La clinique des phrases (u)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit ce titre, dans le quotidien le Devoir du jour :

Maltraitance des aînés. Québec veut simplifier la tâche aux plaignants. Un comité de concertation mis sur pied acheminera les dénonciations au bon endroit (p. A3).

On imagine que, pour «acheminer», il faut d’abord exister, avoir été «mis sur pied». Sinon, ce serait un brin difficile.

Allégeons :

Maltraitance des aînés. Québec veut simplifier la tâche aux plaignants. Un comité de concertation acheminera les dénonciations au bon endroit.

Si elle n’écoutait qu’elle, l’Oreille tendue irait plus loin :

Maltraitance des aînés. Québec veut simplifier la tâche aux plaignants. Un comité de concertation acheminera les dénonciations.

S’il s’agit de «simplifier», on espère que les «dénonciations» seront envoyées «au bon endroit». Autrement, on ne voit pas bien ce que l’on gagnerait à l’opération.

À votre service.

L’Oreille tendue ne prend peut-être pas assez soin d’elle

«Cosméto au naturel», la Presse+, 2 février 2018À l’occasion, l’Oreille tendue cause apocop’. Pour rappel : «Chute d’un phonème, d’une ou plusieurs syllabes à la fin d’un mot» (le Petit Robert, édition numérique de 2014).

Dans la Presse+ du jour, elle tombe sur le mot cosméto. Vu le contenu de l’article, il paraît bien s’agir de cosmétique.

L’Oreille, naïve, croyait que l’apocope avait pour utilité de raccourcir un mot (confortable => confo). Ce n’est manifestement pas le cas ici.

Sa naïveté la perdra.

 

[Complément du jour]

Naïve et bête : il s’agit de cosmétologie, science que ne pratique pas l’Oreille.

Extrême un jour, extrême toujours

Trampoline extrême (titre de la la Presse+)

Il y a longtemps que l’Oreille tendue a à l’œil le mot extrême (voir ici, par exemple). Il y a même une catégorie à lui réservée (c’est par là).

À l’occasion, l’Oreille se demande si le mot est toujours aussi populaire. C’est généralement à ce genre de moment qu’elle tombe sur des titres comme ceux-ci.

«Perquisition extrême : les policiers récupèrent le cellulaire qu’un détenu avait avalé» (@beaudoinsop, 21 novembre 2017).

«Ceci est la plus longue et la plus extrême rampe de mise à l’eau au monde !» (la Presse+, 30 septembre 2017)

«Un PDG adepte de vélo extrême» (la Presse+, 25 juillet 2017).

«Finances personnelles extrêmes» (la Presse+, 22 avril 2017).

«À cet égard, je salue l’ouverture d’esprit de Denys Arcand qui a accepté de complètement abandonner son œuvre afin qu’elle subisse une transformation extrême. Ce ne sont pas tous les auteurs qui accepteraient cela» (la Presse+, 4 mars 2017).

Cela rassure l’Oreille, en quelque perverse sorte.

«Veggie burger extrêmes», publicité

L’oreille tendue de… Christophe Huss

«Si vous voulez néanmoins tendre l’oreille à ce nouveau genre et vous faire une idée par vous-même, la compilation Expo 1, qui va de Chilly Gonzales à John Cage (!) vous permet de faire le tri» (Christophe Huss, «“Modern classical” ou pop instrumentale ?», le Devoir, 31 octobre 2017, p. B7).