L’oreille tendue de… Colson Whitehead

Colson Whitehead, Harlem Shuffle, 2023, traduction française, couverture

«La jeune femme but une gorgée, pencha la tête et tendit l’oreille au laïus de Carney, ou peut-être à la créature dans son ventre.»

Colson Whitehead, Harlem Shuffle, Paris, Albin Michel, 2023. Traduction de Charles Recoursé. Édition numérique.

 

En anglais : «She drank from the glass, cocked her head, and listened thoughtfully, to Carney’s pitch or the creature in her womb.»

Colson Whitehead, Harlem Shuffle, New York, Bond Street Books, 2022. Édition numérique.

Du pétard

Paul Verchères, Meurtre au hockey, [1953], couverture

En 2001, Shaka les chantait :

Méchants pétards, méchants pétards, méchants pétards
Méchants pétards, méchants pétards, méchants pétards

En 1972, Trevanian parlait de «beau pétard» (p. 11).

Dans les deux cas, il s’agissait de louanger la plastique de personnes du sexe.

L’expression est plus ancienne encore. On la trouve en 1953 chez Paul Verchères :

Le grand vieux se pencha vers son compagnon et lui dit assez haut, pour que les filles l’entendent :
— Deux beaux pétards, hein Aristide (p. 25).

Ce sera tout pour l’instant.

P.S.—Il a été question du contact des langues chez Trevanian ici et de la langue de puck chez Verchères .

 

[Complément du 6 décembre 2021]

«Les deux pétards» de Richard Desjardins (l’Existoire, 2012) sont une «déesse» et un «loup alpha en cuir d’agneau». On les retrouvera morts dans une chambre d’hôtel :

Le coroner lit le verdict
Ça s’est passé vers les minuit
Je suis formel catégorique
Nos beaux pétards
Sont morts d’ennui

 

Références

Desjardins, Richard, «Les deux pétards», l’Existoire, disque audionumérique, étiquette Foukinic, 2012, 5 minutes 1 seconde.

Shaka, «Méchants pétards», disque audionumérique, étiquette Guy Cloutier Communications, PGC-CD-132 DJ, 2001, 3 minutes 1 seconde.

Trevanian, The Main, New York, Harcourt Brace Jovanovitch, 1972. Réédition : New York, Jove, 1977, 332 p.

Verchères, Paul [pseudonyme d’Alexandre Huot ?], Meurtre au hockey, Montréal, Éditions Police journal, coll. «Les exploits policiers du Domino Noir», 300, [1953], 32 p.

Le zeugme du dimanche matin et de Russell Banks

Russell Banks, Lost Memory of Skin, 2011, couverture

«He’s been replaying the instant out there on the Causeway in the hurricane-force wind and rain when the Rabbit stopped trying to stand on crutches and just gave it all up, when he ceased to fight gravity and pain and let his tired broken old body tumble down the hill into the rising floodwaters.»

Russell Banks, Lost Memory of Skin. A Novel, Toronto, Alfred A. Knopf Canada, 2011, 416 p., p. 362.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Choix éditoriaux du passé

 

Ernest Hemingway, To Have and Have Not, éd. 1976, couverture

Ernest Hemingway publie en 1937 To Have and Have Not, un court roman interminable.

Les choix éditoriaux de Penguin Books, dans l’édition de 1955, étonnent, vus de 2021.

Le mot en n-, dans ses deux versions, est partout, en toutes lettres, de même que le mot en ch- (pour désigner les Asiatiques).

En revanche, shit est ramené à «s—», et fuck à «f—».

Les éditeurs d’hier n’avaient pas la même sensibilité lexicale que ceux d’aujourd’hui.

 

Référence

Hemingway, Ernest, To Have and Have Not, Harmondsworth, Penguin Books, 1976, 205 p. Édition originale : 1955.

Portrait de professeur en tombe

Russell Banks, Lost Memory of Skin, 2011, couverture

«It sounds like the Professor will do most of the talking anyhow. He’s a professor, after all. It’s possible the guy can help the Kid find a job at the university on the grounds crew or something and a more or less permanent place to live. You never know. The Kid has never met a real professor before but they’re supposed to be smart and people respect them and they don’t work for the cops or the state. Besides they’re like priests and shrinks, right ? Everything you tell them is strictly confidential.»

Russell Banks, Lost Memory of Skin. A Novel, Toronto, Alfred A. Knopf Canada, 2011, 416 p., p. 80.