L’Oreille est rassurée

Dans le Dictionnaire québécois instantané qu’elle cosignait en 2004, l’Oreille tendue octroyait des prix aux mots à succès au Québec, les «Perroquets» (d’or, d’argent, de bronze). Le mot extrême était arrivé en tête.

Depuis, périodiquement, elle de demande si le mot a encore cours, d’où la rubrique «Extrême».

Les journaux de la fin de semaine la rassurent : «Oser la rénovation extrême», titre la Presse+; «Au-delà des sports extrêmes», répond le Devoir.

Ouf.

 

Référence

Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p.

Benoît Melançon, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, 2004, couverture

À saveur imagée

À l’occasion (2009, 2010, 2011, 2013, 2014, 2015, 2017, 2017), l’Oreille tendue pratique un tri sélectif dans sa corbeille de à saveur, ce fléau québécois. Rerebelote, en images.

«À saveur médiévale», la Presse+, 28 décembre 2017

«À saveur sud-coréenne», la Presse+, 15 octobre 2018

«À saveur syndicale», la Presse+, 18 novembre 2018

Faire un mauvais bond

C’était le 13 octobre 2009 : l’Oreille tendue évoquait un verbe très prisé en colloque universitaire, rebondir.

Depuis, certain de ses collègues, qui fréquente beaucoup les colloques, aime réagir publiquement quand il entend ce verbe.

https://twitter.com/monterosato/status/979303697959280640

L’Oreille ne connaissait le verbe qu’à l’oral. Hier, elle l’a découvert à l’écrit, sur Twitter.

https://twitter.com/VRobertParis3/status/990920789653409792

On n’arrête pas le progrès.

Mange ta ville urbaine

L’Oreille tendue a, en garde partagée, un blogue où sont recensées les plus absurdes utilisations — il y a de la compétition — de l’urbain. Cela s’appelle Vivez la ville urbaine et rejoint cette rubrique.

L’Oreille n’y arriverait pas seule; elle a des informateurs sur plusieurs continents (au moins deux). Deux de ces informateurs lui ont annoncé la parution de l’ouvrage suivant.

Bernard Lavallée, «Le nutritionniste urbain», 2018, couverture

On pourrait se gausser, mais cela ne rendrait pas justice à la complexité de l’alimentation urbaine. Allons-y voir.

En ville, on peut manger du sirop d’érable urbain, de la pizza urbaine, du miel urbain, du bbq urbain, de la viande fumée urbaine, un grilled-cheese urbain, de la fondue urbaine, un hot-dog urbain, un steak urbain, des grillades urbaines portugaises.

On peut y boire du vin rouge urbain (y compris à Bordeaux et à La Prairie), du cidre urbain, du café urbain, du thé urbain, de la bière urbaine.

Si on ne souhaite pas cuisiner soi-même, on n’a qu’à aller au restaurant urbain savourer de la cuisine urbaine (à Saint-Jérôme, à Joliette, à Laval, à Montréal — ici ou ou encore là —, en Finlande, en Ontario). Il y a des établissements réservés aux demoiselles.

Vous n’aimez pas les restaurants urbains ? Essayez la cafétéria urbaine, la brûlerie urbaine, le banquet urbain, la brasserie urbaine, la taverne urbaine ou l’épicerie urbaine. Au besoin, le fermier urbain vous guidera, peut-être jusqu’au marché urbain ou jusqu’à son potager urbain. Normal : l’agriculture urbaine est partout. Si vous préférez la nature (en quelque paradoxale sorte), le pique-nique urbain est pour vous.

Il nous fallait un nutritionniste pour nous y retrouver, non ? Sinon, comment l’épicurien urbain ferait-il ?

Vœux universitaires pour 2018

Martine crée un moratoire, (fausse) couverture

Les professeurs d’université — l’Oreille tendue en est — sont comme tout le monde : ils aiment les expressions toutes faites. À force d’être répétées, elles perdent complètement leur sens, si tant est qu’elles en aient déjà eu un.

On a déjà vu que les collègues de l’Oreille, voire l’Oreille elle-même, ne résistent pas aux charmes de la posture, du dispositif, de la subversion, de la modernité (qui n’est pas la tradition) ou des titres en chiasme. Ils aiment beaucoup rebondir.

Proposons, pour bien commencer 2018, quelques ajouts à notre liste de moratoires : plaisir du texte; société du spectacle; les composés en post; les titres en x est un sport de combat (merci à @AnthonyGlinoer et à @Dorialexander); votre thèse, qui est une vraie thèse.

On peut toujours rêver.

Illustration : Merci à Générateur de couverture Martine !

P.-S.—Nous serions donc dans l’ère post-post ? Cela a été dit, ici et .