Le fantôme de Jean Béliveau

Denis Coderre et le fantôme de Jean Béliveau

 

Jean Béliveau vient de mourir à l’âge de 83 ans. L’ancien joueur de centre des Canadiens — c’est du hockey — aurait pourtant été un fantôme depuis plusieurs années. Cela demande explication.

L’Oreille tendue l’a déjà expliqué ici : les fantômes du Forum seraient les esprits des anciens joueurs des Canadiens de Montréal, le Forum étant l’aréna où l’équipe a joué pendant plusieurs décennies. Ils aideraient, dans l’ombre, les joueurs venus après eux. Leur intervention expliquerait certaines victoires tout à fait imprévisibles de l’équipe de Montréal. Jean Béliveau aurait fait partie de ces fantômes du Forum, qui seraient passés en 1996 de cet aréna au Centre Molson, devenu depuis le Centre Bell.

Tous ne s’entendent pas sur l’identité des anciens joueurs réunis sous l’appellation fantômes du Forum. Certains nomment des joueurs morts, d’autres des joueurs morts et des joueurs vivants.

C’est le cas du théologien Olivier Bauer dans son ouvrage Une théologie du Canadien de Montréal (2011) : «Les fantômes du Forum sont les 15 joueurs exceptionnels dont les numéros ont été retirés de l’équipe en signe de reconnaissance» (p. 196 n. 74).

Dans le court métrage d’animation Alex et les fantômes (2009), Éric Warin mêle lui aussi des morts (Howie Morenz, Maurice Richard) et des vivants (Jean Béliveau, Guy Lafleur).

Jean Dion ne disait pas autre chose dans le Devoir d’hier (p. A8) :

Il était aussi l’un des fantômes du Forum, et même fantôme en chef depuis le décès de Maurice Richard [en 2000]. Ces joueurs d’un autre âge qui se chargeaient d’intervenir de manière surnaturelle pour permettre au Canadien de se sauver in extremis avec les honneurs de la Coupe Stanley. Eux savaient comment procéder, à commencer par Béliveau qui possédait une bague pour chaque doigt.

Des fantômes vivants ? L’Oreille ne s’y fait pas.

 

Référence

Bauer, Olivier, Une théologie du Canadien de Montréal, Montréal, Bayard Canada, coll. «Religions et société», 2011, 214 p. Ill.

Jean Béliveau (1931-2014)

Jean Béliveau, au début des années 1950, répondant à son courrier

«Fier de sa taille élégante,
Ce brillant patineur nous enchante :
Il attire,
On l’admire,
On le suit :
Tout le monde applaudit»
(Joseph-Alexandre de Ségur, 1757-1805, «Le patineur»)

L’ancien joueur de hockey des Canadiens de Montréal Jean Béliveau vient de mourir.

L’Oreille tendue a souvent écrit sur lui, parfois longuement (en août 2011, «Le Gros Bill a 80 ans») parfois plus brièvement :

le 17 janvier 2012 sur ses lectures,

le 16 avril 2012 sur son coéquipier Émile «Butch» Bouchard,

le 1er avril 2013 sur un livre de Simon Grondin où il est question de lui,

le 13 mai 2013 sur les «feintes savantes du Gros Bill»,

le 28 octobre 2013 sur sa place dans les publicités des Canadiens de Montréal,

le 9 janvier 2014, sur Alex et les fantômes (2009), le court métrage d’animation d’Éric Warin, où l’on voit Béliveau,

le 3 mai 2014 sur une autre publicité, celle de Ford,

le 16 mai 2014 sur l’«élégance» de Jean Béliveau selon le poète Bernard Pozier,

le 3 juin 2014 sur Bill Ballantine, Bob Morane et le numéro 4,

le 13 juin 2014 sur Béliveau vu par Mordecai Richler.

 

[Complément du 4 décembre 2014]

Depuis hier, l’Oreille tendue a beaucoup parlé, dans les médias, de la représentation culturelle de Jean Béliveau.

À Marie-France Bazzo, à l’émission C’est pas trop tôt ! (radio de Radio-Canada)

À Jacques Beauchamp, à l’émission Pas de midi sans info (radio de Radio-Canada)

À Catherine Lachaussée, à l’émission Radio-Canada cet après-midi (radio de Radio-Canada)

À Michel Viens et Marie-José Turcotte, à une émission spéciale de la chaîne RDI (télévision)

À François Cormier, à l’émission Téléjournal Grand Montréal (télévision de Radio-Canada)

À Anne-Marie Dussault, à l’émission 24 heures en 60 minutes de la chaîne RDI (télévision)

À Gabriel Béland, du journal la Presse

Elle signe aussi un texte dans la Presse+ du jour.

