Changer de vocabulaire à Québec

«Recueil de de?cisions concernant la proce?dure parlementaire», 2013, en-tête

Dans la Presse+ du jour, ceci, sous la signature de Tommy Chouinard : «Comparer un adversaire à Gérald Tremblay ou encore le traiter de Capitaine Bonhomme est désormais interdit à l’Assemblée nationale. Onze mots ou expressions ont été mis à l’index au cours de la dernière session. Résultat : il y a maintenant 350 entrées dans le fameux lexique des “propos non parlementaires”.»

Comme l’Oreille tendue a déjà écrit un article sur ces «propos non parlementaires» — c’était en 2014 —, elle est sensible à l’extension de leur liste.

Parmi les nouveautés ? Ponce Pilate, Odeur de corruption, Syndrome Gérald Tremblay, Roi du sophisme, Capitaine Bonhomme, Faux documents, Méconnaissance crasse.

 

Référence

Melançon, Benoît, «Vie et mort de l’éloquence parlementaire québécoise», Mœbius, 142, 2014, p. 75-78. Prépublication dans le Devoir, 23 septembre 2014, p. A7, sous le titre «Que dire et ne pas dire à l’Assemblée nationale».

Accouplements 61

«Pour la suite du monde», graffiti, Paris, 2016

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Au printemps 2012, des grèves étudiantes ont secoué le Québec. L’Oreille tendue avait alors rassemblé, sur Tumblr, les Pancartes de la GGI (grève générale illimitée). Elle leur a aussi consacré un texte ici.

Depuis le printemps 2016, des mouvements sociaux secouent la France. Un site Web rassemble «Les meilleurs graffitis du mouvement contre la Loi Travail».

Les rues parlent.

Histoires de chien et de politique

Il arrive à l’Oreille tendue de s’intéresser aux P.Q., les périphrases québécoises.

Ainsi, elle notait un jour que, le 27 mars 2012, Michel David, dans les pages du quotidien le Devoir, consacrait un texte à Thomas Mulcair, qui venait d’être élu chef du Nouveau parti démocratique du Canada. Il l’appelait le «pitbull de Chomedey» (p. 3).

Dans la Presse+ du jour, c’est Martin Coiteux qui devient «le pitbull de Nelligan».

Un esprit tordu pourrait se demander qui, du chien ou du politique, souffre le plus de la comparaison. Heureusement, l’Oreille n’est pas tordue.

Pour en finir avec la modernité

L’Oreille tendue enseigne à l’université. Elle lit des textes de critique et de théorie, elle corrige des devoirs, elle assiste à des colloques, à des conférences, à des exposés.

À toutes les fois qu’elle entend modernité — et elle l’entend bien trop souvent —, elle se cabre : ça veut dire quoi, ce mot ? (Il était question de cela ici et .)

Elle se méfiait donc. Depuis ce matin, devant cette publicité vue dans le Devoir (p. A2), elle a une raison de plus de se méfier de la modernité, quoi qu’elle soit.

Publicité pour une conférence de Philippe Couillard, le Devoir, 25 février 2016, p. A2