Les zeugmes du dimanche matin et de Régis Jauffret

Régis Jauffret, la Ballade de Rikers Island, 2014, couverture

«Il l’a appelée, elle s’est mise à courir. Il a fait quelques enjambées, mais déjà une femme arrêtée au feu rouge riait de ce gros bonhomme candidat à la chute et à la crise d’apoplexie» (p. 21).

«Un voile de tristesse sur son visage. Il avait la conscience en deuil, la bouche pâteuse, le gosier sec» (p. 187).

«Le vieux ne prie pas, il est trop replié sur sa peine pour entendre les bruits, à moins qu’il n’ait perdu la foi en même temps que sa famille dont il ne cherche plus que les cadavres» (p. 295).

«Au matin, il regrette ces vantardises et se propose d’entreprendre une cure de modestie et d’eau» (p. 306).

Régis Jauffret, la Ballade de Rikers Island. Roman, Paris, Seuil, 2014, 425 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Les zeugmes du dimanche matin et d’Albert Camus

Albert Camus, la Peste, édition de 1972, couverture

«Dans ces appartements surchauffés par la fièvre et l’angoisse, des scènes de folie se déroulaient» (p. 92).

«Tous descendent alors dans les rues, s’étourdissent à parler, se querellent ou se convoitent et sous le ciel rouge de juillet la ville, chargée de couples et de clameurs, dérive vers la nuit haletante» (p. 123).

«On ne savait si l’air était lourd de menaces ou de poussières et de brûlure» (p. 144).

«Voilà pourquoi le narrateur croit qu’il convient, à ce sommet de la chaleur et de la maladie, de décrire de façon générale et à titre d’exemple, les violences de nos concitoyens vivants, les enterrements des défunts et la souffrance des amants séparés» (p. 169).

«Pour eux tous, la vraie patrie se trouvait au-delà des murs de cette ville étouffée. Elle était dans ces broussailles odorantes sur les collines, dans la mer, les pays libres et le poids de l’amour» (p. 299).

Albert Camus, la Peste, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 42, 1972, 308 p. Édition originale : 1947.

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 10 avril 2020.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)