existe en français de référence.

Mathieu Avanzi, «Aire et vitalité du mot “asteur” d’après les enquêtes Français de nos Régions», 2019

[Complément du 26 mars 2019]

En 1937, la brochure le Bon Parler français considérait «À c’t’heure», mis pour «Maintenant», comme une «locution vicieuse» (p. 13).

 

Illustration : Albert Chartier, dans Claude-Henri Grignon et Albert Chartier, Séraphin illustré, préface de Pierre Grignon, dossier de Michel Viau, Montréal, Les 400 coups, 2010, 263 p., p. 101.

 

Références

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

Le Bon Parler français, La Mennais (Laprairie), Procure des Frères de l’Instruction chrétienne, 1937, 24 p.

Côté, Véronique et un collectif d’auteurs, la Fête sauvage, Montréal, Atelier 10, coll. «Pièces», 06, 2015, 125 p. Ill.

Chaurand, Jacques, Histoire de la langue française, Paris, Presses universitaires de France, coll. «Que sais-je ?», 167, 1987 (cinquième édition corrigée), 127 p.

Dumais, Joseph, le Parler de chez nous. Conférence donnée à l’Hôtel de ville de Québec, sous le patronage de la Société des arts, sciences et lettres, par M. Joseph Dumais. Professeur de diction française, directeur du Conservatoire de Québec, membre de la Société des auteurs canadiens et de la Société des arts, sciences et lettres, Québec, Chez l’auteur, 1922, ii/41 p. Préface d’Alphonse Désilets.

Evain, Aurore, Perry Gethner et Henriette Goldwyn (édit.), Théâtre de femmes de l’Ancien Régime. Tome IV. XVIIIe siècle, Paris, Classiques Garnier, coll. «Bibliothèque du XVIIe siècle», 24, série «Théâtre», 5, 2015, 489 p.

Germain, Jean-Claude, Un pays dont la devise est je m’oublie. Théâtre, Montréal, VLB éditeur, 1976, 138 p.

Graffigny, Françoise de, Ziman et Zenise, suivi de Phaza, comédies en un acte en prose par madame de Grafigny, À Amsterdam, et se trouve à Paris, chez Segaud, Libraire, rue des Cordeliers, 1775, x/107 p.

Hébert, François, Toute l’œuvre incomplète, Montréal, l’Hexagone, coll. «Écritures», 2010, 154 p.

Huchon, Mireille, Histoire de la langue française, Paris, le Livre de poche, coll. «Références. Inédit. Littérature», 542, 2002, 315 p. Ill.

Popovic, Pierre, «Le différend des cultures et des savoirs dans l’incipit de Bonheur d’occasion», dans Marie-Andrée Beaudet (édit.), Bonheur d’occasion au pluriel. Lectures et approches critiques, Québec, Nota bene, coll. «Séminaires», 10, 1999, p. 15-61.

Roy, Gabrielle, Bonheur d’occasion, Montréal, Stanké, coll. «10/10», 1978, 396 p. Édition originale : 1945.

Simenon, la Veuve Couderc, dans Romans. I, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 495, 2003, 1043-1169 et 1458-1471. Édition établie par Jacques Dubois, avec Benoît Denis. Édition  originale : 1942.

Société du parler français au Canada, Glossaire du parler français au Canada : contenant les mots et locutions en usage dans le parler de la Province de Québec et qui ne sont pas admis dans le français d’école, la définition de leurs différents sens, avec des exemples; des notes sur leur provenance, la prononciation figurée des mots étudiés, Québec, Action sociale, 1930, xix/709 p. Réimpression : Québec, Presses de l’Université Laval, 1968.

Les plus bêtes sont-ils les chants les plus beaux ?

Michel Biron, De Saint-Denys Garneau, 2015, couverture

L’Oreille tendue lit ces jours-ci la biographie que vient de consacrer son pote Michel Biron au poète québécois Saint-Denys Garneau.

Elle y trouve ceci, tiré d’une lettre de Garneau à Jean Le Moyne du 4 avril 1934 : «C’était trop fort ! Je n’ai pas pu y tenir et je leur ai carrément chanté des bêtises» (citée p. 213).

Chanter des bêtises, donc. Le sens de cette expression québécoise ? Agonir d’injures, en quelque sorte.

 

Référence

Biron, Michel, De Saint-Denys Garneau. Biographie, Montréal, Boréal, 2015, 450 p. Ill.

Parlons broue

Étienne Blanchard, 2000 mots bilingues par l’image, 1920, p. 41

Au Québec, la bière est (aussi) de la broue.

On peut la boire, se l’envoyer «en arrière du gorgoton», voire la caler.

Le client qui achète «huit grosses par jour» («Nous, les perdants», p. 51) ne pratique pas le commerce des personnes bien en chair; il préfère simplement les grands formats aux petits.

Une bière sans mousse est dite flatte :

Il se lève et finit la grosse bière
flatte sur sa table de travail
(Poèmes anglais, p. 170).

Servie sans avoir été réfrigérée, elle est tablette : «Une semaine entière de pêche avec deux vieux amis, à s’empiffrer de poisson et de bière “tablette”, avait laissé des traces qu’un œil exercé pouvait aisément discerner» (Coups de feu au Forum, p. 163).

Il y a les bières locales et les importées : qui prend «une belge à la fois» (Rosemont de profil, p. 23) n’a pas besoin d’être en compagnie de Belges.

Le buveur de bière(s) court plusieurs risques, dont ceux de l’ivresse et de la bedaine de bière. On ne confondra celle-ci ni avec le six-pack ni avec la bedaine citoyenne.

 

Illustration : «Ouvretout. Opener. A) ouvreboîte : can opener. B) débouchoir (pour bouchons métalliques) : bottle opener. C) Tirebouchon : corkscrew», Étienne Blanchard, 2000 mots bilingues par l’image, Montréal, L’Imprimerie des marchands limitée, 1920, 112 p., p. 40-41.

 

Références

Blanchard, abbé Étienne, 2000 mots bilingues par l’image, Montréal, L’Imprimerie des marchands limitée, 1920, 112 p. Ill.

Brisebois, Robert W., Coups de feu au Forum, Montréal, Hurtubise, 2015, 244 p.

Desbiens, Patrice, Poèmes anglais suivi de la Pays de personne suivi de la Fissure de la fiction, Sudbury, Prise de parole, coll. «Bibliothèque canadienne-française», 2010, 223 p. Préface de Jean Marc Larivière. Éditions originales : 1988, 1995, 1997.

Bock, Raymond, Rosemont de profil, Montréal, Le Quartanier, coll. «Nova», 2, 2013, 54 p.

Parent, Marie, «Nous, les perdants», Liberté, 305, automne 2014, p. 51.