L’oreille tendue de… Yves Laroche

Nouaison. Revue littéraire, volume 3, 2001, couverture

«Qu’il ait été entendu comme une recommandation (il faut tendre l’oreille) ou une constatation (l’oreille est tendre), le thème du dossier d’essais sur la poésie de la troisième Nouaison aura permis de creuser le rapport entre la poésie et la musique, le rythme, le silence, l’écoute, la parole, le roman, dans des lieux aussi divers que l’école, les musées, les sanctuaires, le lit, les pays étrangers, le surréalisme, les œuvres des Anciens, de Montaigne, Victor Hugo, Léopold Sédar Senghor, Jacques Brault et Clarisse Tremblay. Tous les essayistes de Nouaison nous invitent à tendre l’oreille et à capter les échos du monde afin d’en avoir une meilleure compréhension.»

Yves Laroche, pour le comité de rédaction, «Tendre l’oreille», Nouaison. Revue littéraire, 3, 2001, p. 9-10, p. 9. Revue publiée par les éditions Le griffon d’argile.

La clinique des phrases (117)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante, tirée d’un quotidien montréalais :

Pour se désennuyer, [François-Xavier Garneau] publie des articles à saveur historique dans le journal Le Canadien.

Débarrassons-nous de la calamité à saveur :

Pour se désennuyer, [François-Xavier Garneau] publie des articles historiques dans le journal Le Canadien.

À votre service.

Divergences transatlantiques 075

Claire Legendre, Ce désir me point, 2024, couverture

Une fois n’est pas coutume : la divergence du jour est empruntée à une ex-collègue, et néanmoins amie, de l’Oreille tendue, Claire Legendre.

«Les mots ont parfois un sens un peu différent selon l’époque et le pays où l’on se trouve. En France, intense se disait d’une couleur, d’un film aimé, d’une expérience sensationnelle, d’une voix ample et profonde, d’une mélodie montant crescendo dans les aigus ou d’un souffle haletant, d’un livre qui fait pleurer. Je ne me souviens plus de la première fois où j’ai entendu, au Québec, dire de quelqu’un qu’il ou elle était “intense”.

Ici, intense n’est pas un compliment. Sont intenses les fous, les arrogants, les susceptibles, ceux qui disent ce qu’ils pensent. Sont intenses les névrosés, les hystériques. Intense rit trop fort. Intense parle trop. “Intense” est quelquefois sexiste et souvent condescendant. Intense est pénible, high maintenance, colérique, monte dans les tours, parle de sentiments et de choses personnelles qu’il serait préférable de garder pour soi. Intense n’est pas convenable, pas très pudique, un peu gênant.»

Claire Legendre, Ce désir me point, Montréal, Leméac, 2024, 155 p., p. 24.

Accouplements 228

Portrait de Rose Ouellette, 1941

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Foglia, Pierre, «La poésie, la Poune et les phoques», la Presse, 15 mai 2008, p. A5.

RUMEURS L’autre jour, dans cette chronique, je me vantais, et c’était pour me moquer de mon grand âge, je me vantais auprès de mon ami Maxime d’être brièvement sorti avec La Poune. Ce petit mot d’un lecteur (Gilbert Jean) : Pendant des années, en rentrant à Montréal par le pont Viau, on pouvait lire un graffiti sur une bâtisse de béton, peut-être bien une station de pompage, tout près des premières maisons, du côté ouest du pont, qui disait : J’ai fourré La Poune.

C’était donc vous ?

Non, monsieur. Je ne voudrais pas partir de rumeur, mais il ne m’étonnerait pas que ce soit la Poune elle-même qui soit l’auteure de ce graffiti pour… pour faire taire une autre rumeur.

Girard, Mario, «Ben oui, La Poune était lesbienne !», la Presse+, 15 février 2024.

P.-S.—La Poune était le nom de scène de Rose Ouellette.

 

Illustration : «Moulinette Moulin Légume», 2008, photo déposée sur Wikimedia Commons