Capitales du jour

Myrtle Beach, «Capitale du minigolf !», la Presse +, 25 juillet 2018

L’Oreille tendue, on le sait, chasse la capitale. Récolte récente.

«Plus précisément, j’ai grandi à Granby, “capitale du bonheur” autoproclamée» (William S. Messier, le Basketball et ses fondamentaux, p. 229.)

«Capitale nationale du poulet»

«Coup d’œil Trois-Rivières. La capitale de la propriété abordable» (la Presse+, 17 mars 2018).

«Laval, capitale du poinsettia» (la Presse+, 9 décembre 2017).

«Laval, capitale du poinsettia», la Presse+, 9 décembre 2017«Québec. Capitale gourmande» (la Presse+, 11 mars 2017).

«Québec, capitale des congrès et expositions au Canada» (la Presse+, 17 mars 2016).

«Québec : leader mondial en santé cardiométabolique» (le Devoir, 13-14 septembre 2014, p. H11).

«Saint-Hyacinthe, “capitale du Big Mac”», la Presse+, 14 août 2016

 

Référence

Messier, William S., le Basketball et ses fondamentaux. Nouvelles, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 2017, 239 p.

Mange ta ville urbaine

L’Oreille tendue a, en garde partagée, un blogue où sont recensées les plus absurdes utilisations — il y a de la compétition — de l’urbain. Cela s’appelle Vivez la ville urbaine et rejoint cette rubrique.

L’Oreille n’y arriverait pas seule; elle a des informateurs sur plusieurs continents (au moins deux). Deux de ces informateurs lui ont annoncé la parution de l’ouvrage suivant.

Bernard Lavallée, «Le nutritionniste urbain», 2018, couverture

On pourrait se gausser, mais cela ne rendrait pas justice à la complexité de l’alimentation urbaine. Allons-y voir.

En ville, on peut manger du sirop d’érable urbain, de la pizza urbaine, du miel urbain, du bbq urbain, de la viande fumée urbaine, un grilled-cheese urbain, de la fondue urbaine, un hot-dog urbain, un steak urbain, des grillades urbaines portugaises.

On peut y boire du vin rouge urbain (y compris à Bordeaux et à La Prairie), du cidre urbain, du café urbain, du thé urbain, de la bière urbaine.

Si on ne souhaite pas cuisiner soi-même, on n’a qu’à aller au restaurant urbain savourer de la cuisine urbaine (à Saint-Jérôme, à Joliette, à Laval, à Montréal — ici ou ou encore là —, en Finlande, en Ontario). Il y a des établissements réservés aux demoiselles.

Vous n’aimez pas les restaurants urbains ? Essayez la cafétéria urbaine, la brûlerie urbaine, le banquet urbain, la brasserie urbaine, la taverne urbaine ou l’épicerie urbaine. Au besoin, le fermier urbain vous guidera, peut-être jusqu’au marché urbain ou jusqu’à son potager urbain. Normal : l’agriculture urbaine est partout. Si vous préférez la nature (en quelque paradoxale sorte), le pique-nique urbain est pour vous.

Il nous fallait un nutritionniste pour nous y retrouver, non ? Sinon, comment l’épicurien urbain ferait-il ?

La clinique des phrases (v)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit ceci, dans le quotidien la Presse+ du jour, rubrique langue de margarine :

Service : Efficace, professionnel et à l’accueil, on est gâté car c’est la grande Catherine Wart, la gérante et la maître d’hôtel.

Cette phrase — qu’on pardonne cette exagération lexicale à l’Oreille tendue — pose des problèmes de structure et de ponctuation.

Reconstruisons-la, en la scindant :

Service : Efficace, professionnel. À l’accueil, on est gâté car c’est la grande Catherine Wart, la gérante et la maître d’hôtel.

Ponctuons-la scolairement (l’Oreille est scolaire), à la manière de Jean Girodet («Car doit toujours être précédé d’une ponctuation», Dictionnaire Bordas. Pièges et difficultés de la langue française, Paris, Bordas, coll. «Les référents», 1988 [troisième édition], 896 p., p. 137) :

Service : Efficace, professionnel. À l’accueil, on est gâté, car c’est la grande Catherine Wart, la gérante et la maître d’hôtel.

Reconstruisons-la, bis, car (précédé, comme il se doit, donc, d’une virgule) le «c’est» pourrait laisser espérer une proposition subordonnée («qui officie», par exemple) :

Service : Efficace, professionnel. À l’accueil, on est gâté, car il y a la grande Catherine Wart, la gérante et la maître d’hôtel.

Allégeons-la d’un article inutile :

Service : Efficace, professionnel. À l’accueil, on est gâté, car il y a la grande Catherine Wart, la gérante et maître d’hôtel.

À votre service.

P.-S.—«Maîtresse d’hôtel» existe, et depuis longtemps, mais, si l’on en croit Google, il n’est pas commun.

Jean Dion pourrait être professeur

Affiche des Jeux olympiques d’hiver, 1924L’Oreille tendue, comme nombre de lecteurs du quotidien le Devoir, déplore la faible présence du chroniqueur Jean Dion en ses pages depuis plusieurs mois.

Pour cause de JO coréens, on peut heureusement le lire ces jours-ci. Extrait de son texte du jour, «La fuite» :

L’inconvénient en l’occurrence : la conscience aiguë du temps qui fuit, l’assassin qu’on ne capturera jamais. Vous êtes assis là à gagner en âge sans trop vous en rendre compte, sans rien demander à personne, et paf, les Jeux olympiques viennent vous balancer en pleine face que vous n’êtes plus précisément un agneau du printemps. (Enfin, peut-être pas vous, mais moi, si, et je pourrais vous donner d’autres noms.) Vous vieillissez, mais eux [les athlètes] restent éternellement jeunes. Même qu’ils donnent l’impression de rajeunir (p. 4).

Foi d’Oreille, ce sentiment est partagé, un jour ou l’autre, par tous les professeurs.

P.-S.—Jean Dion a déjà préfacé un livre de l’Oreille.

Illustration : affiche d’Auguste Matisse pour les JO de Chamonix en 1924 déposée sur Wikimedia Commons