La première image qu’elle évoque est visible ici.

 

[Complément du 5 décembre 2014]

À Maya Johnson, à l’émission CTV News (télévision)

À Stephen Brunt, du réseau Sportsnet (télévision)

 

[Complément du 7 décembre 2014]

À Martin Labrosse, à l’émission RDI Martin week-end de la chaîne RDI (télévision)

 

[Complément du 11 décembre 2014]

À Marc André Masson, à l’émission RDI Matin de la chaîne RDI (télévision)

À Michel C. Auger, à l’émission le 15-18 (radio de Radio-Canada)

 

[Complément du 15 décembre 2014]

Au cours des derniers jours, l’Oreille tendue a publié plusieurs nouveaux billets sur Jean Béliveau.

Sur Jean Béliveau et les fantômes du Forum

Sur l’importance des lieux communs dans le sport

Sur Jean Béliveau épistolier

Sur les chapelles ardentes de Maurice Richard et de Jean Béliveau

Sur les funérailles de Jean Béliveau et la poésie

 

[Complément du 31 août 2023]

Depuis…

Sur Jean Béliveau et Lionel Groulx

Sur Jean Béliveau et Guy Lafleur

Sur Jean Béliveau et ses patrons

Non, Maurice Richard n’est pas qu’un projet de nom de pont

«Libérez le Rocket !», dans Old-Timey Hockey Tales, Volume One

Le gouvernement fédéral du Canada a finalement patiné de reculons : le pont Champlain ne sera pas dé / rebaptisé; il ne s’appellera pas le pont Maurice-Richard.

L’ex-célèbre ailier droit des Canadiens de Montréal n’est pas pour autant sorti de l’actualité.

Son prénom se retrouve en couverture (canadienne) du magazine américain Sports Illustrated.

 

Couverture de l’édition canadienne de Sports Illustrated, décembre 2014

(Jean ? Jean Béliveau. Guy ? Guy Lafleur.)

L’Oreille tendue découvre aussi deux bandes dessinées de Robert Ullman, avec ou sans Jeffrey Brown. La première, «Libérez le Rocket !» (2011), raconte l’émeute du 17 mars 1955, cette pièce centrale du mythe de Maurice Richard. La seconde, «The Rocket vs. ”Killer” Dill» (2014), met en scène les bagarres entre «Le Rocket» et un goon des Rangers de New York, Bob «Killer» Dill, le 17 décembre 1944.

Non, Maurice Richard n’est pas mort.

P.-S. — Oui, certes : le Petit Robert (édition numérique de 2014) ne connaît que l’expression à reculons, et pas de reculons. C’est une autre divergence transatlantique.

P.-P.-S. — Pour en savoir plus sur le travail de Robert Ullman, on clique ici.

P.-P.-P.-S. — Ce n’est pas la première fois que Richard apparaît sur la couverture du Sports Illustrated. C’était déjà le cas le 21 mars 1960, avec une illustration signée Russell Hoban.

 

Couverture de Sports Illustrated, mars 1960

 

Références

Ullman, Robert et Jeffrey Brown, «Libérez le Rocket !», dans Old-Timey Hockey Tales, Volume One, Greenville, Richmond et Minneapolis, Wide Awake Press, 2011, s.p.

Ullman, Robert, «The Rocket vs. ”Killer” Dill», dans «Old-Timey» Hockey Tales, Volume Two, Wide Awake Press, 2014, s.p.

Quelques mots pour la coupe Vanier

Carabins conte Marauders

«Si l’Italie est une botte, vous verrez que l’île de Montréal ressemble étonnamment à une chaussette. Ou à son contenu, à un pied […]. L’île Jésus épouse l’intérieur du pied comme un ballon de football américain que le pied serait en train de botter vers la baie d’Hudson.»
François Hébert, Montréal

Demain se déroule le championnat canadien de football universitaire, la coupe Vanier (où l’on souhaite bien sûr la victoire des Carabins de l’Université de Montréal). Toujours à l’écoute de ses bénéficiaires, l’Oreille tendue en profite pour proposer quelques mots de la langue du ballon ovale.

