«Je me trouvais trou de cul. Et je la trouvais trou de cuse.»
Michel Tremblay, les Vues animées. Récits, Montréal, Leméac, coll. «Nomades», 2016, 229 p., p. 173. Édition originale : 1990.
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«Je me trouvais trou de cul. Et je la trouvais trou de cuse.»
Michel Tremblay, les Vues animées. Récits, Montréal, Leméac, coll. «Nomades», 2016, 229 p., p. 173. Édition originale : 1990.
(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)
Denis Diderot à Sophie Volland, lettre du 15 octobre 1759 éditée par Jacques Chouillet dans Denis Diderot – Sophie Volland. Un dialogue à une voix, Paris, Librairie Honoré Champion, coll. «Unichamp», 14, 1986, 173 p., p. 169-173.
«Ceux qui se sont aimés pendant leur vie et qui se font inhumer l’un à côté de l’autre ne sont peut-être pas si fous qu’on pense. Peut-être leurs cendres se pressent, se mêlent et s’unissent. Que sais-je ? peut-être n’ont-elles pas perdu tout sentiment, toute mémoire de leur premier état» (p. 171).
Caillé, Anne-Renée, l’Embaumeur, Montréal, Héliotrope, «série K», 2017, 102 p.
«Deux corps brûlés en même temps, cela est arrivé, malgré ce qu’on dit, leurs cendres mélangées et mises dans une seule urne» (p. 69).
P.-S.—L’Embaumeur ? Par ici.
[Complément du 10 janvier 2019]
Le 17 juillet 1676, Mme de Sévigné, dans une lettre à sa fille, Mme de Grignan, aborde la circulation des cendres d’un point de vue un brin différent :
Enfin c’en est fait, la Brinvilliers est en l’air : son pauvre petit corps a été jeté, après l’exécution, dans un fort grand feu, et ses cendres au vent; de sorte que nous la respirerons, et que, par la communication des petits esprits, il nous prendra quelque humeur empoisonnante, dont nous serons tous étonnés (éd. Duchêne, vol. II, p. 342-343).
Référence
Sévigné, Mme de, Correspondance, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 3 vol., 1972-1978. Texte établi, présenté et annoté par Roger Duchêne.
Une fille rencontre périodiquement son père dans un diner juif. De conversations en conversations, il lui raconte des moments de sa vie professionnelle, de plus en plus succinctement.
• Je note chaque cas en quelques phrases.
Dans un cahier noir à la va-vite, je ne veux pas en écrire trop je ne veux pas demander trop de détails, je suis le rythme.
Ensuite je reprends chaque cas et je trace un x dans la marge du petit cahier noir qui est trop petit. Quand c’est terminé quand je l’ai posé ici je fais le x et cela me rend chaque fois plus légère, pas parce que quelque chose comme de la mémoire se reconstruit, cela n’a pas tout à fait à voir avec moi, parce qu’un de moins peut-être, une question de poids et de ce qui s’érige néanmoins dans la soustraction.
J’ajoute et il soustrait j’ajoute et il soustrait, un de moins à écrire, pour moi c’est simple (p. 89).
Ce sera l’Embaumeur (2017) d’Anne-Renée Caillé.
L’ouvrage est constitué de courts fragments, presque tous consacrés à ce que le père appelle des «cas» : plusieurs suicidés, des victimes de crimes, des noyés, des morts naturelles. Il a eu charge de leur corps, charge rarement refusée. Chaque microrécit esquisse un portrait, concret, souvent dur, violent. Exemple :
• Une femme met le feu à sa maison.
Elle voulait tout brûler elle ne voulait pas brûler elle voulait mourir elle voulait seulement ouvrir le feu.
Que le reste fume.
Descend au sous-sol fusil à la main, ouvre la porte du congélateur, y pénètre, referme la porte et se tire dans la tête.
C’est une maison en cendres avec une suicidée dans un congélateur (p. 47).
