Enquête lexicale du jour

Fenêtre encyclopédique, Montréal

Le quotidien montréalais le Devoir a demandé à ses lecteurs quels étaient leurs «mots préférés» dans le français du Québec. Les résultats de cette consultation ont été publiés dans l’édition des 22-23 juin.

L’Oreille tendue a-t-elle déjà abordé ces mots ?

Si on enlève les mots qui ont une circulation très limitée ou qui relèvent carrément du folklore (contraireux, canard, jarnigouenne, par sauts par buttes, farlouche), la récolte est excellente : patente (à gosses), garrocher, tabarnak, poudrerie, frette, magasiner, s’enfarger, pantoute, courriel, dépanneur, tataouiner, écrapouti, cossin, quétaine, la série des mots en -oune.

Un lecteur suggère mot, «dans le sens “je vais te”», qui se prononcerait motte. L’Oreille, en ce cas, écrirait plutôt m’as.

Une autre propose on est tu ben. Ce tu se trouve ici. Toujours dans le Devoir, Julie Auger en rappelle l’origine.

Il ne manque donc que brunante (crépuscule).

P.-S.—Si elle avait eu à choisir, l’Oreille aurait probablement opté pour tabarnak.

Agilité bienvenue

Pièce de dix cents du Canada

L’autre jour, l’Oreille tendue présentait une publicité du gouvernement du Québec pour la fête nationale. Elle notait alors qu’elle n’avait pas encore parlé de l’expression populaire sur un dix cents. Corrigeons cela.

Qui se retourne / se revire / arrête / freine sur un dix cents est particulièrement agile, prompt, réactif. Celle-là est la plus petite des pièces de monnaie canadienne : qui réussit à s’y mouvoir rapidement et efficacement est habile.

La prononciation dix cennes paraît plus usuelle que dix cents. C’est aussi ce que pense le romancier Christophe Bernard : «Les motoneigistes ont freiné sur des dix cennes» (p. 517).

À votre service.

 

[Complément du jour]

La pièce de dix cennes vaut dix sous, d’où, aussi, se retourner / se revirer / arrêter / freiner sur un dix sous.

 

Référence

Bernard, Christophe, la Bête creuse. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 14, 2017, 716 p.

Le baptême qui ne saurait attendre

Marc-André Dufour-Labbé, La soif que j’ai, 2024, couverture

Soit la phrase suivante, tirée du roman La soif que j’ai (2024) : «Accouche, qu’on le baptise» (p. 125).

Dans le français populaire du Québec, cette expression marque l’impatience : quelqu’un prend trop de temps pour arriver à l’essentiel; cette personne devrait se dépêcher.

À votre service.

P.-S.—À vue d’Oreille, la forme «Accouche, qu’on baptise» (sans «le») paraît plus courante, voire, plus sobrement encore, «Accouche».

 

Référence

Dufour-Labbé, Marc-André, La soif que j’ai. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2024, 139 p.

Huit sur dix pour l’Oreille tendue

Fête nationale oblige, le gouvernement du Québec a mis en ligne une vidéo de trente secondes à saveur linguistique. On y entend dix expressions du français populaire québécois.

«Sans s’péter les bretelles, au Québec, on sait lâcher notre fou. Qu’y fasse beau ou qu’y mouille à sciaux, on se r’vire sur un dix cents. On s’fait des soirées pas pire pantoute ou des plus broche à foin. Des fois on est sur notre trente-six ou habillé comme la chienne à Jacques. Et la cerise sur le sundae, c’est voir nos étoiles briller sur toutes les scènes du Québec. Bonne fête nationale !»

À part «lâcher notre fou» (s’éclater) et «se revirer sur un dix cents» (promptement), l’Oreille tendue a déjà abordé toutes ces expressions.

8 sur 10, bref.