Presque chaque séquence de jeu est marquée initialement par le même geste : il faut lever le ballon. C’est à cela que se consacre le joueur de centre, communément appelé, du moins dans les cours d’école, la poule. Il passe le ballon entre ses jambes pour le remettre à son quart-arrière ou à un botteur.

L’équipe qui se défend — la défensive, affectueusement appelée diffensse ou, mieux encore, la (big) di — fonce sur ce quart-arrière, en essayant d’écarter les joueurs adverses sur son passage : cela s’appelle créer de la pénétration. Comment se prémunir contre cette volonté du front défensif ? En scellant le périmètre qui entoure(rait) le quart-arrière. Il faut faire vite : les joueurs de la défensive sont là pour arrêter la progression de ceux de l’autre bord, pour les empêcher de faire avancer le ballon. Au besoin, ils n’hésiteront pas à blitzer (foncer à plusieurs sur le quart).

En revanche, l’équipe qui attaque — l’offensive ou, à l’anglaise, l’offensse — cherche à créer de la séparation : plus ses joueurs seront isolés, mieux ce sera(it). Tout dépend du plan de match qu’elle aura élaboré durant le caucus. Le front offensif est évidemment un rouage capital de ces stratégies.

L’équipe à l’attaque peut gagner du terrain par la voie des airs. Avant de courir avec le ballon, le receveur doit s’assurer de sécuriser sa passe; cela exige de bonnes mains. Tous vous le diront : les meilleurs receveurs sont ceux qui accumulent des verges après l’attrapé. (On notera au passage que les passes longues sont des bombes et que, parmi les courtes, il y des passes voilées. Voilà le jeu aérien.) Une passe à la spirale parfaite est un cigare.

L’offensive peut aussi gagner du terrain au sol. Dans cette phase du jeu, il faut pratiquer des ouvertures pour le porteur de ballon, lui ouvrir des brèches, histoire qu’il s’y engouffre, voire des autoroutes ou des boulevards (le mot est fréquent au soccer, mais rare au football). Sans corridor de course, même les plus belles feintes du monde sont inutiles. Il faut donc gagner la bataille des tranchées.

Quand l’offensive n’a que quelques pouces à gagner — on parle moins volontiers de centimètres —, elle envoie sur le terrain ses plus gros joueurs — elle amène du bœuf de substitution, bref. Ceux-là poussent, histoire que le quart-arrière réussisse sa faufilade et qu’on puisse déplacer les chaîneurs, ceux qui s’assurent que les dix verges nécessaires au premier essai ont bel et bien été parcourues ou franchies.

On ne confondra pas la faufilade avec la dérobade : cette dernière est réservée aux quarts mobiles, ceux qui n’ont pas peur de sortir de leur pochette (protectrice).

Que l’on cueille le ballon ou qu’on le porte, il est de bon ton de tourner le coin (aller droit devant quand on veut nous en empêcher après avoir couru parallèlement à la ligne de mêlée, aller finalement droit devant vers la zone des buts) ou de briser les plaqués (continuer quand on veut nous arrêter). C’est le signe qu’on est le plus fort.

La bataille du positionnement sur le terrain est cruciale au football. Quand une équipe est refoulée dans son territoire, elle a un long terrain à parcourir. Au contraire, plus elle se rapproche de la zone des buts de l’autre équipe, plus le terrain est court. Il n’est jamais aussi court que dans la zone payante, la red zone, entre la ligne de 20 verges et la zone des buts. C’est pourquoi il est inadmissible de ne pas marquer quand on pénètre cette zone. Pas question de laisser des points sur le terrain.

Le temps de possession du ballon est au moins aussi important que le positionnement. Comme l’écrivait Daniel Lemay en 2006, «si les autres n’ont pas l’objet, ils ne peuvent pas compter» (Montréal football, p. 190). Il faut le garder pour soi.

Au hockey, quand un arbitre veut signaler une infraction, il siffle. Au football, il jette son mouchoir sur le terrain. Quand plusieurs arbitres le jettent en même temps, on peut parler de festival du mouchoir.

Il n’est pas sûr que la langue de foot soit aussi riche que la langue de puck. Ce n’est pas une raison pour la négliger.

 

[Complément du 6 février 2016, veille du 50e Super Bowl]

Un joueur qui reçoit un botté (d’envoi, de dégagement) peut essayer de faire un retour (de botté). Il peut aussi considérer que c’est trop dangereux; il demande alors l’immunité.

