Les zeugmes de Faïza Guène et du dimanche matin

Faïza Guène, Un homme, ça ne pleure pas, 2014, couverture

«Julie avait aussi des chaussures compensées, un petit copain, un chat, une chambre qu’elle ne partageait avec personne, et elle avait même même le droit d’organiser des fêtes dans le garage de son père pour ses anniversaires» (p. 16).

«Dounia, qui est tout de même une femme intelligente, malgré ses certitudes et un morceau de câpre entre les dents, l’a senti et a dit […]» (p. 171-172)

«Le premier inspecteur qui transpirait le magnésium, la vitamine C et l’enthousiasme, a pris la parole en premier» (p. 179).

«Claude a repris la main, et un peu de vin au passage» (p. 260).

Faïza Guène, Un homme, ça ne pleure pas, Paris, Fayard, 2014, 314 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Est-ce vraiment arrivé un 30 mai ?

Voltaire, buste

«Nous sommes décidément dans l’ère des centenaires. On parle à Paris ni plus ni moins que de célébrer l’année prochaine celui de la mort de Voltaire; voici à ce propos un fait assez curieux.

Les fenêtres de l’appartement où Voltaire expira le 30 mai 1778, sur le quai qui porte aujourd’hui son nom, n’ont jamais été ouvertes depuis ce jour, en vertu d’une clause du testament de la marquise de Villette, et elles ne doivent être ouvertes qu’au centième anniversaire de sa mort, c’est-à-dire l’an prochain. On se demande ce qui a pu motiver une clause semblable : dans tous les cas, les Parisiens n’auront qu’à bien se tenir le 30 mai 1878, car le diable en personne va s’échapper ce jour-là des fenêtres si longtemps condamnées, ce qui ne sera pas bien rassurant pour les hommes de l’ordre moral qui ont promis à la France une longue vie de bonheur et de paix, grâce aux coups d’État, aux destitutions, aux persécutions, aux incarcérations et à la suppression de toutes les libertés dont la France commençait à faire l’essai intelligent et modéré.»

Arthur Buies, Petites chroniques pour 1877, Québec, C. Darveau, 1878, p. 25-26; cité d’après Arthur Buies, Chroniques II, édition critique par Francis Parmentier, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Bibliothèque du Nouveau Monde», 1991, 502 p., p. 336.

À l’écart, plus ou moins

Dans les écoles québécoises, mais pas seulement dans les écoles, qui est mis à l’écart est un rejet ou un reject (à prononcer ridjekt). Cela va de soi : l’ortho a quelque chose à voir avec le reje(c)t.

Dans l’échelle des reje(c)ts, il y aurait une catégorie à part, supérieure, le reje(c)t de la vie. Exemple d’utilisation selon une jeune Montréalaise : «ayoye, lui c’est vraiment un reject de la vie». Suivant un autre Montréalais, un brin moins jeune, on peut ainsi distinguer les catégories : «Le rejet est contextuel. Le rejet de la vie est transversal.»

Si tout le monde — façon de parler — s’entend sur le sens de reje(c)t de la vie, l’unanimité est moins nette quant au moment de son apparition. @PimpetteDunoyer penche pour une éclosion récente. @meme_aimee et @maxdenoncourt croient à une histoire un peu plus ancienne.

Quoi qu’il en soit, @meme_aimee a raison quand elle écrit «Le triste de l’expression me prend, tout à coup.»

Néologisation du jeudi matin

Le suffixe -ation est toujours utile quand vient le temps de créer un néologisme. Cinq exemples, repérés sur Twitter.

Avec selfie : «La selfiesation du tourisme. Fontana di Trevi. poke @gunthert http://t.co/aNANircOPT» (@jrmdns).

Avec chaton : «La chatonnisation de l’info» (@fdaudens).

Avec vine : «L’animation entre maintenant dans le format Vine. “Vinimation” ? “Vinanimation” ? http://thisiscolossal.com/2013/06/animator-ian-padgham-flourishes-within-vines-6-second-limitation/» (@MatthieuDugal).

Avec centre : «Conférence : “Idéologie de la centration sur l’élève, son impact sur le processus éducatif : enjeux éducat… http://bit.ly/KV8NQh @UQAM» (@evenementsUQAM).

 

[Complément du jour]

«La ludification — partout», glisse @ljodoin à l’oreille de l’Oreille.