Le français populaire québécois au musée

Photo de Wim Remysen prise au musée McCord-Stewart de Montréal, décembre 2025

Sur Bluesky, le 6 décembre 2025, Wim Remysen a mis en ligne une photo prise au musée McCord-Stewart de Montréal. Description : «Les expressions québécoises du @museemccordstewart.bsky.social.»

En cette matière, l’Oreille tendue a-t-elle bien servi ses bénéficiaires ?

Elle a déjà abordé tire-toi une bûche, lâche pas la patate, niaise pas avec la puck, pas de chicane dans ma cabane, virer sur un 10 cennes.

Il lui manque donc pelleter des nuages, fou comme un balai, partir sur une go.

Cela viendra.

Qu’en est-il de tomber en amour ? Usito marque l’expression comme «Particularisme de l’usage québécois et canadien» et la définit ainsi : «Être en amour, tomber en amour (de l’anglais to be in love ou to fall in love (with somebody)) : être amoureux, tomber amoureux.» Une remarque suit : «L’emploi de être en amour, tomber en amour est parfois critiqué comme synonyme non standard de être amoureux, tomber amoureux

Cela est juste et bon. On notera toutefois qu’on trouve aussi tomber en amour dans des endroits inattendus en France, par exemple ici.

À votre service.

Curiosité voltairienne (et jazzée)

Mauricio Segura, Oscar, 2016, couverture

«Les habitants du quartier étaient condamnés à se livrer au jeu des suppositions, puisqu’à cause de ses incessants voyages presque plus personne ne le fréquentait. Assurément, la blessure était toujours béante, voire infectée, mais apparemment il faisait de grands efforts pour feindre que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes : il louait volontiers en entrevue la qualité de la musique d’Art T. pour aussitôt faire dévier la conversation sur son univers musical à lui, ses propres ambitions.»

Mauricio Segura, Oscar. Roman, Montréal, Boréal, 2016, 231 p., p. 125.

 

Au cinquième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, on lit : «Je demande très humblement pardon à Votre Excellence, répondit Pangloss encore plus poliment, car la chute de l’homme et la malédiction entraient nécessairement dans le meilleur des mondes possibles.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

Accouplements 272

L’Inconvénient, numéro 101, automne 2025 couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

D’abord la question.

Béland, Martine, «Le triptyque du collectionneur», l’Inconvénient, 101, automne 2025, p. 10-15.

«Les messages des biscuits chinois n’ont pas été fabriqués par un artisan qui peut y reconnaître le fruit de son labeur. Qui, au juste, les a produits ?» (p. 12)

Ensuite, la réponse.

Gionet, Simon et Clara Lacasse, «Incursion inédite dans l’usine de biscuits chinois de Montréal», le Devoir, 15 novembre 2025.

«Près des installations, une imposante pile de messages emballés repose sur une table. C’est peut-être là l’un des autres mystères entourant ces biscuits : l’origine de leurs messages, parfois simples ou énigmatiques, qui invitent au jeu prophétique de deviner l’avenir.

“La plupart ont été imaginés par mon père, révèle M. Lee. Certains sont des vœux de bonne fortune, d’autres sont des vœux de bonne santé. Ça dépendait aussi de son humeur”, explique-t-il. Certains messages étaient directement inspirés de son expérience : “Parfois, disons que quelqu’un lui avait fait du tort, alors mon père écrivait : ’S’il te plaît, ne fais pas ça.’ S’il était heureux, par exemple si l’un de ses enfants se mariait, il était d’humeur joyeuse. C’était très personnel”, raconte-t-il.

Depuis le décès de son père, Arthur Lee, en 2002, Garnet indique que lui et certains membres de la famille se sont mis à créer quelques messages. Au fil des années, la compagnie a aussi adapté certains textes aux réalités technologiques d’aujourd’hui ou, encore, changé certains messages en fonction de l’évolution des mœurs.»

À votre service.

Chantons le hockey avec Les Jérolas, bis

Les Jérolas, «Le sport», 1967, pochette

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Les Jérolas, «Le sport», 1967

 

S’il y a une chose au monde qu’on adore
Ma foi c’est le sport
Et un jour pour changer le décor
On est tombés d’accord
D’accord pour faire du sport
Dans un magasin de ski
On achètera c’qui faut pour le ski
Des culottes et des bottes de ski
Sans oublier les skis
Et un beau matin avant qu’la neige soit molle
On a décidé poursuivant nos idées folles
De grimper là-haut sur la jolie montagne
S’y laisser glisser admirant la campagne
On se trouvait très beaux
Mais un arbre nous recevait sur son tronc
Le médecin nous fit une facture
Pour quatorze fractures
S’il y a une chose au monde qu’on adore
Ma foi c’est le sport
Si vous croyez qu’on a viré d’bord
Après tous ces efforts
Hé bien vous avez tort
Alors un soir au hockey
On s’est dit OK
C’est le hockey
On f’ra aussi bien qu’un Richard
Un Béliveau, un Howe
And how !
Dès la mise au jeu
On a saisi la rondelle
Tricotant tous deux
Comme de vrais professionnels
On se dirigeait vers les buts adversaires
On n’avait pas vu Ferguson, Laperrière
On se trouvait très bons
Mais ils ont fait de nous deux
De beaux dindons
Et c’est seulement dans l’ambulance
Qu’on r’prit connaissance
S’il y a une chose au monde qu’on adore
Ma foi c’est le sport
Si vous croyez qu’on a viré d’bord
Après tous ces efforts
Hé bien vous avez tort
Pour faire la course d’auto
Faut se lever tôt
Soigner l’auto
On f’ra un succès triomphal
Emmenez-en des Duval
Au signal on écrasa l’accélérateur
Bientôt on filait presque à 200 milles à l’heure
Naturellement nous étions bon premiers
Quand soudainement tous les pneus ont crevé
On se pensait ben fins
Tous les deux on s’est ramassés dans l’ravin
On a vécu pendant trois mois
Un affreux coma
S’il y a une chose au monde qu’on adore
Ma foi c’est le sport
Si vous croyez qu’on a viré d’bord
Après tous ces efforts
Hé bien vous avez raison

 

P.-S.—En effet, ce n’est pas la seule fois que Les Jérolas ont chanté le hockey.

 

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Truculence de l’Oreille tendue

«Quelle est l’expression québécoise la plus truculente ?», la Presse+, 23 novembre 2025, manchette

«Quelle est l’expression québécoise la plus truculente ?» se demande la Presse+ du 23 novembre.

L’Oreille tendue tient à rassurer ses bénéficiaires : elle a déjà dit un mot des quatre expressions retenues.

Rien qu’à voir, on voit bien («Yinqu’à woèr, on woé ben !», en graphie folklorique)

Accrocher ses patins

Patente à gosse

Être habillé comme la chienne à Jacques

À votre service.

P.-S.—La semaine suivante, dans le même quotidien, des lecteurs offrent la leur. L’Oreille, sans être parfaite, continue à bien s’en tirer : rare comme de la marde de pape, le crayon le plus aiguisé de la boîte, avoir le cordon du cœur qui traîne dans la marde, les bottines doivent suivre les babines, assez fou pour mettre le feu, mais pas assez fin pour l’éteindre.