L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, la Marie du port, éd. de 1938, couverture

«Odile, d’habitude, dormait comme un plomb et jamais elle n’entendait rentrer les bateaux qui, pourtant, faisaient assez de bruit avec leur sirène pour demander l’ouverture du pont.

Une fois, pourtant, qu’elle avait mangé de la morue à la crème et qu’elle ne digérait pas, elle se réveilla au milieu de la nuit. Elle avait envie de se relever pour boire un verre d’eau. Elle hésitait, à cause du froid.

Soudain, il lui sembla qu’elle entendait un murmure et elle tendit l’oreille, troublée. Elle entendait et elle n’entendait pas. C’était curieux. Elle avait le corps chaud de la Marie à côté d’elle et elle cherchait à percevoir sa respiration, constatait quelque chose d’anormal.»

Simenon, la Marie du Port. Roman, dans Tout Simenon 21, Paris et Montréal, Presses de la Cité et Libre expression, coll. « Omnibus », 1992, p. 483-566, p. 561. Édition originale : 1938.

Chantons le hockey avec Pierre Létourneau

Pierre Létourneau, «Maurice Richard», pochette

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Pierre Létourneau, «Maurice Richard», 1970

 

Quand sur une passe de Butch Bouchard y prenait le puck derrière ses goals
On aurait dit qu’y portait le sort de tout l’Québec sur ses épaules
Pardonnez-moi si aujourd’hui j’vous en parle comme si y était mort
C’est qu’il était toute ma vie sous son chandail tricolore
C’est qu’il était toute ma vie sous son chandail tricolore

Mau-rice Rich-ard-ard-ard c’est pour toi que je chante
Mau-rice Rich-ard-ard-ard c’est pour toi que je chante

S’il voulait vaincre tous les records de ce fameux grand Canadien
Je vous assure que Bobby Orr f’rait mieux d’aiguiser ses patins
Ô mon Maurice ô mon idole ô mon numéro neuf en or
Sans toi mes samedis sont si dull que j’m’ennuie, je m’couche pis j’m’endors
Sans toi mes samedis sont si dull que j’m’ennuie, j’m’couche pis j’m’endors

Mau-rice Rich-ard-ard-ard c’est pour toi que je chante
Mau-rice Rich-ard-ard-ard c’est pour toi que je chante

Aujourd’hui derrière ton cigare perdu dans tes pantoufles de laine
Tu fais semblant d’vivre à l’écart de cette gloire qui fut la tienne
Mais je sais que sans aucun doute tu t’ennuies de plus en plus fort
Des quinze mille spectateurs deboutte au moind’body check de ta part
Des quinze mille spectateurs deboutte au moind’body check de ta part

Mau-rice Rich-ard-ard-ard c’est pour toi que je chante
Mau-rice Rich-ard-ard-ard c’est pour toi que je chante

Mau-rice Ri-chard
Mau-rice Ri-chard

 

P.-S.—Paroles traduites dans I. Sheldon Posen, «Sung Hero : Maurice “The Rocket” Richard in Song», dans Martin Lovelace, Peter Narváez et Diane Tye (édit.), Bean Blossom to Bannerman, Odyssey of a Folklorist : A Festschrift for Neil V. Rosenberg, St. John’s, Memorial University of Newfoundland, coll. «Folklore and Language Publications», 2005, p. 377-404.

 

[Complément du 12 mai 2025]

Nombre de créateurs se souviennent de cette chanson : Bernard Pozier (1991, p. 79), Claude Dionne (2012, p. 234, p. 241), Francis Desharnais et Pierre Bouchard (2013, p. 98), par exemple.

 

 

Références

Desharnais, Francis et Pierre Bouchard, Motel Galactic. 3. Comme dans le temps, Montréal, Éditions Pow Pow, 2013, 107 p.

Dionne, Claude, Sainte Flanelle, gagnez pour nous ! Roman, Montréal, VLB éditeur, 2012, 271 p.

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Pozier, Bernard, Les poètes chanteront ce but, Trois-Rivières, Écrits des Forges, coll. «Radar», 60, 1991. 84 p. Ill. Réédition : Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004, 102 p.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture