Assis, mais à une table

L’Oreille tendue ne cesse d’être frappée de la conversion (québécoise) du verbe asseoir en synonyme de parler; il en était question ici le 6 octobre 2010 et le 25 février 2011.

En ces matières, l’évolution se fait sous nos yeux. Maurice Richard — pas l’ex-joueur de hockey, mort en 2000, mais le maire de Bécancour, là où se trouve la centrale nucléaire Gentilly-2 — était interviewé le 14 mars par la Presse. Les événements récents au Japon, sans susciter ses craintes, nécessitent néanmoins, selon lui, une rencontre avec les gens d’Hydro-Québec, puisque cette société d’État exploite la centrale. Qu’y fera-t-on ? «On va s’attabler avec Hydro-Québec pour discuter de ce qui peut être fait.»

Pas s’asseoir, mais s’attabler. On n’arrête pas le progrès.

L’Oreille tendue : sa vie, son œuvre

Sous ce (modeste) titre, l’Oreille tendue ira tout à l’heure causer blogue devant les étudiants de Mauricio Segura à l’Université de Montréal, dans le cadre de son cours FRA 2710 Exploration des genres (description, en Word, ici).

(Ces étudiants ont d’ailleurs leurs propres blogues — .)

Il sera question de cette ligne du temps, (modestement) inspirée des manuels d’histoire littéraire de Castex et Surer.

Histoire de l’Oreille tendue, à la manière de Castex et Surer

Il sera itou question de quelques blogues / sites amis :

les Notules dominicales de culture domestique (et de villégiature exotique) de Philippe Didion;

C’était bien mieux dans le temps de Jean Dion;

l’Employée aux écritures de Martine Sonnet;

le Tiers livre de François Bon.

(Et de Dooce.com.)

Il sera enfin question de quelques lectures / écoutes / écritures.

Alang, Navneet, «Why The Future of Blogging Starts Now», site Techni, 2 février 2011. http://www.techi.com/2011/02/why-the-future-of-blogging-starts-now/

Allard, Caroline, les Chroniques d’une mère indigne. Une vie sale parsemée de couches bien remplies. À moins que ce ne soit l’inverse, Sillery (Québec), Septentrion, coll. «Hamac-carnets», 2007, 245 p. Ill.

Belkin, Lisa, «Queen of the Mommy Bloggers», The New York Times, 23 février 2011. http://www.nytimes.com/2011/02/27/magazine/27armstrong-t.html?_r=3&pagewanted=all

«Blogs extimes», dans Sur les docks, émission de Stéphane Bonnefoi, France Culture, 18 février 2011. http://www.franceculture.com/emission-sur-les-docks.html-0

Castex, Pierre-Georges et Paul Surer, Manuel des études littéraires françaises V. XIXe siècle, Paris, Hachette, 1950, viii/312 p. Ill.

Berners-Lee, Tim, with Mark Fischetti, Weaving the Web. The Original Design and Ultimate Destiny of the World Wide Web by its Inventor, New York, HarperCollins, coll. «HarperBusiness», 2000, ix/246 p. Ill. Édition originale : 1999.

Clément, Jean, «Hypertexte et fiction : une affaire de liens», dans Jean-Michel Salaün et Christian Vandendorpe (édit.), les Défis de la publication sur le Web : hyperlectures, cybertextes et méta-éditions, Lyon, Presses de l’ENSSIB (École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques), coll. «Référence», 2004, p. 69-86 et 281-282.

Dacos, Marin et Pierre Mounier, l’Édition électronique, Paris, La Découverte, coll. «Repères», 549, 2010, 126 p.

Gervais, Bertrand, «Richard Powers et les technologies de la représentation. Des vices littéraires et de quelques frontières», Alliage. Culture, science, technique, 57-58, 2006, p. 226-237. http://www.archipel.uqam.ca/571/

Gladwell, Malcolm, The Tipping Point. How Little Things Can Make a Big Difference, Boston, New York et Londres, Little, Brown and Company, 2000, 279 p.

Melançon, Benoît, Sevigne@Internet. Remarques sur le courrier électronique et la lettre, Montréal, Fides, coll. «Les grandes conférences», 1996, 57 p. Réimpression numérique : Sevigne@Internet. Remarques sur le courrier électronique et la lettre, Paris, Éditions 00h00.com, 1999, 54 p. Réédition augmentée à paraître en 2011 chez Del Dusso éditeur en format numérique. http://www.mapageweb.umontreal.ca/melancon/sevigne.html

Melançon, Benoît, «Épistol@rités, d’aujourd’hui à hier», Lumen. Travaux choisis de la Société canadienne d’étude du dix-huitième siècle. Selected Proceedings from the Canadian Society for Eighteenth-Century Studies, texte à paraître en 2010, 40 p. https://doi.org/10.7202/1012023ar

Ricard, François, «Jean-Paul Petit, écrivain québécois. Extrait de Sexcat et Serur, volume VIIII (recueilli par François Ricard)», Liberté, 134 (23, 2), mars-avril 1981, p. 62-65. https://id.erudit.org/iderudit/60254ac

Vignola, Éric, «Du blogue au livre. Réflexions sur la nature générique du blogue», Montréal, Université de Montréal, mémoire de maîtrise, juillet 2009, x/114 p. https://doi.org/1866/3754

Allons-y.

Des lendemains qui chantent ?

En novembre 2010, la société Nissan publiait dans le journal la Presse une publicité comportant une grosse faute de langue. Elle la corrigeait le mois suivant.

Le centre sportif de l’université où pointe l’Oreille tendue accueille des enfants pendant l’été, dont ceux de ladite Oreille. On s’y servait depuis quelques années d’un billet de sortie où le verbe quitter était utilisé intransitivement (ce crime contre nature).

«Je quitte seul», formulaire, Université de Montréal, 2010

Ça ne sera plus vrai en 2011.

«Je pars seul», formulaire, Université de Montréal, 2011

Saisissons l’occasion et réjouissons-nous, et pas seulement en famille.

Compression de l’espace-temps

Sur les ondes du Réseau des sports, pendant la diffusion télévisée du match de hockey Montréal-Boston du 8 mars, Joël Bouchard : «Ça va se passer dans pas long.»

Pas long ? Plus bref que longtemps. Ne s’emploie qu’avec pas.

 

[Complément du 4 avril 2022]

L’Oreille tendue est prise en faute : long semble exister seul. Exemple chez Marie-Hélène Voyer, dans Mouron des champs (2022) :

vous êtes nées ici
pêle-mêle il y a long
dans le fatras de vos naissances (p. 29)

 

Référence

Voyer, Marie-Hélène, Mouron des champs suivi de Ce peu qui nous fonde, Saguenay, La Peuplade, coll. «Poésie», 2022, 196 p.