On le voit : Anne-Renée Caillé est sensible au rythme de ces souvenirs, qui ne sont pas (ou guère) les siens, d’où le travail sur la ponctuation et sur les reprises / variations. Le style donne cohérence à un ensemble où s’agrègent des éclairs narratifs.
Plusieurs de ces instantanés étonnent : ce mari mis en bière avec son «dîner habituel», «un sandwich au fromage et deux petites bières» (p. 21); ce «répartiteur à la morgue» qui «avait peur des morts» (p. 65); ce bébé incinéré, dont «Il ne reste rien» (p. 70). La narratrice est parfois surprise par ce qu’elle entend; «Lui a dépassé la surprise depuis longtemps» (p. 54).
L’Embaumeur «n’est pas une enquête» (p. 17) sur la thanatopraxie, bien que l’on puisse y reconnaître des événements médiatisés en leur temps (p. 39-40, p. 91). Il montre à l’œuvre la transmission d’une mémoire familiale à préserver avant qu’il ne soit trop tard, surtout celle du père, mais aussi, brièvement, celle de la mère (p. 80-82) et celle de la narratrice elle-même : «J’ai deux souvenirs seulement» (p. 83).
Mission accomplie : «je n’écrirai pas ici à répétition, sans arrêt, mon père me dit fait mon père va me dit a fait me dit, il sera l’enfant l’homme il sera il, il se mélangera aux morts par moments, à refaire le lien, il sera à refaire, naturellement ça se fera» (p. 12).
P.-S.—Vous ne sauriez pas où ranger ce livre dans votre bibliothèque ? Mettez-le à côté de Synapses de Simon Brousseau. Ils seront l’un et l’autre en bonne compagnie.
Référence
Caillé, Anne-Renée, l’Embaumeur, Montréal, Héliotrope, «série K», 2017, 102 p.
«Maurice Richard était plus talentueux que Gordie Howe.
Henri Richard était plus talentueux que Maurice Richard.»
Michel-Wilbrod Bujold,
les Hockeyeurs assassinés
«Dans un sens, j’aurais mieux aimé ne pas être un Richard,
le frère de l’autre.»
Henri Richard, dans Louis Chantigny, Mes grands joueurs de hockey
«He was more like an uncle to me.»
Henri Richard, dans Michael A. Smith, Life after Hockey
Henri Richard a joué vingt saisons avec les Canadiens de Montréal — c’est du hockey. Il a établi un record dont on peut penser qu’il ne sera jamais égalé : à titre de joueur, il a remporté onze fois la Coupe Stanley, le championnat de la Ligue nationale de hockey. Pourtant, on le ramène souvent à un seul trait de son identité : il était le frère cadet de Maurice Richard, le plus célèbre joueur de la plus célèbre équipe de hockey. Il est vrai qu’il n’a pas eu la fortune socioculturelle de son aîné, mais n’était-il que cela, «le frère de l’autre» ?
Maurice étant «Le Rocket», son frère, plus petit et plus léger que lui, sera «Le Pocket Rocket». (Un troisième frère, Claude, a brièvement été surnommé «Le Vest Pocket Rocket», mais il ne fera pas carrière.) Avant même qu’Henri ne signe un contrat avec les Canadiens, son aîné (de quinze ans) a été son défenseur. Le 6 décembre 1952, dans sa chronique du journal Samedi-Dimanche, il critique vertement des amateurs de hockey de la ville de Québec, nommément ceux du quartier Saint-Sauveur, qu’il traite de «bandits», à cause du traitement qu’ils auraient réservé à Henri. L’affaire a des échos politiques. Le député provincial de Saint-Sauveur, Francis Boudreau, soulève la question au Parlement de Québec. Le conseil municipal de Québec demande une rétractation au journal. Richard persiste et signe, majuscules à l’appui, le 20 décembre :
Je ne rétracte rien de ce que j’ai dit il y a deux semaines sur certaines gangs de Québec, sauf le mot «bandit». Mon «Ghost-Writer» m’admet courageusement que c’est un de ses jurons favoris et qu’il l’emploie régulièrement quand il a des sautes d’humeur sans signifier pour cela que le «bandit» est un meurtrier ou un voleur de grand chemin.
