Cartographie estivale

Au cours des dernières semaines, tout en étant (surtout) à la campagne, l’Oreille tendue a visité, concrètement ou pas, des villages, des villages, des régions.

Cannes : comme tout le monde, l’Oreille tendue a joué le jeu.

 

Chicago : ville croisée dans deux lectures de vacances, le bavard The Dean’s December de Saul Bellow («It was like the Chicago winter, which shrank your face and tightened your sphincters», p. 231), le long Promised Land de Barack Obama («America’s most segregated big city», p. 16).

Joliette (I) : l’Oreille aurait du mal à expliquer pourquoi, mais elle fréquente souvent le Musée d’art de Joliette. Histoire de mettre fin à sa «disette muséale», elle vient d’y retourner. En plus de la collection habituelle (art médiéval, art religieux, art québécois, etc.), elle y a vu une fort belle installation de Chloé Desjardins, un dialogue autour de quelques œuvres du fonds du musée.

Joliette (II) : s’y faire dire «Cheers !» par un serveur manifestement de souche peut étonner — moins, il est vrai, quand on sait qu’il travaille dans un estaminet appelé Albion.

Lanaudière : dans sa jeunesse, l’Oreille tendue a vitupéré la motomarine; villégiatrice dans Lanaudière, elle déplore plutôt l’existence du VTT («Va-T-en, Tabarnak !»).

L’Assomption (mrc, municipalité, collège, rivière, lac, secteur) : l’Oreille a déjà raconté qu’il se trouve, dans les branches basses de son arbre généalogique, un parent éloigné surnommé Mononc’ la patate; elle a aussi un Cousin la poutine, apprécié du premier ministre du Québec. Il œuvre, façon de parler, à L’Assomption.

Montréal (I) : la fondation Lionel-Groulx a mis en ligne un segment de la conférence sur Maurice Richard qu’a donnée l’Oreille à son invitation. C’est ici et ça gesticule.

Montréal (II) : la fondation Lionel-Groulx a aussi mis en ligne un texte rédigé à l’occasion de cette conférence. C’est et ça ne gesticule pas.

Saint-Côme (I) : sans risque de se tromper, l’Oreille peut affirmer que repeindre ce balcon aura été sa principale contribution scientifique de l’été, en tous cas sa plus longue.

Maison de campagne, Québec, été 2021

Saint-Côme (II) :

D’ici
L’ostie
De colibri
Est sorti

Merci

Saint-Côme (III) : la jeune personne qui distribuait les pagaies a bien pris le temps de «seizer» l’Oreille.

Saint-Donat : on y a tenu, cet été, une vente «dentiquités». Ouverte aux dentistes probablement.

Tokyo : pour les mêmes raisons qu’en 2016, l’Oreille ne s’est pas tendue vers la diffusion des Olympiques.

 

Références

Bellow, Saul, The Dean’s December, New York, Pocket Books, 1982, 346 p.

Obama, Barack, A Promised Land, New York, Crown, 2020, 751 p. Ill.

Les zeugmes du dimanche matin et de Richard Brautigan

Richard Brautigan, Un Général sudiste de Big Sur, couverture

«Le Domaine. C’est mon grand-père qui l’a créé. Il a lutté contre les Indiens, la sécheresse, les inondations, les éleveurs, les renards, le Pacifique Sud, Frank Norris et les liqueurs fortes» (p. 112-113).

«“Voici Roy Earle”, dit Lee Mellon, en présentant le nouveau venu à Elizabeth. “Il est dingue et en cavale”» (p. 142).

Richard Brautigan, Un général sudiste de Big Sur, Paris, Christian Bourgois éditeur, 1975, 188 p. Traduction de Michel Doury.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Jeffrey Eugenides

Jeffrey Eugenides, Middlesex, éd. de 2004, couverture

«Elle détectait maintenant un léger accent. Elle attendit que la voix se fasse entendre de nouveau, mais il n’y avait plus que le silence. Une odeur de chaudière lui soufflait au visage. Elle se pencha plus près, tendant l’oreille.»

Jeffrey Eugenides, Middlesex, Paris, Seuil, 2004. Traduction de Marc Cholodenko. Édition numérique.

Nicholson Baker et la fête du Travail

Nicholson Baker, The Anthologist, 2009, couverture

L’Oreille tendue relit ces jours-ci plusieurs livres de Nicholson Baker, dont The Anthologist (2009). Un poème du narrateur de Baker prend un sens particulier pour elle aujourd’hui.

I walked upstairs behind her
Staring at her stitched seams
Normally she wore black pants
But it was the last day of the year
That she could wear the white ones
So she did (p. 196)

Pourquoi est-ce le dernier jour de l’année pour porter un pantalon blanc («But it was the last day of the year / That she could wear the white ones») ? C’est qu’il ne faudrait jamais, dit la sagesse populaire, porter de blanc après la fête du TravailDon’t wear white after Labor Day»).

La fête du Travail, c’est aujourd’hui.

 

Référence

Baker, Nicholson, The Anthologist. A Novel, New York, Simon & Schuster, 2009, 243 p. Ill.