Chauffons-nous

Patrick Nicol, la Nageuse au milieu du lac. Album, 2015, couverture

Le Petit Robert (édition numérique de 2014) donne deux définitions régionales («Canada») du mot chaufferette : «(1931) […] Radiateur électrique, chauffage d’appoint»; «(1943) […] Dispositif de chauffage (d’une automobile).»

On trouve le premier sens chez Marie-Hélène Poitras :

Dans la roulotte garée tout près, l’homme qui veille sur [les chevaux] a passé les dernières semaines à jouer au crib contre lui-même en attendant que la nuit passe et que sa petite chaufferette sèche enfin le bout de ses bottes humides (p. 14),

et le second chez Patrick Nicol :

J’ouvrirais bien la fenêtre, mais la neige risque de s’engouffrer dans l’habitacle. J’actionne les essuie-glaces, et la mince couche de flocons s’efface. J’allume la chaufferette (p. 72).

Restons dans les usages automobiles : des chercheurs allemands travaillent à une nanochaufferette pour voiture électrique, dixit la Presse+ du 14 septembre.

On n’arrête pas le progrès.

 

Références

Nicol, Patrick, la Nageuse au milieu du lac. Album, Montréal, Le Quartanier, série «QR», 85, 2015, 154 p.

Poitras, Marie-Hélène, Griffintown, Québec, Alto, coll. «Coda», 2013, 209 p. Édition originale : 2012.

Les plus bêtes sont-ils les chants les plus beaux ?

Michel Biron, De Saint-Denys Garneau, 2015, couverture

L’Oreille tendue lit ces jours-ci la biographie que vient de consacrer son pote Michel Biron au poète québécois Saint-Denys Garneau.

Elle y trouve ceci, tiré d’une lettre de Garneau à Jean Le Moyne du 4 avril 1934 : «C’était trop fort ! Je n’ai pas pu y tenir et je leur ai carrément chanté des bêtises» (citée p. 213).

Chanter des bêtises, donc. Le sens de cette expression québécoise ? Agonir d’injures, en quelque sorte.

 

Référence

Biron, Michel, De Saint-Denys Garneau. Biographie, Montréal, Boréal, 2015, 450 p. Ill.

De la thèse

Tiphaine Rivière, Carnets de thèse, 2015, couverture

Ce roman graphique se laisse lire sans déplaisir. L’auteure a voulu tout couvrir : le choix de faire une thèse, le dépôt du sujet, les relations avec les autres doctorants et le directeur de thèse, les problèmes d’argent, la difficulté à aboutir, la procrastination, le couple qui éclate, la soutenance (et son pot), l’incertitude professionnelle (après la thèse), les questions de la famille, les types de doctorants, les problèmes (individuels et collectifs) de financement, etc. Le portrait n’est flatteur ni pour l’Université (française) ni pour le directeur de thèse. Deux citations (cruelles) : «Je pense que je vais bien faire bouger le monde de la ponctuation à la Renaissance !» (p. 14); «Littérature médiévale, fait chier… Ma culture Moyen Âge c’est Game of Thrones… Éventuellement Robin des Bois à cause du ménestrel» (p. 41).

Qu’on se rassure : le personnage principal finira par soutenir.

 

Référence

Rivière, Tiphaine, Carnets de thèse, Paris, Seuil, 2015, 179 p.