Vaut mieux en être

Julien Grégoire, Jeux d’eau, 2021, couverture

Soit les deux phrases suivantes, tirées de l’excellent Jeux d’eau de Julien Grégoire :

«T’es pas du monde» (p. 112).

«J’avais pas été du monde, quand j’y repense, je suis un peu gênée, mais sur le coup, c’était comme, je voulais me baigner et là, je me baignais, alors tout était beau» (p. 171).

Ne pas être du monde, donc : mal se comporter, s’emporter, voire perdre sa dignité. Ce comportement n’est généralement pas souhaitable.

P.-S.—Souvenez-vous : au Québec, il arrive que «le monde» commande le pluriel.

P.-P.-S.—Ce monde-là ne se trouve pas au balcon.

 

Référence

Grégoire, Julien, Jeux d’eau. Roman, Montréal, Del Busso éditeur, 2021, 212 p.

Collocation du jour

Julien Grégoire, Jeux d’eau, 2021, couverture

Sous gâter, le Petit Robert (édition numérique de 2018) propose cette définition : «Traiter (qqn) en comblant de prévenances, de cadeaux, de gentillesses» et renvoie à pourrir : «Gâter extrêmement.»

Le français du Québec amalgame volontiers ces deux mots : «Personne mérite le respect, personne ! Et encore moins les petits enfants gâtés pourris comme toi, qui pensent que tout le monde leur doit quelque chose» (Jeux d’eau, p. 112).

À votre service.

P.-S.—Collocation ? Par ici.

 

[Complément du 2 octobre 2024]

Exemple journalistique : «Les frères Menendez, des gosses de riche gâtés pourris qui s’adonnent au tennis, n’enfilent que des vêtements griffés (Sergio Tacchini, vive les années 1980) et incarnent le parfait petit preppy américain, tricot pastel Ralph Lauren noué sur les épaules» (la Presse+, 2 octobre 2024).

 

Référence

Grégoire, Julien, Jeux d’eau. Roman, Montréal, Del Busso éditeur, 2021, 212 p.

Ouille !

Pansement adhésif, dessin de Charles Malo Melançon

Soit les deux phrases suivantes :

«Ouais, mais comme ça risque d’être difficile à entendre, je vais y aller d’un coup sec. Comme quand on enlève un plaster à un enfant, OK ?» (Un lien familial, p. 230)

«Ça s’est transformé en mal de cœur, la sueur s’est épaissie, c’est maintenant une sorte de colle écœurante, il s’arrache de son lit comme s’il était un gros plaster» (Jeux d’eau, p. 97).

Plaster, donc. Au Québec, dans le français populaire, ce mot désigne le pansement (adhésif), le sparadrap, le diachylon.

Quand il faut s’en débarrasser, il faut s’en débarrasser, sans s’apitoyer sur son sort.

Allez-y. Tirez.

P.-S.—La prononciation plasteur est largement attestée. Pierre Corbeil propose pla’stœrr (p. 77).

P.-P.-S.—Certains, pour rappeler que le mot vient de l’anglais, le mettent en italique. Dans un roman (québécois), ça se discute.

P.-P.-P.-S.—Au sujet de diachylon, le dictionnaire numérique Usito a deux remarques intéressantes. D’usage : «L’emploi de diachylon est sorti de l’usage en France.» De prononciation : «Ce mot, prononcé autrefois [diachilon] en France, y est aujourd’hui prononcé [diakilon].» (Au Québec, à vue d’oreille, c’est la première prononciation qui domine encore aujourd’hui.)

 

Références

Bismuth, Nadine, Un lien familial. Roman, Montréal, Boréal, 2018, 317 p.

Corbeil, Pierre, Canadian French for Better Travel, Montréal, Ulysse, 2011, 186 p. Ill. Troisième édition.

Grégoire, Julien, Jeux d’eau. Roman, Montréal, Del Busso éditeur, 2021, 212 p.