L’oreille tendue de… Mauricio Segura

Mauricio Segura, Viral, 2020, couverture

«Elle conduisit en tendant une oreille distraite au babillage de Samantha qui, comme à son habitude, lui faisait un compte rendu détaillé de sa journée, en n’omettant aucun jeu auquel elle avait participé, aucune collation qu’elle avait prise, aucune consigne de l’éducatrice, aucun commentaire de ses amies.»

Mauricio Segura, Viral. Roman, Montréal, Boréal, 2020, 294 p., p. 77.

L’oreille tendue de… Marcel Proust

Marcel Proust, Du côté de chez Swann, éd. de 1976, couverture

«Exposés sur ce silence qui n’en absorbait rien, les bruits les plus éloignés, ceux qui devaient venir de jardins situés à l’autre bout de la ville, se percevaient détaillés avec un tel “fini” qu’ils semblaient ne devoir cet effet de lointain qu’à leur pianissimo, comme ces motifs en sourdine si bien exécutés par l’orchestre du Conservatoire que, quoiqu’on n’en perde pas une note, on croit les entendre cependant loin de la salle du concert, et que tous les vieux abonnés — les sœurs de ma grand’mère aussi quand Swann leur avait donné ses places — tendaient l’oreille comme s’ils avaient écouté les progrès lointains d’une armée en marche qui n’aurait pas encore tourné la rue de Trévise.»

Marcel Proust, Du côté de chez Swann, édition de Pierre Clarac et André Ferré, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 821, 1976, 504 p., p. 46.

L’oreille tendue de… Plume Latraverse

Plume Latraverse, Métamorphoses. Tome 1, 1982, pochette

«Écoutez tous avec élan
Ce que j’vous raconte à l’instant
J’crierai pas fort, j’vas mordre personne
J’essaye quèqu’ chose jus’ pour le fun
J’vous arrach’rai pas les tympas
Tendez vot’ oreille en avant
J’vas dire quèqu’ chose de pas mal laid
Faudrait pas qu’ma mère m’entendrait…»

Plume Latraverse, «Les humains» (1982), dans Tout Plume (…ou presque), Montréal, Typo, 2014, 448 p. Édition numérique.

L’oreille tendue de… Tahar Ben Jelloun

Tahar Ben Jelloun, l’Insomnie, 2019, couverture

«L’hypnotiseur, la quarantaine, bien enveloppé, type maghrébin, calme et assez satisfait de lui, m’a parlé d’une prairie où je serais en paix… Il m’a parlé à voix basse comme si nous échangions des confidences. J’ai dû tendre l’oreille, je faisais des efforts. J’étais confortablement installé dans un fauteuil relaxant. J’ai eu tout de suite envie d’acheter le même, je l’installerais au milieu de mon salon et là je m’endormirais.»

Tahar Ben Jelloun, l’Insomnie. Roman, Paris, Gallimard, 2019, 272 p. Édition numérique.