TOUT CE QUI A ÉTÉ PUBLIÉ AUTREMENT, C’EST MOI QUI LE LUI AI DICTÉ […].
Par la suite, les Richard seront coéquipiers durant cinq saisons, de 1955-1956 à 1959-1960. Henri se défendra tout seul.
Dans le roman L’anglais n’est pas une langue magique de Jacques Poulin (2009), le narrateur, Francis, le frère du «vieux Jack», est lecteur professionnel. Il ne cesse de se décrire comme «un petit frère» (p. 34), ce qui est péjoratif chez lui, d’où son identification à Henri Richard :
D’après mon livre, Henri Richard était plus petit et plus léger que Maurice. Il ne parlait pas l’anglais et ne disait pas un mot dans le vestiaire. Mais, sur la patinoire, il était très rapide. Il avait son propre style : il marquait un grand nombre de buts en s’appuyant de tout son poids sur l’adversaire qui tentait de le mettre en échec. Ses succès me réchauffaient le cœur et, par moments, j’avais l’impression de grandir à travers lui (p. 35-36).
La réduction du cadet à son rôle de «petit frère» est beaucoup moins heureuse dans le livre pour la jeunesse Connais-tu Maurice Richard ?, de Johanne Ménard, où elle atteint un sommet de ridicule : «Fais-moi une passe ou je le dis à maman !» dit Henri à Maurice (p. 54).
C’est à Henri Richard qu’on attribue une confusion, largement citée, entre «l’aine» et «la laine». C’est à cela que pensaient (sans doute) Jean Dion dans le Devoir du 18 mars 2014 quand il parlait d’«une laine d’une flexibilité à faire peur» (p. B6) et (sûrement) Richard Garneau dans son roman (à clefs) Train de nuit pour la gloire ou 45 jours à la conquête de la coupe Stanley : «Répondant à une question de Jean-Maurice sur son état de santé, le centre Henri Rivard répondit qu’à part une blessure à la laine (sic), tout allait comme sur des roulettes» (p. 170).
Des prosateurs ont mis en scène des matchs bien précis du «Pocket Rocket». Pour le narrateur des Ponts de Jean-François Chassay (1995), c’est le dernier match de la saison 1970-1971, quand les Canadiens remportent la Coupe Stanley contre les Black Hawks de Chicago après que Richard eut dénigré publiquement son entraîneur, Al McNeil : «La troisième période restera dans les annales comme celle d’Henri Richard : deux buts» (p. 194). Pour le Samuel Archibald d’Arvida (2011), il s’agit d’un match de 1978 opposant «les Anciens Canadiens aux étoiles de la ligue commerciale d’Arvida» (p. 221) : Henri joue, Maurice arbitre; les choses ne se déroulent toutefois pas tout à fait comme prévu. C’est encore dans l’équipe des Anciens Canadiens que se retrouve Henri dans Une dangereuse patinoire (2002) de Roy MacGregor : «C’était bel et bien lui, les cheveux tout blancs, mais les yeux noirs toujours aussi perçants que sur la photo de sa carte de hockey» (p. 135). (En 2012, dans son Histoire du hockey, Philippe Cantin évoque le même match que Chassay : «Lors de cette belle soirée de printemps, dans un Stadium de Chicago transformé en fournaise, Henri Richard remporta son pari» [p. 370].» Jusqu’en 1986, les Backhawks étaient les Black Hawks.)
