Les bises de Simenon

Cartes des bises en France, 2016, par Mathieu Avanzi

Combien de fois s’embrasser ? Réponse de Simenon, dans le roman Malempin :

La famille est la famille et on se doit d’agir de telle manière en telle ou telle circonstance. Par exemple, chez nous, on ne s’embrassait pas à une fois, ni deux, mais trois, une sur la joue gauche, une sur la droite, puis encore une sur la gauche (p. 287).

La scène se déroule autour de Saint-Jean-d’Angély, en Charente-Maritime, à une époque indéterminée.

Voilà qui devrait intéresser Mathieu Avanzi, à qui l’Oreille tendue emprunte la carte ci-dessus.

 

Référence

Simenon, Georges, Malempin. Roman, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 223-328 et 1526-1539, p. 262. Édition originale : 1940. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, Malempin, 1940, couverture

«On a beaucoup parlé d’argent. Peut-être cela arrivait-il aussi souvent jadis ? C’est probable, étant donné la situation difficile de mes parents qui avaient entrepris au-dessus de leurs moyens. Mais maintenant je tendais l’oreille. Le mot argent avait un sens nouveau et je tressaillais à chaque fois.»

Georges Simenon, Malempin. Roman, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 223-328 et 1526-1539, p. 297. Édition originale : 1940. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, les Gens d’en face, éd. de 1971, couverture

«Toute la matinée avait été ainsi marquée du signe de la gaucherie et de la gêne. Pendant qu’il écoutait ses visiteurs, il tendait l’oreille aux bruits de la chambre, trouvait des prétextes pour s’y rendre.»

Georges Simenon, les Gens d’en face, Paris, Fayard, coll. «Le livre de poche», 1971, 217 p., p. 67. Édition originale : 1933.

Ne pas le devenir, si possible

Tee-shirt «Unreliable narrator»

La semaine dernière, l’Oreille tendue mangeait avec un ex-collègue et néanmoins ami. Celui-portait un t-shirt où on pouvait lire «Unreliable Narrator». Depuis, elle se demande si ce qu’il lui a raconté est vrai. Était-il de confiance («reliable») ?

Le narrateur du roman les Bottes suédoises, lui, paraît fiable. En revanche, il est constamment désagréable.

Parfois, c’est amusant.

Je me suis assis à l’endroit qu’elle m’avait indiqué et j’ai contemplé le portrait du couple royal. Le cadre était de travers. Je me suis levé et j’ai accentué un peu l’inclinaison (p. 217).

La plupart du temps, c’est plus grave : Fredrik Welin est plein de ressentiment, assez peu sensible à la souffrance des autres, pleutre, mesquin, manipulateur, menteur, cruel.

Welin a 70 ans et ne cesse de se plaindre des méfaits de la vieillesse. En lisant ce roman d’Henning Mankell, l’Oreille a tout de suite caractérisé le personnage en utilisant une figure venue de son familiolecte : c’est un vieux déplaisant.

Essayez de ne pas le devenir. De son côté, l’Oreille s’y applique.

P.-S.—Le marabout peut se corriger. C’est plus difficile pour le vieux déplaisant.

P.-P.-S.—Interrogation transatlantique : le vieux déplaisant québécois serait-il le laid p’tit vieux belge ?

 

[Complément du 31 juillet 2024]

Synonymes québécois : «vieux haïssable» (Twitter), «vieux malcommode» (l’Oreille).

Synonymes wallons : «vî strouk» («“vieille branche” (plutôt “vieux moignon” ou “vieille souche”)», Nicolas Ancion), «vîreûs» («grincheux, grognon», Michel Francard).

 

[Complément du 1er novembre 2024]

Chez Simenon, dans Malempin : «Est-ce que tante Élise, qui avait épousé son laid vieux Tesson pour…» (p. 328)

 

Références

Mankell, Henning, les Bottes suédoises. Roman, Paris, Seuil, coll. «Points», P4600, 2017, 363 p. Édition originale : 2015. Traduction d’Anna Gibson.

Simenon, Georges, Malempin. Roman, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 223-328 et 1526-1539, p. 262. Édition originale : 1940. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.