Le zeugme du dimanche matin et J.-H. Rosny aîné

J.-H. Rosny aîné, l’Énigme de Givreuse, éd. de 2017, couverture

«C’était une petite chambre blanche et ennuyeuse. Des sièges tristes occupaient les encoignures. Elle était à l’abri des microbes et des rêves.»

J.-H. Rosny aîné, l’Énigme de Givreuse suivi de La haine surnaturelle, Paris, BNF éditions, coll. «Les orpailleurs», 2017, 168 p., p. 31. Présenté par Roger Musnik. (La scène se déroule dans un hôpital.)

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Accouplements 112

Michel Gay, Ce sera tout, 2018, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Roubaud, Jacques, Poésie, etcetera : ménage, Paris, Stock, coll. «Versus», 1995, 282 p.

«je suis un poète qu’on dit formaliste» (p. 58).

Gay, Michel, Ce sera tout. Roman, Montréal, VLB éditeur, 2018, 161 p. Ill.

«Je m’étonne qu’il faille rappeler un tel principe à un auteur “spécialiste du minimalisme”, si j’en crois certains on-dit» (p. 106 n. 78).

Il paraît difficile de se dire, soi-même, minimaliste.

L’oreille tendue de… Émile Zola

La Bête humaine, film de Jean Renoir, 1938, image de titre«Aussi, madame Lebleu avait-elle réveillé Lebleu, pour lui apprendre ce fait extraordinaire. La veille, ils ne s’étaient pas couchés avant l’arrivée de l’express de Paris, à onze heures cinq, brûlant de savoir ce qu’il advenait de l’histoire du sous-préfet. Mais ils n’avaient rien pu lire dans l’attitude des Roubaud, qui étaient revenus avec leur figure de tous les jours; et, vainement, jusqu’à minuit, ils avaient tendu l’oreille : aucun bruit ne sortait de chez leurs voisins, ceux-ci devaient s’être endormis tout de suite, d’un profond sommeil.»

Émile Zola, la Bête humaine, Paris, G. Charpentier et E. Fasquelle, éditeurs, 1893, 415 p., p. 72.

Trente-cinquième article d’un dictionnaire personnel de rhétorique

Antilogie

Définition

«Contradiction d’idées, dans un discours, un écrit» (le Petit Robert, édition numérique de 2014).

Exemples

«Il est certain que je ne pouvais tomber dans de meilleures, ni de plus mauvaises mains» (John Cleland, Fanny Hill, éd. de 1993, p. 69).

«Voilà comment votre Majesté, par un secret qui lui apartient exclusivement, fait toujours le bien qu’elle fait et celui qu’elle ne fait pas» (lettre de Grimm à Catherine II, [1784], Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, p. 47-48).

«Oh ! je m’y tiendrai absolument, ou je ne pourrai» (La Popelinière, Tableaux des mœurs du temps dans les différents âges de la vie, éd. de 1996, p. 180).

«Eh ! nous ne différons que du oui et du non, ce n’est qu’une bagatelle» (Marivaux, la Double Inconstance, acte I, scène VIII, éd. de 1989, p. 271).

 

Références

Cleland, John, Fanny Hill. La fille de joie. Récit quintessencié de l’anglais par Fougeret de Montbron, France, Belgique et Suisse, Actes Sud, Labor et l’AIRE, coll. «Babel», 61, 1993, 122 p. Lecture d’Elsa Grasso et Guillaume Badoual. Édition de 1751.

Karp, Sergueï et Sergueï Iskul, avec la collaboration de Georges Dulac et de Nadejda Plavinskaya, «Les lettres inédites de Grimm à Catherine II», Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, 10, avril 1991, p. 41-55. http://www.persee.fr/doc/rde_0769-0886_1991_num_10_1_1099

La Popelinière, Alexandre Joseph de, Tableaux des mœurs du temps dans les différents âges de la vie, Paris, Union générale d’éditions, coll. «10/18», 2794, série «Domaine français», 1996, 285 p. Préface de Roger Vailland. Postfaces de Pierre Josserand et Jacques Haumont. Édition originale : vers 1750.

Marivaux, la Double Inconstance, dans Théâtre complet. Tome premier, Paris, Bordas, coll. «Classiques Garnier», 1989, p. 237-315 et p. 1053-1059. Texte établi, avec introduction, chronologie, commentaire, index et glossaire par Frédéric Deloffre. Nouvelle édition, revue et mise à jour avec la collaboration de Françoise Rubellin. Édition originale : 1723.

Une citation de Diderot pour le 8 mars

Diderot, Jacques le fataliste, éd. de 1983, couverture

L’Hôtesse. — «Il faut convenir que s’il y a de bien méchants hommes, il y a de bien méchantes femmes.

Jacques. — Et qu’il ne faut pas aller loin pour les trouver.

L’Hôtesse. — De quoi vous mêlez-vous ? Je suis femme, il me convient de dire des femmes tout ce qu’il me plaira, je n’ai que faire de votre approbation.»

Diderot, Jacques le fataliste, Paris, Librairie générale française, coll. «Le livre de poche», 403, 1983, 377 p., p. 122. Préface et commentaires de Jacques et Anne-Marie Chouillet.