Déclaration récente du chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet : «Il y a quelqu’un qui a fabriqué avec [Donald Trump] ce message-là dans le but de nous envoyer encore une fois courir dans toutes les directions, comme des poules décapitées» (le Devoir, 17 décembre 2024).
Les Québécois auront reconnu dans ces «poules décapitées» les poules pas de tête de leur langue populaire.
Ces poules pas de tête auraient pour caractéristique de courir sans véritable direction. Ce faisant, leurs actions seraient inutiles et représenteraient une perte de temps et d’énergie.
À votre service.
P.-S.—Nous avons jadis croisé — n’est-ce pas ? — le crosseur de poule(s) morte (s). On peut supposer que quelques-unes de ces poules mortes n’avaient pas de tête(s).
P.-P.-S.—Mike the Headless Chicken aurait survécu 18 mois sans tête. C’est Wikipédia qui le dit.
Soit ce titre, dans la Presse+ du 14 décembre 2024 : «Travailler en cabochon.»
Qu’est-ce que ce cabochon dans le français du Québec ?
Le mot renvoie à la tête (caboche) dans des cas où on en fait trop peu usage : qui ne se sert pas de sa tête, le cabochon, se tient fermement sur l’échelle de la bêtise.
Allons voir Usito : «Personne qui manque d’intelligence, de jugement.» L’exemple littéraire retenu par ce dictionnaire numérique provient d’un roman de 1964, signé par André Major : «Il n’avait pas le courage d’avouer […] qu’il était trop paresseux pour travailler ses maths, qu’il voulait son indépendance, qu’il était un cabochon qui voulait n’en faire qu’à sa tête.»
Sous «Faire du travail de cabochon», Pierre DesRuisseaux propose la définition suivante : «Mal faire un travail, faire un travail bâclé» (p. 62).
Dans la mesure du possible, évitez d’être un cabochon.
(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)
Frog in the USA
Frog in the USA
If they discover my origine
It’s all finish maudine
Don’t want to go in France
Don’t want to talk like the Français
’Cause I prefer the hamburger
Than the café au lait
I want, I want, I want to pogne
I want, I want, I want to pogne (encore)
I want, I want, I want to pogne
I want, I want, I want to pogne (yé)
I want to pogne (I want, I want)
I want to pogne (I want)
Is it the reason that I speak in English ? (I want, I want)
I want to pogne (I want)
I want to pogne (I want, I want, I want to pogne)
I want to pogne (I want)
I do not want to speak my tongue (I want, I want)
I just want to pogne (I want, I want)
I want to pogne (I want, I want)
I just want to pogne (I want, I want)
I want to pogne (I want to pogne)
(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)
Daniel Balavoine, «Le français est une langue qui résonne», 1978
Quand j’entends s’enrouler les feuilles de l’automne
Que le ciel de l’été dans mon cœur se cramponne
Je me dis le français est une langue qui résonne
Je me dis le français est une langue qui résonne
Quand du fond du Québec les couleurs se bourgeonnent
[Les trois vers qui suivent sont prononcés avec un «accent québécois».]
Moi j’crois ben qu’c’est la neige qui s’effleure et frissonne
Pis j’me dis qu’le français est une langue qui résonne
Et j’me dis qu’le français est une langue qui résonne
[Quatre des cinq vers qui suivent sont prononcés avec un «accent du Sud».]
Endormi sous la mer qui saigne sur Narbonne
De mes yeux fatigués pleurent des Sables d’Olonne
Je me dis le français est une langue qui résonne
Je me dis le français est une langue qui résonne
Langue d’Oc du Nord les accents s’époumonnent
Dans ma tête versée mon pays se crayonne
Je me dis le français est une langue qui résonne
Je me dis le français est une langue qui résonne
Assis près de Calais dessous les lames bretonnes
Je regarde arriver les vagues anglo-saxonnes
Tous mes mots vieux français éclatent et bouillonnent
Tous mes mots vieux français éclatent et bouillonnent
Si des plages et des forêts s’asphaltent et se carbonent
Si les ailes collées les oiseaux abandonnent
Moi qui m’crois bon Français je sens que je déconne
De mes mots censurés que Villon me pardonne
Je me dis le français est une langue qui résonne
Je me dis le français est une langue qui résonne
(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)
Claude Cormier, «Garde ton accent», album Garde ton accent, 2018
P’tit garçon viens don ici
Faut qu’j’te parle un instant
Ma grand-mère m’a fait part qu’à triouve
T’as perdu ton accent
C’est vrai qu’on est sur la grande terre
Pas mal loin d’nos racines
Faudrait quand même pas
Qu’tu parles comme les gens d’la giande ville
Garde ton accent
Ma giande foi donnée
J’ai suivi ma femme à Monrial
J’l’écoute un temps parler [?]
Au téléphone avec son fière
J’ai cru ma femme souvent
Qu’allait changer ses expressions
Parce qu’y avions des faux plis
Quand elle est out de la maison
Garde ton accent
Garde ton accent
C’est important
Tu vas rester enraciné
Dans les patois [?]
De par chez vous
C’est d’la culture
Un point c’est tout
Garde ton accent
Et sois-en fier
De partager ton univers
C’est une richesse incalculable
C’est un cadeau inestimable
Garde ton accent
Un jour dans l’fond d’un bar
J’ai vu un chum du secondaire
Les deux bias dans les airs
Il m’a crié «Viens piendre une bière»
Le pauvre djiâble derrière l’comptoir
Pouvait pas nous comprendre
Ça faque j’l’ai [?] d’la sorte chanceux
Qu’y nous mont’ pas la porte
Garde ton accent
C’est ma parlure et c’est ancré
Jamais j’veux rien changer
Nos grands-pères ont laissé [?]
Un patrimoine articulé
De vieux mots acadiens
Qui ont forgé l’identité
D’un peuple fort et fier
Vivant dans l’insularité
Mais j’garde mon accent
Garde ton accent
C’est important
Tu vas rester enraciné
Dans les patois [?]
De par chez vous
C’est d’la culture
Un point c’est tout
Garde ton accent
Et sois-en fier
De partager ton univers
C’est une richesse incalculable
C’est un cadeau inestimable
Garde ton accent
Garde ton accent
C’est important
Tu vas rester enraciné
Dans les patois [?]
De par chez vous
C’est d’la culture
Un point c’est tout
Garde ton accent
Et sois-en fier
De partager ton univers
C’est une richesse incalculable
C’est un cadeau inestimable
Garde ton accent
P.-S.—L’oreille madelinote de l’Oreille tendue n’est manifestement pas ce qu’elle devrait être… Si vous avez des suggestions pour remplacer les [?], elle sera preneuse. Merci à l’avance.
[Complément du 17 décembre 2024]
Merci à Nicolas Guay pour ses suggestions de transcriptions.