Interrogé par Michael A. Smith, Henri Richard dit qu’enfant il avait deux rêves, jouer au hockey et posséder une taverne (Life after Hockey, p. 114). Son rêve a été exaucé : de 1960 à 1986, il a été le propriétaire d’une taverne montréalaise, avenue du Parc. Pour le dramaturge Rick Salutin, en 1977, cela paraît avoir été positif sur le plan financier : «He is the prosperous owner of an excellent tavern» (les Canadiens, p. 156, didascalie). Pour J.R. Plante, deux ans plus tôt, dans une analyse (lourdement) idéologique des relations de travail dans le monde du hockey, elle est un des pôles d’une relation (lourdement) binaire :
Le Forum est cachottier et hypocrite. La taverne d’Henri est un lieu de cartes honnêtement mises sur la table, où les sentiments se révèlent à la lumière au lieu de se camoufler, où les gens disent franchement ce qu’ils pensent. La taverne est francophone. Le Forum est anglophone. Le Forum est le lieu du mépris et de l’humiliation. La taverne, celui de l’amitié et de la fraternité (p. 56).
L’Oreille tendue pourchasse depuis plusieurs années les représentations du sport dans la culture québécoise; celles-ci sont rarement très originales. S’agissant de l’ancien numéro 16 des Canadiens, on peut en signaler deux qui se démarquent.
En 1974, Anna McGarrigle a rendu «Hommage à Henri Richard» (2 minutes 13 secondes, disque 45 tours, étiquette PAC 4411 Pacha, paroles ici). L’homme a beau être un «petit bonhomme brave», il sera «bientôt canonisé». C’est à la fois un tavernier («Vous comptez trop et la bière est gratuite / Tavernier vous allez faire faillite») et un chevalier («Son épée est le cœur du Canadien»). Voilà des images neuves sur une figure connue. (Dans son livre intitulé Rocket Richard, Andy O’Brien évoque une chanson de 1960, «The Rocket, The Pocket and Boom», ce dernier étant Bernard «Boum-Boum» Geoffrion [p. 130-131]. Elle ne paraît pas avoir été enregistrée.)
Au milieu des années 1960, le personnage principal du long métrage de fiction Histoires d’hiver (1998, réalisation de François Bouvier, scénario «Inspiré du roman de Marc Robitaille [1987 et 2013], “Des histoires d’hiver, avec des rues, des écoles et du hockey”»), Martin Roy, a douze ans. Il termine ses études primaires. C’est un fan d’Henri Richard. Au mur de sa chambre, il y a une couverture du magazine Sport revue, avec Richard, et d’autres affiches de joueurs. Il lui a écrit pour essayer d’obtenir des billets pour un match des Canadiens au Forum de Montréal, en prétendant être malade. Il est démasqué. Il ne recevra qu’une lettre de Richard, accompagnée d’une brochure sur l’art de jouer au hockey. Plus tard, il s’inspirera d’un article de magazine sur les frères Richard pour une de ses rédactions : au nom des joueurs de hockey, il substituera celui de Samuel de Champlain. Il sera louangé par sa maîtresse devant les autres élèves, qui avisera aussi ses parents d’une pareille réussite littéraire.
Qu’Henri Richard soit d’abord, pour les créateurs, comme pour les journalistes et pour les fans, un membre de la famille ne doit pas étonner. Au Québec, le hockey est un legs, un patrimoine, un héritage, transmis, familialement, d’une génération à l’autre.
P.-S.—On peut voir et entendre Henri Richard dans le film Un jeu si simple (Gilles Groulx, 1964) sur le site de l’Office national du film du Canada.
P.-P.-S.—La ville de Laval, en 2017, a inauguré un complexe sportivo-spectaculaire, la Place Bell. Henri Richard allait y être honoré, annonçait la Presse+ du 1er septembre 2017. Une somme de 75 000 $ avait été prévue pour une œuvre d’art public, rapportait le Devoir du 16 novembre 2017, qui évoquait ce «Lavallois d’adoption» (p. B7). C’est chose faite le 29 octobre 2018, avec l’inauguration de Henri Richard, un grand parmi les grands, de Louise Lemieux Bérubé : «L’œuvre est composée d’interprétations en tissage de photographies rappelant Henri Richard en tant qu’homme et joueur de hockey. Mme Lemieux Bérubé a retravaillé, recadré et converti en noir et blanc des photos d’archives, en plus de reprendre le poème inscrit sur le mur du vestiaire du Canadien de Montréal» (la Presse+, 30 octobre 2018).