Qu’arrive-t-il au joueur qui se fait plaquer ? On lui souhaite de briser le plaqué ou de l’absorber et, s’il a le ballon, de ne pas être victime d’un échappé, surtout si celui-ci est recouvré par les adversaires (tout le monde abhorre les revirements).

Votre coéquipier n’est pas à sa place ? C’est une erreur d’assignation.

 

[Complément du 10 septembre 2016]

Le fils cadet de l’Oreille tendue commence sa carrière de footballeur aujourd’hui. Quelques ajouts à ce bref vocabulaire du football sont peut-être utiles.

Fils cadet est secondeur; il joue donc à la défensive. Il doit contrôler la ligne d’engagement quand c’est nécessaire, s’assurer de ses couvertures, surveiller adéquatement l’entrezone, voire, dans le meilleur des mondes possibles, forcer une interception ou un échappé.

Pas question pour lui de permettre un festival offensif. Si l’autre équipe est en situation de court gain, s’il lui faut gagner des poussières, son rôle est de la stopper et de mettre fin à la série offensive.

S’il fait tout cela, la journée sera bonne. Sinon, elle le sera aussi, mais autrement.

 

[Complément du 23 novembre 2019]

Le but du jeu est de gagner. Pour cela, il vaut mieux marquer des touchés (on dit aussi majeurs) que de se contenter de placements. Les premiers, avant d’être convertis, valent six points; les seconds, trois. Quand un botteur s’illustre, les points viennent de son pied. Deux choses sont sûres : il faut toujours concrétiser quand l’occasion se présente et il faut éviter comme la peste les pertes de possession (ce sont des revirements qui peuvent faire mal).

On peut s’inscrire au tableau de loin ou de près; dans ce dernier cas, on se trouve à la porte des buts. Pour y parvenir, on s’appuie sur des concepts de jeu; ce sont eux qui expriment la philosophie d’un entraîneur. Les bonnes équipes savent distribuer le ballon à l’ensemble de leur brigade offensive. Dans tous les cas, une bonne production en premier essai est recommandée; après, il n’en reste que deux. (C’est simple, on a trois essais pour obtenir le premier essai ou premier jeu.)

On l’a vu, pour marquer, on peut s’appuyer sur l’attaque aérienne ou sur l’attaque terrestre. Quand une passe du quart-arrière tombe entre de mauvaises mains, c’est une interception, voire un larcin. Une passe rabattue, c’est pas mal, mais c’est moins bien.

Le jeu de passe suppose la coïncidence de deux doigtés, celui du passeur comme celui du receveur. Celui-ci a intérêt à savoir sauter : les attrapés contestés tournent généralement à l’avantage de celui qui se propulse au plus haut point. Quand le premier receveur est couvert, le quart doit se tourner vers son dépanneur; il ne devait pas être visé, mais il l’est. Un receveur qui entend des pas, qui se met à courir avant d’avoir attrapé le ballon, n’aide pas son équipe.

Une bonne défensive sait maîtriser ses angles de poursuite. Cela peut lui permettre, par exemple, d’accueillir le porteur de ballon dans le champ arrière, avant qu’il ne traverse la ligne de mêlée. Ses joueurs savent synchroniser leur plaqué (pour ne pas passer dans le beurre), exercer de la pression et refermer les ouvertures. Quand un quart n’a aucun receveur ouvert et qu’il n’arrive pas à connecter avec un de ses joueurs, cela s’appelle un sac de couverture; c’est qu’elle est particulièrement étanche.

Le football est un sport dur. Il faut dès lors apprendre à composer avec les blessures.

Cet après-midi, les Carabins de l’Université de Montréal affrontent les Dinos de l’Université de Calgary pour le championnat canadien. Ça ne devrait pas être facile pour eux : il y a pas mal de bœuf de l’Ouest chez leurs adversaires. On leur souhaite néanmoins la victoire.

 

[Complément du 7 février 2021]

C’est jour de Super Bowl. Allons-y de quelques ajouts.

Ni musicale, ni architecturale, ni obstétricale, la portée est le fait de courir avec le ballon. Le porteur qui veut travailler en puissance a avantage à baisser l’épaule; une seule semble d’ailleurs suffire. Il peut courir derrière ses bloqueurs, que ceux-ci décrochent ou pas (de leur position initiale); ça dépend de sa vision du jeu. Une excellente feinte de sa part a pour conséquence que l’adversaire se fait casser les chevilles. Qu’on se rassure : c’est une métaphore. S’il est puissant, il pourra avoir recours à la technique du bras tendu (stiff arm). L’important pour son équipe est d’établir l’attaque au sol.

