Modeste contribution à un dictionnaire des synonymes journalistiques

Dans l’ordre habituel (21 caractères) : de gauche à droite (18 caractères)

Affaires (vraies ~) (Québec) : argent

Asseoir (s’) (Québec) : parler

Boulon : plus petit commun dénominateur du mythe

Capitale : ville, village, hameau où se tient une activité

Citoyens : voir société civile

Énigmatique : Russie (voir steppes)

Historique : première occurrence cette semaine d’un événement

Limousine (Québec) : poste de ministre (merci à @gpinsonm19). En France : strapontin

Longue maladie : cancer (plus rarement : sida)

Néo : presque ancien

OVNI : je manque de vocabulaire, reconnaît un journaliste

Périple (Québec) : déplacement de joueurs de hockey

Précision (Québec) : nous avons merdé, dixit, du bout des lèvres, le quotidien la Presse de Montréal

Saga : activité récurrente

Société civile : voir citoyens

Steppes : Russie

Terrains de football (unité de mesure) : étendu

Tsunami (un ~ de) : beaucoup

Visage de la pauvreté : pauvreté sans visage

Confession du mardi matin

Courbe en U

L’Oreille tendue aime Malcolm Gladwell. Il a déjà été question de lui ici, notamment le 11 novembre 2011, au sujet de Steve Jobs.

L’Oreille tendue aime les notes (de bas de page, marginales, de fin de chapitre, de fin d’ouvrage). Elle admire l’usage qu’en fait Nicholson Baker. Elle se réjouit à la lecture de certaines notes (involontairement) cocasses.

L’Oreille tendue est donc doublement contente de tomber sur une note particulièrement bien tournée dans David and Goliath, l’ouvrage publié par Gladwell en 2013.

Il est alors question de graphiques, plus précisément de «inverted U-curves». Pour Gladwell, ces courbes comportent trois parties. Tout le monde n’est pas d’accord, d’où la première note de la page 54 : «My father, a mathematician and stickler on these matters, begs to differ.» Mathématicien (et) puriste, Papa Gladwell croit qu’on devrait parler de quatre parties.

Son fils lui donne droit au chapitre, mais en note, et il ne tient pas compte de sa remarque dans la suite du texte.

Il est dur d’être père et compris de ses enfants.

P.-S. — Maman Gladwell a aussi droit à sa note (p. 170).

 

Référence

Gladwell, Malcolm, David and Goliath. Underdogs, Misfits, and the Art of Battling Giants, New York, Boston et Londres, Little, Brown and Company, 2013, ix/305 p. Ill.

L’Oreille tendue lit le journal

En première page du cahier B du Devoir des 29-30 mars 2014, un article intitulé «La torture, un mal persistant», accompagné d’une photo de victime de torture. En page B2, la suite de l’article, avec la photo d’un centre de torture dans le nord de l’Irak.

En page B4, on lit l’éditorial de Bernard Descôteaux, «Bilinguisme libéral». Ses premiers mots ? «Le chef du Parti libéral, Philippe Couillard, a été soumis littéralement à la torture dans le deuxième débat des chefs tenu à TVA jeudi.»

«Littéralement», dans ce contexte, n’était peut-être pas l’adverbe à utiliser.

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Dans le même quotidien, on a inséré un encart publicitaire des Éditions du Boréal. On y découvre que Katia Gagnon fait paraître Histoires d’ogre, «un roman qui se lit comme un polar» (p. 6). Question : existe-t-il des polars qui se lisent comme des romans ?

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La section des sports de la Presse du jour nous rappelle que les Canadiens de Montréal — c’est du hockey — jouent à l’extérieur de la ville : «Un long périple qui comprend deux matchs, ce soir contre les Panthers, puis mardi soir à Tampa Bay contre le Lightning» (p. 5). Bref, ils sont en Floride.

Périple est déjà exagéré. Long périple, encore plus.

Il est vrai le même journal a déjà parlé de petit périple.

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Trois de ses pages sont réservées au «charme renversant de la soupe ramen» (cahier Gourmand, p. 1-3). On y recommande le restaurant Momofuku de Toronto : «De l’asiatique-funky trippant» (p. 3). Bel exemple de langue de margarine.

L’Oreille se permet à son tour une recommandation, lexicale celle-là : le mot raménothèque.

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«Québec inc.» est un synonyme d’entrepreneuriat québécois. Le cahier «Affaires» de la Presse nous fait entrer dans sa psyché : «Souverainistes en affaires : le tabou du Québec inc.» (p. 3). Qu’on se le dise, mais qu’on n’en parle pas.

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Vive le quatrième pouvoir.