Illustration : Arsène et Girerd, les Enquêtes de Berri et Demontigny. On a volé la coupe Stanley, Montréal, Éditions Mirabel, 1975, 48 p., p. 44.
[Ce texte reprend des analyses publiées dans les Yeux de Maurice Richard (2006).]
[Complément du 15 octobre 2020]
Hier, au micro d’Annie Desrochers à l’émission de radio le 15-18 de Radio-Canada, l’Oreille tendue a commenté un ouvrage récent, Henri Richard. La légende aux 11 coupes Stanley (2020), et réfléchi à la place du Pocket Rocket dans la culture québécoise.
Musicographie (par ordre chronologique)
Oswald, «Les sports», mars 1960, 2 minutes 6 secondes, disque 45 tours, étiquette Fleur de lys FL-194; repris dans le disque collectif 14 bonnes chansons jouals, années 1960, disque 33 tours, étiquette Reel 14 R-8.
Les Jérolas, «Le sport», 1967, 3 minutes 28 secondes, disque 45 tours, étiquette RCA Victor PCS-1165, composition de Jérôme Lemay.
Anna McGarrigle, «Hommage à Henri Richard», 1974, 2 minutes 13 secondes, disque 45 tours, étiquette PAC 4411 Pacha.
André Brazeau, «Ti-Guy», Pour toi et ton père, disque audionumérique, 2002, 2 minutes 52 secondes, étiquette Studio ABC.
Mes Aïeux, «Le fantôme du Forum», la Ligne orange, 2008, 5 minutes 35 secondes, disque audionumérique, étiquette Disques Victoire VIC23661.
Loco Locass, «Le but», 2009, 5 minutes 8 secondes. Repris sur Le Québec est mort, vive le Québec, 2012, étiquette Audiogramme.
Références
Archibald, Samuel, Arvida. Histoires, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 04, 2011, 314 p. Ill.
Arsène et Girerd, les Enquêtes de Berri et Demontigny. On a volé la coupe Stanley, Montréal, Éditions Mirabel, 1975, 48 p. Premier et unique épisode des «Enquêtes de Berri et Demontigny». Texte : Arsène. Dessin : Girerd. Bande dessinée.
Bujold, Michel-Wilbrod, les Hockeyeurs assassinés. Essai sur l’histoire du hockey 1870-2002, Montréal, Guérin, 1997, vi/150 p. Ill.
Cantin, Philippe, le Colisée contre le Forum. Mon histoire du hockey. Tome 1, Montréal, La Presse, 2012, 538 p. Ill.
Chantigny, Louis, «Henri Richard», dans Mes grands joueurs de hockey, Montréal, Leméac, coll. «Éducation physique et loisirs», 1974, p. 81-94.
Chassay, Jean-François, les Ponts. Histoire d’une famille, Montréal, Leméac, 1995, 259 p.
Dion, Jean, «Dans la tête», le Devoir, 18 mars 2014.
Garneau, Richard, Train de nuit pour la gloire ou 45 jours à la conquête de la coupe Stanley. Roman, Montréal, Stanké, 1995, 239 p.
MacGregor, Roy, Une dangereuse patinoire, Montréal, Boréal, coll. «Carcajous», 7, 2002, 151 p. Traduction de Marie-Josée Brière. Édition originale : 1998.
Melançon, Benoît, les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, 2006, 279 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Nouvelle édition, revue et augmentée : Montréal, Fides, 2008, 312 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Préface d’Antoine Del Busso. Traduction : The Rocket. A Cultural History of Maurice Richard, Vancouver, Toronto et Berkeley, Greystone Books, D&M Publishers Inc., 2009, 304 p. 26 illustrations en couleurs; 27 illustrations en noir et blanc. Traduction de Fred A. Reed. Préface de Roy MacGregor. Postface de Jean Béliveau. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2012, 312 p. 42 illustrations en noir et blanc. Préface de Guylaine Girard.
