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« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
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«On aura compris que ce qui peut apparaître comme du folklore lyonnais ou de la lyonnaiserie — ou mâchon rime avec bouchon, grattons avec saucisson — est indissociable de l’histoire de Paul Bocuse. Lyonnais ontologique, Collongeard consubstantiel, c’est de son ancrage régional et de son enracinement dans un paysage que Paul Bocuse a tiré sa force, et par sa spécificité qu’il a conquis une reconnaissance nationale et internationale — pour ne pas dire une certaine universalité. Personnage promis à la légende, Monsieur Paul n’aurait pu s’épanouir hors sol : il lui fallait un environnement favorable pour croître et exister, une manière de lyonnitude profonde qui n’est pas l’exact contraire du parisianisme frivole ou mondain.»
Robert Belleret, Paul Bocuse. L’épopée d’un chef. Biographie, Paris, Éditions de l’Archipel, coll. «Biographie», 2019, 259 p., p. 97.
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Ils se trouvent dans le poème «Cantouque du mauvais jour» (p. 50-52) du recueil les Cantouques (1967) :
et la taverne du coin
par la draffe d’air et celles qu’on boit (éd. de 1971, p. 50)
Godin évoque un lieu masculin : la loi a réservé les tavernes québécoises aux hommes jusqu’en 1979; dans les faits, elles mettront encore quelques années à toutes s’ouvrir aux femmes.
Le poète donne un bel exemple de diaphore : «On répète un mot déjà employé en lui donnant une nouvelle nuance de signification», dixit le Gradus de Bernard Dupriez (éd. de 1980, p. 155). Pour des masses d’autres exemples, vous pouvez aller ici.
Godin parle d’abord des courants d’air qui circulent dans les tavernes : voilà sa première draffe.
Les secondes se boivent : la bière en fût est de la draffe (on entend aussi draft).
À la taverne, il y a (eu) de l’anglais : draught et on draught (draft et on draft aux États-Unis).
Puis il y a eu de la poésie.
Références
Dupriez, Bernard, Gradus. Les procédés littéraires (Dictionnaire), Paris, Union générale d’éditions, coll. «10/18», 1370, 1980, 541 p.
Godin, Gérald, les Cantouques. Poèmes en langue verte, populaire et quelquefois française, Montréal, Parti pris, coll. «Paroles», 10, 1971, 52 p. Édition originale : 1967.
L’autre jour, sur Twitter, @ysoboy opposait deux conceptions de l’expression pogner le fixe.
D’une part, celle du Wiktionnaire : «Tomber dans un état de rêverie ou d’hébétude temporaire.»
D’autre part, celle de la suite logicielle Antidote : «Faire une obsession de.»
Conclusion ? «Il me semble que la définition dans Wikipédia (associée à la rêverie) est bien plus près de l’usage courant que celle dans Antidote.»
Compliquons un peu les choses en nous tournant vers trois dictionnaires, le premier plus sérieux que les deux suivants.
Dans son Trésor des expressions québécoises (éd. de 2015), Pierre DesRuisseaux a une entrée à «Fixe» : «Pogner [poigner] le fixe (sur qqn). Fixer longtemps qqn ou qqch., s’amouracher, s’enticher de qqn» (p. 151). On notera que DesRuisseaux glisse de «qqn» à «qqch.».
Léandre Bergeron, en 1980, présente deux expressions : «Avoir le fixe — Le regard lourd de sommeil. Pogner le fixe — Figer sur place» (p. 227). Il en ajoute une l’année suivante : «Pogner le fixe pour quelqu’un — Être épris de quelqu’un» (p. 101).
Compliquons encore les choses avec un passage du roman Françoise en dernier de Daniel Grenier (2018) et l’expression avoir le fixe :
Sam a démarré et elles ont roulé derrière lui pendant une heure ou deux, à une distance qu’elles jugeaient «normale», et elles ont pouffé de rire en répétant le mot plusieurs fois. Il n’y avait personne d’autre sur l’autoroute, seulement elles dans leur Volks et lui dans son camion. Françoise avait le fixe sur la vieille plaque d’immatriculation, une plaque souvenir, verte et dorée, du centenaire de la Colombie-Britannique. 1858-1958. Elle avait le fixe sur le numéro, 322-658, en sachant très bien que c’est le genre de chose dont elle se souviendrait probablement des années plus tard, quand elle raconterait son voyage avec Sam à quelqu’un qui se montrerait intéressé. Non, pas aux membres de sa famille, à des inconnus rencontrés par hasard (p. 145).
Tant de mots, si peu d’heures.
Références
Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.
Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise précédé de la Charte de la langue québécoise. Supplément 1981, Montréal, VLB éditeur, 1981, 168 p.
DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015, 380 p. Nouvelle édition revue et augmentée.
Grenier, Daniel, Françoise en dernier. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 16, 2018, 217 p.