Chantons la langue avec Joël Martel

Joël Martel, Tête de verre de chien Slush Puppie, 2022, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Joël Martel, «En français», Tête de verre de chien Slush Puppie, 2022

 

Ok gang faut trouver ketchose pour faire jouer
Y nous faut ketchose qui sonne comme en français
Faut rentrer dans notre quota francophone
Pas besoin d’buster juste le minimum
On va pogner la nouvelle toune du chanteur frisé
Celle du rappeur qui a une face d’envie d’chier
On va toute doper ça à coups d’couplets en français
Pis tant mieux si l’refrain est en anglais
On va faire comme les radios américaines
On va faire comme les rappeurs américains
On va faire comme le showbiz américain
Mais en français
On va faire comme les radios américaines
On va faire comme les rappeurs américains
On va faire comme le showbiz américain
Mais en français
Y a rien d’bon qui s’est faite depuis les Colocs
Pis la toune des bananes des Frères à Ch’val
Pus besoin d’chercher c’t’impossible à topper
Y a rien qui va pouvoir clancher Beau Dommage
Toute la bonne musique a déjà été faite
On est smatte d’en faire jouer d’la nouvelle des fois
Pis quand on accroche sur un nouveau succès
On va te l’faire jouer jusqu’à ce que tu l’haïsses
On va faire comme les radios américaines
On va faire comme les rappeurs américains
On va faire comme le showbiz américain
Mais en français
On va faire comme les radios américaines
On va faire comme les rappeurs américains
On va faire comme le showbiz américain
Mais en français
Les attachés d’presse nous envoient des singles
On écoute juste ceux des artistes qu’on connaît
Ça fait tellement longtemps qu’on écoute la même chose
Que tout c’qui est différent ben c’est trop fucké
Le monde écoute même pus la tévé en français
Si on veut survivre faut qu’ça s’fasse en anglais
Pis à Saint-Jean on fera jouer du Paul Piché
Pis «Vive le Québec» mes tabarnacs
On va faire comme les radios américaines
On va faire comme les rappeurs américains
On va faire comme le showbiz américain
Mais en anglais
On va faire comme les radios américaines
On va faire comme les rappeurs américains
On va faire comme le showbiz américain
Pis en anglais
Pis en franglais

 

Autopromotion 812

Publicité de la pièce Oh ! Canada — Chapitre 1 : L’Est du pays, de Danielle Le Saux-Farmer et Noémie F. Savoie, février 2025

La salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier présente actuellement la pièce Oh ! Canada — Chapitre 1 : L’Est du pays, de Danielle Le Saux-Farmer et Noémie F. Savoie.

En voici le résumé :

Le français au Canada est-il sur le respirateur artificiel ? Premier chapitre d’un vaste projet documentaire qui sonde l’état du fait français sur le territoire canadien, Oh ! Canada plonge au cœur de l’explosive question linguistique à travers une enquête dans les provinces maritimes et l’Ontario, en passant par la nation québécoise, là où loge la majorité francophone.

Avec humour et lucidité, se déploient un état des lieux statistique et une cartographie des terrains les plus minés, parmi lesquels la francisation, l’immigration et la montée de l’anti-bilinguisme.

Avec ce Chapitre 1 : L’Est du pays, le Théâtre Catapulte (Avant l’archipel) tente de saisir l’insaisissable : au-delà des spécificités culturelles et éminemment émotives de chaque territoire, sommes-nous vraiment dans l’expectative d’une assimilation linguistique ?

L’Oreille tendue interviendra à la suite de la pièce ce jeudi, le 20 février.

Renseignements ici.

Accouplements 255

Jean Echenoz, Bristol, 2025 et Yves Beauchemin, le Matou, éd. 2007, couvertures, collage

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Echenoz, Jean, Bristol. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2025, 205 p.

«Bristol vient de sortir de son immeuble quand le corps d’un homme nu, tombé de haut, s’écrase à huit mètres de lui. Bristol n’y prête pas attention et se dirige vivement vers la Seine. C’est un premier matin d’automne, très tôt pour lui, trop frais pour la saison, neuf heures dix et six degrés Celsius» (p. 9, incipit).

Beauchemin, Yves, le Matou. Édition définitive, Montréal, Fides, 2007, 669 p. Édition originale : 1981.

«Vers huit heures un matin d’avril, Médéric Duchêne avançait d’un pas alerte le long de l’ancienne succursale postale “C” au coin des rues Sainte-Catherine et Plessis lorsqu’un des guillemets de bronze qui faisaient partie de l’inscription en haut de la façade quitta son rivet et lui tomba sur le crâne. On entendit un craquement qui rappelait le choc d’un œuf contre une assiette et monsieur Duchêne s’écroula sur le trottoir en faisant un clin d’œil des plus étranges» (p. 11, incipit).

Autopromotion 810

Carte-drapeau du Canada et des États-Unis

Ces jours-ci, les relations politiques et commerciales entre le Canada et les États-Unis ne sont pas au beau fixe. Cela se manifeste, entre autres lieux, dans les arénas : l’hymne national étatsunien est parfois hué. Qu’est-ce que cela signifie ?

L’Oreille tendue en causera vers 17 h 15, au micro d’Annie Desrochers, dans le cadre de l’émission le 15-18 de la radio de Radio-Canada.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

 

[Complément du 17 février 2025]

L’Oreille a tiré de cette intervention un texte que publie aujourd’hui le Devoir sous le titre «La guerre des huées». Ça se lit de ce côté.

Ami ami, bis

Portrait de Michel de Montaigne

«Un ami est un ami.»
Laurent Ruquier

Au Québec, l’amitié est une chose subtile.

On peut être l’ami de quelqu’un. On peut être son chumau-delà du raisonnable —, peu importe le sexe : un chum de gars, une chum de fille. On peut aussi se mettre chummy avec quelqu’un.

Il existe au moins deux graphies de la chose.

«Trump se fait chummé avec la Russie», écrit Olivier Niquet dans son excellente lettre d’information, Tourniquet Express.

Même graphie chez Christophe Bernard dans la Bête creuse : «C’était la fête, du monde en masse, et de tous les âges, chummés, l’âge comptait pas» (p. 597).

«Enweille chummy suis-moi, emboîte-moi le pas», chante Mad’MoiZèle GIRAF.

Le é final de Niquet et Bernard doit évoquer une prononciation distincte de celle du duo québécois de raggamuffin.

Vous faites bien comme vous voulez.

P.-S.—Bis ? Parce que.

 

Réféfence

Bernard, Christophe, la Bête creuse. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 14, 2017, 716 p.