Ménard, Johanne, Connais-tu Maurice Richard ?, Waterloo (Québec), Éditions Michel Quintin, coll. «Connais-tu ?», 5, 2010, 63 p. Illustrations et bulles de Pierre Berthiaume.
O’Brien, Andy, Rocket Richard, Toronto, The Ryerson Press, 1961, x/134 p. Ill.
Plante, J.R., «Crime et châtiment au Forum (Un mythe à l’œuvre et à l’épreuve)», Stratégie, 10, hiver 1975, p. 41-65.
Poulin, Jacques, L’anglais n’est pas une langue magique. Roman, Montréal, Leméac/Actes Sud, 2009, 155 p.
Richard, Denis, en collaboration avec Léandre Normand, Henri Richard. La légende aux 11 coupes Stanley, Montréal, Éditions de l’Homme, 2020, 234 p. Ill. Préface de Ronald Corey. Avant-propos de Léandre Normand.
Robitaille, Marc, Des histoires d’hiver, avec des rues, des écoles et du hockey. Récit, Montréal, VLB éditeur, 1987, 142 p. Ill.
Robitaille, Marc, Des histoires d’hiver avec encore plus de rues, d’écoles et de hockey. Roman, Montréal, VLB éditeur, 2013, 180 p. Ill.
Salutin, Rick, avec la collaboration de Ken Dryden, les Canadiens, Vancouver, Talonbooks, 1977, 186 p. Ill.
Smith, Michael A., «Henri Richard», dans Life after Hockey. When the Lights are Dimmed, St. Paul (MN), Codner Books, 1987, p. 109-116.
Soit la phrase suivante, tirée du livre récent de William S. Messier, le Basketball et ses fondamentaux :
Le vendredi de la première semaine, un petit groupe des comptes recevables et quelques étranges des services informatiques et de la comptabilité nous ont invités à prendre un verre au Pub McIntosh, à Granby (p. 65).
Étranges peut donc être, au Québec, un substantif désignant une personne. Il renvoie à quelqu’un de différent de soi : les gens «des services informatiques et de la comptabilité» ne sont pas comme ceux «des comptes recevables».
L’étrange peut être (relativement) proche, comme chez Messier, ou il peut venir de loin (c’est un immigrant). C’est le cas chez Michael Delisle, dans Tiroir no 24 (2010) :
De toute façon mon idée est faite. Je passerai pas l’été ici-d’dans. Ça va assez mal de même sans qu’on commence à se faire souffler la clientèle. Par des étranges par-dessus le marché ! (p. 56)
Cet étrange-là est belge.
Pareille utilisation d’étrange est-elle propre au français du Québec ? En français moderne, probablement. En français ancien, non. On la trouve par exemple dans la littérature poissarde, en l’occurrence dans les Lettres de la Grenouillère, le roman épistolaire de Vadé (1749) :
Jarny ! que j’étois aise d’être content en mangeant ste salade aveuc vous, Maneselle, de chicorée sauvage, il me semblit que je grugeois du sellery, tant vos yeux me donnont des échauffaisons; j’ai dansé nous deux vote mère; mais alle n’danse pas si ben qu’vous. Alle vouloit pourtant dire que si, moi j’nay pas voulu ly dire qu’non, parce qu’alle n’est pas une étrange, mais vous qu’avez une téribe grâce quand vous dansez l’allemande (éd. de 1983, p. 377).
Vadé, Delisle, Messier : même combat.
Références
Delisle, Michael, Tiroir no 24, Montréal, Boréal, 2010, 126 p.
Messier, William S., le Basketball et ses fondamentaux. Nouvelles, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 12, 2017, 239 p.
Vadé, Lettres de la Grenouillère entre M. Jérôme Dubois pêcheux du Gros-Caillou et Mlle Nanette Dubut blanchisseuse de linge fin, dans Lettres portugaises, Lettres d’une Péruvienne et autres romans d’amour par lettres, Paris, GF-Flammarion, coll. «GF», 379, 1983, 403 p., p. 365-396. Textes établis, présentés et annotés par Bernard Bray et Isabelle Landy-Houillon.