«Michèle Severinsen fronce un sourcil, Julien Claveau n’y comprend rien mais le commandant Parker tend l’oreille.»
Jean Echenoz, Bristol. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2025, 205 p., p. 166.
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«Michèle Severinsen fronce un sourcil, Julien Claveau n’y comprend rien mais le commandant Parker tend l’oreille.»
Jean Echenoz, Bristol. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2025, 205 p., p. 166.
«Le Réseau des sports diffuse les matchs du Roland-Garros à la télé. En principe, tout se passe en français. Je tends l’oreille en allant et venant dans mon logement, rassemblant le nécessaire puis m’installant/mince talent pour écrire. J’éteins le son. Je veux mettre au propre mes écrits récents. Parallèlement, dans mon esprit, il se dégage un autre petit dialogue, portant cette fois sur le tennis. Encore une fois, les mots et les pensées s’alignent en anglais. Encore ? Déjà !»
France Daigle, Petit crayon pour faire mine, Montréal, Boréal, 2024, 112 p., p. 40.
«L’entrée [au musée de la Marine de Paris] coûtait cinq euros. J’ai payé et me suis trouvée face au canot de l’Empereur, avirons dressés à la verticale le long d’exactes parallèles. C’était une embarcation assez ridicule, surchargée de dorures, à bord de laquelle Napoléon aimait parader dans les ports de l’Empire. Je l’ai imaginé sur sa galère, tendant l’oreille aux hourras que la foule lançait depuis la rive, des baïonnettes plantées dans le dos par des fantassins préposés à la stimulation de l’enthousiasme populaire, et j’ai vu ses paupières se plisser imperceptiblement tandis qu’il tenait la pose sur son radeau de carnaval.»
Julia Deck, le Triangle d’hiver. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2014, 174 p., p. 142-143.
«Steve s’est essuyé le front, à genoux devant la calandre du véhicule. Il avait deviné mon pas derrière la porte. Suffisait de tendre l’oreille, il me reconnaîtrait dans n’importe quelle situation.»
Yves Ravey, Que du vent. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2024, 122 p., p. 98.
«La porte, la clé, le couloir aux murs clairs. Lucie ne l’entend pas. Elle est au piano. Émile enlève son manteau sans faire de bruit. Il tend l’oreille. C’est du Chopin, un nocturne.
De la douceur, de la douceur. Quelques accords, une vibration dans l’air, le silence.»
Étienne Kern, la Vie meilleure. Roman, Paris, Gallimard, coll. «NRF», 2024, 187 p., p. 89-90.