Du bozo

Bozo le clown, 1961, photo déposée sur Wikimedia Commons

Soit la phrase suivante, tirée de la Presse+ du 30 janvier 2024 :

N’importe quel bozo peut désormais télécharger une application sur son iPhone pour réaliser en vitesse une vidéo porno, hypertruquée mais hyperréaliste, mettant en scène l’objet de ses fantasmes.

Qui est donc ce «bozo» ? Dans la langue populaire du Québec, ce mot, emprunté à l’anglais, désigne quelqu’un qui se tient sur un des barreaux de l’échelle de la bêtise, Il est souvent connoté négativement : on pourra apprécier le ti-coune; pour le bozo, c’est plus difficile. C’est ce qu’indique l’exemple ci-dessus.

Il existe (au moins) deux exceptions : le personnage qui a donné son titre à la chanson «Bozo-les-Culottes», de Raymond Lévesque, et Bozo le clown devaient attirer la sympathie, sans toutefois se démarquer ni l’un ni l’autre sur le plan des compétences intellectuelles. S’agissant de la chanson, tout le monde n’était pas d’accord avec une lecture bienveillante.

 

Illustration : Bozo le clown, 1961, photo déposée sur Wikimedia Commons

Et vous ?

«Quel est le degré de littératie de votre région ?», le Devoir, 14 octobre 2021, titre

Elle est partout : scientifique, juridique, numérique, financière, économique, médiatique, informationnelle, familiale, communautaire, agricole, physique, universitaire (c’est un dada de l’Oreille tendue), etc. La littératie se prête à toutes sortes de caractérisation.

Dans le Devoir du 15 janvier, l’Oreille découvre la «littératie émotionnelle».

Elle ne la connaissait pas. Elle n’est pas sûre de la posséder.

P.-S.—Une définition de la littératie ? «La literacy est “l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses compétences et capacités”» (définition de l’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE] citée par Béatrice Fraenkel en 2021).

 

Référence

Fraenkel, Béatrice, «Littératie», dans Josiane Boutet et James Costa (édit.), Dictionnaire de la sociolinguistique, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2021, p. 221-224.

Canidé linguistique

C’est chien !, service de promenade de chien, Montréal, 2024, publicité

Être chien («T’es chien», «C’est chien»), dans le français populaire du Québec, peut désigner plusieurs comportements, tous répréhensibles : surplus de méchanceté, absence de fair-play, déficit de mansuétude, accès de saloperie.

Dans le domaine sportif, qui joue chien joue cochon.

La personne qui vous propose, sous la bannière «C’est chien !», de promener votre animal de compagnie, contre rétribution, fait donc preuve d’humour. Félicitons-la.

P.-S.—En effet, ce n’est pas le premier chien que nous croisons; voir ici.