À ce sujet, d’ailleurs, attention : un quart-arrière mobile peut te faire mal avec ses jambes; soit il sera sorti de sa pochette et il aura couru; soit il aura réussi à étirer le jeugagner du temps). S’il décide de rester dans sa pochette, s’il refuse d’y grimper (de s’avancer), il cherchera d’abord à aller chercher de l’information, histoire de repérer les confrontations avantageuse. Où ira-t-il ? Dans les zones courtes ? Dans les zones intermédiaires ? Dans les zones profondes ? Que visera-t-il quand il lancera le ballon ? L’épaule extérieure; l’intérieure l’exposerait trop à être intercepté. Exigera-t-il un tracé en boucle ? Une chose est sûre : il lui faut gagner une bonne portion / un bon morceau de terrain. Pour cela, il compte sur les passes payantes, qui ne sont pas toujours des touchés. Cela l’oblige à tenir compte du nombre de joueurs qui se tiennent dans la boîte défensive.

Le receveur qui gagne ses batailles le fait parfois en grimpant l’échelle : il saute plus haut que le joueur défensif qui le couvre. Il peut arriver qu’il soit couvert par deux joueurs (couverture double), voire trois (couverture triple).

Les entraîneurs essaient de prévoir leurs actions quelques jeux à l’avance. Quand ils sont trop prévisibles, c’est comme si leurs adversaires leur avaient volé une page de leur livre de jeux. Certains sont passés maîtres dans l’art d’écouler le temps / le cadran. C’est stratégiquement bien vu — et généralement ennuyeux pour les spectateurs, à l’exception des puristes. Qu’on se le dise : il n’est rien de plus long, sportivement parlant, que les deux dernières minutes d’un match de football (sauf peut-être un match de cricket, et encore).

Que font les arbitres ? Ils décernent des pénalités en jetant leur mouchoir. Dans certains cas — comme en latin —, il vaut mieux décliner (les refuser) ces infractions. Dans d’autres, il faut répéter l’essai.

P.-S.—Oui, ce complément, comme ce qui précède, doit beaucoup à Pierre Vercheval, l’analyste du Réseau des sports. Merci à lui.

 

[Complément du 12 février 2023]

Le Super Bowl LVII ? C’est ce soir. Que peut-on ajouter à la liste ci-dessus ? (Le raffut ? C’est déjà ici.)

Des porteurs de ballon et des receveurs, quand on leur confie le ballon, on espère de bonnes récoltes ou des longs jeux, pas qu’ils soient rabattus au sol. Pour tromper l’adversaire, la passe piège est toujours la bienvenue.

On a vu les zones courtes, intermédiaires, profondes, payantes, de même que l’entrezone, là où la couverture est moins étanche, voire carrément inexistante. Un coordonnateur offensif peut aussi essayer d’inonder une zone, histoire de donner du mal à son adversaire, le coordonnateur défensif. La pochette est la zone de protection de l’offensive; il est bon de savoir y manœuvrer.

L’attaque et la défense sont évidemment importantes, mais il faut pas sous-estimer le rôle des unités spéciales (les unités, pour les intimes), particulièrement au moment des bottés (d’envoi — y compris les bottés courts —, de placement, de converti).

La gestion des temps d’arrêt est un art. Pour une équipe qui n’en possède plus, il reste une solution de dernier recours : planter le ballon (to spike the ball). Cela arrête le cadran, mais fait perdre un jeu.

Une équipe qui tire largement de l’arrière et qui se met à marquer des points dans une défaite assurée ne fait qu’engranger des calories vides. Espérons que cela n’arrive pas ce soir.

Quand il reste peu de temps au cadran, l’équipe qui mène et qui a le ballon n’a pas intérêt à tenter des jeux : son quart-arrière peut se contenter de mettre le genou à terre. La génuflexion permet, en effet, de laisser s’écouler les secondes. C’est une façon comme une autre de gérer le cadran ou l’horloge.

 

Références

Hébert, François, Montréal, Seyssel, Champ vallon, coll. «Des villes», 24, 1989, 103 p.

Lemay, Daniel, Montréal football. Un siècle et des poussières…, Montréal, Éditions La Presse, 2006, 240 p. Ill.

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture