L’Oreille tendue sera ce matin, le 28, peu après 10 h, au micro de Catherine Perrin, à Ici Radio-Canada première (yerk), pour parler des mots de la rentrée scolaire, avec Chantal Lamarre et Antoine Robitaille.
Le 17 septembre 2012, elle s’était livrée à un exercice semblable, toute seule dans son coin.
Sur Twitter, Stéphanie Chicoine a proposé, plutôt que Yinke une vie à vivre (yuvav), On vit juste une fois (ovjuf). OXO Translations penchait pour carpe diem.
Antoine Robitaille, lui, a signalé l’utilisation d’ortho et de épique.
L’Oreille tendue sera, autour de 9 heures, chez Catherine Perrin, à l’émission Médium large de la radio de Radio-Canada, pour proposer l’inclusion de quelques mots aux dictionnaires courants. Elle sera en compagnie d’Antoine Robitaille (le Devoir) et de Catherine Perreault-Lessard (Urbania).
Les trois invités devaient répondre à une quadruple commande.
Faire une suggestion de nom propre (choix de l’Oreille : Lady Gaga)
L’Oreille a fait cette proposition pour contester la décision de Laurence Laporte, directrice éditoriale du Petit Robert 2014, de ne pas retenir le nom de l’artiste dans la nouvelle version du dictionnaire. Mme Laporte a déclaré au Nouvel Observateur : «J’étais surprise du nombre de votes pour Lady Gaga. Je m’y suis opposée. On avait fait entrer Madonna sans problème. Mais Lady Gaga, ça me semblait un peu tôt. Voire un peu tard : on en entend moins parler, ces temps-ci.»
En date d’hier, @ladygaga avait 37 950 291 abonnés sur Twitter. Le Petit Robert 2014 lui a préféré Olivier Adam, Christine Angot et Marc Dugain. Bref, la culture lettrée parisienne de l’heure, oui; la culture populaire mondialisée, non.
Faire une suggestion de nom commun (choix de l’Oreille : snoro)
Sur le «sn(o)(ô)(au)r(o)(ô)(eau)(aud)», voir l’entrée du 17 décembre 2011 et les commentaires étymologiques qui la suivent.
Revoir une définition (choix de l’Oreille : tabernacle)
Pour un Québécois, la définition de ce mot dans lePetit Robert (édition numérique de 2010) est nettement insuffisante : «Petite armoire fermant à clé, qui occupe le milieu de l’autel d’une église et contient le ciboire.»
L’Oreille a beaucoup écrit sur ce juron, son favori. Les modifications qu’elle a proposées en ondes se retrouvent dans cette entrée du 2 septembre 2010.
Toutes les occasions étant bonnes de souligner la richesse phonétique et morphosyntaxique des jurons québécois, et de tabarnac / tabarnak en particulier, il fallait saisir celle-là.
Proposer un nom pour un nouveau dictionnaire (choix de l’Oreille : le Diderot)
Voilà la contribution de l’Oreille à la commémoration du tricentenaire de la naissance du codirecteur de l’Encyclopédie, Denis Diderot.
Créer une version québécoise de ce dictionnaire, le Diderot Québec, pourrait porter à confusion avec Hydro-Québec. On ne le fera pas.
La presse française, qui maîtrise mal les jurons québécois, raffole de «tabernacle». La preuve ? Ce site : http://cariboutabernacle.tumblr.com/. L’Oreille tendue est jalouse. (Merci à @PimpetteDunoyer pour le lien.)
[Complément du 10 février 2017]
Le duo français Volo lançait, le 27 janvier 2017, un album intitulé Chanson française, étiquette Play On (!) / Sony ATV. On y trouve la pièce «Tabarnak». La prononciation du mot est excellente. Merci.
En 2008, à l’initiative de Monique Cormier, collègue et néanmoins amie de l’Oreille tendue, s’est tenu le concours «J’ajoute un québécisme au dictionnaire». Les auditeurs de la radio de Radio-Canada étaient invités à soumettre leurs propositions de québécisme à inclure dans trois dictionnaires : le Petit Robert, le Petit Larousse et le Multidictionnaire de la langue française.
Une première sélection a été faite par un jury composé de Louise Beaudoin, Guy Bertrand, Monique Cormier, Noëlle Guilloton et l’Oreille.
Par la suite, Alain Rey (le Petit Robert), Yves Garnier (le Petit Larousse) et Marie-Éva de Villers (Multidictionnaire de la langue française) ont retenu un mot et l’ont incorporé à la nomenclature de leur ouvrage.
Résultats ?
Guidoune : proposé par Jean Hudon de Montréal, choisi par Alain Rey pour le Petit Robert.
Motton : Raymond Pellerin, gagnant par tirage (le mot ayant été proposé par plus d’une personne), choisi par Yves Garnier pour le Petit Larousse.
Hameçonnage : proposé par Sylvie Charbonneau de Montréal, choisi par Marie-Éva de Villers pour le Multidictionnaire de la langue française.
Les trois lexicographes ont expliqué leur choix au micro de Joël Le Bigot le 5 avril 2008.
Pourquoi parler de cela aujourd’hui ? Parce que l’Oreille tendue sera demain, le 5 juin, autour de 9 heures, chez Catherine Perrin, à l’émission Médium large de la radio de Radio-Canada, pour proposer l’inclusion de quelques mots aux dictionnaires courants. Elle sera en compagnie d’Antoine Robitaille (le Devoir) et de Catherine Perreault-Lessard (Urbania).
Autour de 9 h 20 ce matin, l’Oreille tendue participera, dans le cadre de l’émission radiophonique Médium large de Catherine Perrin (Radio-Canada), à une table ronde sur les mots et expressions que, les uns et les autres, nous ne pouvons plus souffrir. Ce n’est pas le choix qui va manquer.
En premier lieu, elle avait retenu les décaleurs temporels d’énoncés : tous ces mots qui servent à dire que l’on va parler, mais qui, du fait même de leur existence, retardent le moment où l’on va enfin dire ce que l’on aurait à dire. Les exemples sont nombreux : écoutez, j’ai le goût de vous dire que, je vous dirais que, je voudrais vous dire que, j’ai envie de vous dire que, j’aurais envie de vous dire que, on parle de, etc.
Ces décaleurs et urbain sont des médiatics, plus que faire du pouce sur.
Il a aussi été question de festif, de je l’aime d’amour, de problématique, de citoyen, de ça l’a, des internets, de lol, de au niveau de, de check, de l’avenir nous le dira, de songé, de 2.0, de trop c’est comme pas assez, de O My God, de dans mon livre à moi, de ça fait du sens, de dans le paysage, de péter une coche, de on s’entend, de moi, personnellement, je, de plusieurs autres mots et expressions.
Si l’on se fie au nombre de courriels d’auditeurs et à leurs commentaires, ce sujet a touché une corde très sensible.
[Complément du 2 janvier 2014]
L’Oreille vient de repérer un nouveau décaleur temporel d’énoncé : on va se le dire.