Accouplements 189

Revolver Colt

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Il est arrivé à l’Oreille tendue, dans sa jeunesse universitaire, de suivre des cours de cinéma. Elle avait alors fort apprécié une étude structurale du western états-unien, Six Guns and Society. Les six guns du titre renvoient à des revolvers.

On ne confondra pas ces armes avec ce qui permet à un personnage de l’Histoire de ma vie, de Casanova, de se faire appeler, en société, «M. de Six coups» (éd. 2014, p. 228).

 

Illustration : «Colt SAA US Artillery RAC», 1873, photo déposée sur Wikimedia Commons

 

Références

Casanova, Giacomo, Histoire de ma vie. Anthologie. Le voyageur européen, Paris, Le livre de poche, coll. «Classiques de poche», 32695, 2014, 597 p. Édition préfacée, commentée et annotée par Jean M. Goulemot.

Wright, Will, Six Guns & Society. A Structural Study of the Western, Berkeley, University of California Press, 1977, 232 p.

Du pétard

Paul Verchères, Meurtre au hockey, [1953], couverture

En 2001, Shaka les chantait :

Méchants pétards, méchants pétards, méchants pétards
Méchants pétards, méchants pétards, méchants pétards

En 1972, Trevanian parlait de «beau pétard» (p. 11).

Dans les deux cas, il s’agissait de louanger la plastique de personnes du sexe.

L’expression est plus ancienne encore. On la trouve en 1953 chez Paul Verchères :

Le grand vieux se pencha vers son compagnon et lui dit assez haut, pour que les filles l’entendent :
— Deux beaux pétards, hein Aristide (p. 25).

Ce sera tout pour l’instant.

P.S.—Il a été question du contact des langues chez Trevanian ici et de la langue de puck chez Verchères .

 

[Complément du 6 décembre 2021]

«Les deux pétards» de Richard Desjardins (l’Existoire, 2012) sont une «déesse» et un «loup alpha en cuir d’agneau». On les retrouvera morts dans une chambre d’hôtel :

Le coroner lit le verdict
Ça s’est passé vers les minuit
Je suis formel catégorique
Nos beaux pétards
Sont morts d’ennui

 

Références

Desjardins, Richard, «Les deux pétards», l’Existoire, disque audionumérique, étiquette Foukinic, 2012, 5 minutes 1 seconde.

Shaka, «Méchants pétards», disque audionumérique, étiquette Guy Cloutier Communications, PGC-CD-132 DJ, 2001, 3 minutes 1 seconde.

Trevanian, The Main, New York, Harcourt Brace Jovanovitch, 1972. Réédition : New York, Jove, 1977, 332 p.

Verchères, Paul [pseudonyme d’Alexandre Huot ?], Meurtre au hockey, Montréal, Éditions Police journal, coll. «Les exploits policiers du Domino Noir», 300, [1953], 32 p.

Actualité cinématographique des Lumières

L’Oreille tendue est dix-huitiémiste de son état. Non seulement elle s’intéresse à la culture du XVIIIe siècle, mais aussi aux traces de cette culture aujourd’hui. En 2020, elle a même publié un livre sur le sujet, Nos Lumières.

Quand, à l’été 2021, les réseaux sociaux se sont mis à jouer avec une photo prise au Festival de Cannes, elle a ajouté son grain de sel, sur Twitter. Qui voit-on sur cette photo ? «Sade, Casanova, le chevalier d’Éon, Voltaire.»

Festival de Cannes, 2021

Prise à la première du film House of Gucci, une autre photo a attiré des dix-huitiémistes.

House of Gucci, 2021

Commentaire de Russell Goulbourne, encore sur Twitter : «Diderotistes, Voltairistes, Rousseauistes.» Réponse de Benjamin Hoffmann : «Sadiens, Casanovistes, Balzaciens.»

Qui a dit que le Siècle des lumières était terminé ?

 

Référence

Melançon, Benoît, Nos Lumières. Les classiques au jour le jour, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, 194 p.

Benoît Melançon, Nos Lumières, 2020, couverture

Accouplements 173

Abbé Barruel, Journal ecclésiastique, 1792, extrait

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Abbé Barruel, Journal ecclésiastique, 1792.

«Traité historique et critique de l’élection des évêques, par le P*** de l’Oratoire; 2 vol. Chez Pichard, Dufresne, Lorme et Lallemant.

Je n’ai pas lu celui-ci, mais j’en ai entendu faire bien des éloges.»

Marcotte, Gilles, «Salles obscures. Action ! City of Bad Men, au Capitol», le Devoir, 19 décembre 1953, p. 7. Compte rendu de City of Bad Men de Harmon Jones, de Dream Wife de Sidney Sheldon, de Terror on a Train de Ted Tetzlaff et de Prisoners of the Casbah.

«Rivev aquero (Loews) : — Pas vu.»

P.-S.—Le titre du film que n’a pas vu Gilles Marcotte est vraisemblablement Ride, Vaquero !, de John Farrow.

P.-P.-S.—L’Oreille tendue a étudié la critique cinématographique de Gilles Marcotte ici.

Le zeugme du dimanche matin et de Russell Banks

Russell Banks, Lost Memory of Skin, 2011, couverture

«He’s been replaying the instant out there on the Causeway in the hurricane-force wind and rain when the Rabbit stopped trying to stand on crutches and just gave it all up, when he ceased to fight gravity and pain and let his tired broken old body tumble down the hill into the rising floodwaters.»

Russell Banks, Lost Memory of Skin. A Novel, Toronto, Alfred A. Knopf Canada, 2011, 416 p., p. 362.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)