(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)
Vinzenz Rohrer est joueur de hockey.
«C’est difficile, toutes les règles pour prononcer les mots. En espagnol, si je vois un mot, je sais comment le prononcer. Mais en français, il y a tellement de règles.» Il cite les mots «chien» et «Autrichien», et clairement, la prononciation nasale lui donne des difficultés. «Ça sonne comme du chinois pour moi ! Je peux rouler les “r”, on le fait en allemand. Mais ce son est difficile. C’est comme le “a” et le “u” deviennent un “o”. Et la dernière lettre d’un mot, est-ce que je la prononce ? Comment suis-je censé le savoir ?» (la Presse+, 9 novembre 2023)
Maria Candea est linguiste.
Pendant longtemps, l’écriture a été dissociée de l’orthographe. On apprenait d’abord à écrire et puis ensuite, éventuellement, à «mettre l’orthographe» en lien avec l’étude du latin et du grec. À l’époque, jusqu’au XIXe-XXe, l’orthographe n’est vraiment pas destinée à tous : c’est une pratique de distinction sociale. Cela a posé beaucoup de problèmes quand, à la fin du XIXe, avec la démocratisation de l’enseignement, il s’est agi d’enseigner à tout le monde quelque chose qui avait justement été inventé pour ne pas être pour tout le monde. On souffre actuellement de cette situation-là dans l’enseignement, par rapport à d’autres langues romanes comme l’espagnol, dont l’orthographe respecte bien davantage la prononciation et non l’étymologie (Ballast, 8 septembre 2017).
Vinzenz Rohrer et Maria Candea disent la même chose.