Le zeugme du dimanche matin et de Michel Tremblay

Michel Tremblay, les Vues animées, éd. de 2016, couverture

«Pendant une grande partie de mon adolescence le cinéma Princess, aujourd’hui le Parisien, mettait à l’affiche chaque semaine deux films d’horreur ou de science-fiction à petit budget que je dégustais avec un plaisir sans bornes, un sac de chips Maple Leaf et un gros Coke.»

Michel Tremblay, les Vues animées. Récits, Montréal, Leméac, coll. «Nomades», 2016, 229 p., p. 153. Édition originale : 1990.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Chronique alimentaire

Michel Tremblay, les Vues animées, éd. de 2016, couverture

Soit la phrase suivante, tirée des Vues animées de Michel Tremblay (1990) :

«Si mon frère n’a pas mangé une volée, il a au moins mangé un paquet de bêtises» (éd. de 2016, p. 148).

Explication libre :

Si mon frère n’a pas reçu de raclée, il s’est au moins fait engueuler.

À votre service.

 

[Complément du 18 février 2024]

Manger une volée peut aussi s’employer au sens figuré : «Malgré le fait que mes idéaux féministes mangent une volée à chaque nouveau témoignage confié dans ces salons de banlieue cossues, j’écoute ces femmes et je les trouve fortes» (Hors jeu, p. 46).

 

Références

Dubé-Moreau, Florence-Agathe, Hors Jeu. Chronique culturelle et féministe sur l’industrie du sport professionnel, Montréal, Éditions du remue-ménage, 2023, 235 p. Ill.

Tremblay, Michel, les Vues animées. Récits, Montréal, Leméac, coll. «Nomades», 2016, 229 p. Édition originale : 1990.

Accouplements 110

Lettre de faire-part du futur décès, gravure de Henri Charles Guérard

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Boutet, Josiane, le Pouvoir des mots. Nouvelle édition, Paris, La Dispute, 2016, 256 p.

«Les pratiques d’euphémisation qui consistent, par exemple, à ne pas dire explicitement de quelqu’un qu’il est “mort”, mais qu’“il est parti”, “il est décédé”, “il n’est plus”, “il nous a quittés” s’apparentent aussi aux processus des mots tabous : ne pas dire le mot, c’est éloigner la chose» (p. 244).

Carrère, Emmanuel, D’autres vies que la mienne, Paris, P.O.L, 2009, 309 p.

Étienne : «Ça l’a mis en colère, se rappelle-t-il, qu’elle le réveille et surtout qu’elle dise “Juliette est partie” au lieu de “Juliette est morte”» (p. 293).

Barbe, Jean, Discours de réception du prix Nobel, Montréal, Leméac, 2018, 61 p.

«—Jean… Élaine est décédée.
Sur le coup, je n’ai rien dit. Je regardais le visage de mon frère, inquiet, triste, inquiet surtout, pour moi. J’ai crié :
— Elle n’est pas “décédée”… Elle est morte… Morte !
Puis je suis allé m’enfermer dans ma chambre avec la mort» (p. 19).

Office québécois de la langue française, Banque de dépannage linguistique

«Lorsqu’on parle de personnes, mourir convient dans tous les contextes.»

P.-S.—L’Oreille tendue le sait : son combat pour mourir (voir ici et ) est perdu d’avance. Pas besoin de le lui répéter.

 

Illustration : Lettre de faire-part du futur décès, gravure de Henri Charles Guérard, 1856-1897, Rijksmuseum, Amsterdam

Le zeugme du dimanche matin et d’Éric Vuillard

Éric Vuillard, Congo, 2012, couverture

«Et à quoi cela sert ? À nous rassasier de chagrin et fureur. Nous sommes à la conférence de Berlin, en 1884, on se partage l’Afrique et les diplomates nous prêtent pour quelques heures leurs beaux costumes et les inflexions de leur voix.»

Éric Vuillard, Congo. Récit, Arles, Actes Sud, coll. «Un endroit où aller», 2012, 112 p., p. 9.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)