Saveurs d’arômes

L’Oreille tendue a déjà relevé combien l’expression à saveur était populaire au Québec.

Trois rappels, à saveur sportive :

«Une équipe canadienne à saveur québécoise au Super Bowl junior» (la Presse, 22 janvier 2004, p. S9);

«Une victoire à saveur québécoise» (la Presse, 13 février 2004, p. S3);

«Une rencontre à saveur d’entraînement» (la Presse, 8 juin 2007, cahier Sports, p. 11).

Il ne faut cependant pas l’oublier : qui dit saveur dit aussi arôme.

Exemple, avec arôme musical :

Ce qui distingue Mille Monarques des autres groupes qui émergent sur la scène montréalaise est sans aucun doute l’usage qu’ils font de la langue française. Au-delà du cliché des paroles poétiques, Mille Monarques nous offre des textes aux arômes naturalistes, symboliques, mystiques, surréalistes, épiques. Ils explorent les éléments que sont la terre, l’eau, l’air et le feu, usent de métaphores animales et organiques fulgurantes, visitant la noirceur pour mieux chercher la lumière, créant ainsi des «chansons tatouages» qui s’incrustent dans la chair.

Une fois constatée la richesse des arômes du groupe Mille Monarques, tous au pluriel — «naturalistes, symboliques, mystiques, surréalistes, épiques» —, on pourra légitimement se demander si les «chansons tatouages» sont des «chansons poison».

Non-résolution du lendemain du jour de l’an

En lisant Bit Literacy de Mark Hurst,  l’Oreille tendue tombe sur une manifestation de plus de l’esprit d’entreprise.

Constatant que le logiciel Google Earth vise à montrer tous les lieux du globe, certains petits malins ont décidé d’en profiter à des fins publicitaires :

GPS data isn’t the only trail of bits that people will generate in the physical world. Satellite cameras are getting more and more accurate, and any moment you walk outside, you (or your car) could be photographed for the next update of Google Earth.

(Knowing this, some companies and activists have cleverly painted enormous logos and slogans on roofs and other flat expanses visible to satellites.)

Il s’agit donc de se servir des ressources des satellites pour se faire connaître, par exemple en faisant de son toit une surface d’écriture, surface dont les satellites utilisés par Google feront une photographie, photographie qui se retrouvera dans les bases de données de Google, bases de données que consultent des millions de personnes.

Si  l’Oreille prenait des résolutions — ce qu’elle ne fait jamais —, il pourrait y avoir celle-ci : mieux publiciser l’Oreille tendue. Voici ce qu’on verrait alors du ciel.

Toit de la maison de l’Oreille tendue, vu des airs

L’Oreille se retient.

 

Référence

Hurst, Mark, Bit Literacy. Productivity in the Age of Information and E-Mail Overload, New York, Good Experience Press, 2007. Postface de Phil Terry. Édition numérique.

Ceci n’est pas une rétrospective

Tout un chacun le sait : l’Oreille tendue n’aime pas les rétrospectives — du millénaire, du siècle, de la décennie, de l’année, du mois, du jour, de l’heure, de la minute, de la seconde.

Elle n’est pas du genre à annoncer, le 15 novembre, que le mot de l’année, aux États-Unis, selon Oxford University Press, est un palinisme, le verbe refudiate.

Elle n’est donc pas, non plus, du genre à élire son mot de l’année.

Si elle s’intéresse au mot curator, c’est qu’il s’inscrit dans une jolie série de mots en c- qui caractérisent l’époque : commémoration, conspiration, communauté, génération C, corruption. (Les quatre premiers sont décrits ici; le dernier, au Québec, est sur toutes les lèvres.)

Curator (curation, to curate) désigne celui qui se donne pour mission de rassembler et de conserver, en un lieu du Web, tout ce qui nourrit sa passion. Un exemple, parmi des millions : la page Wikipédia consacrée aux éléments, matériaux, isotopes et particules atomiques inventés.

Le signe que le mot est à la mode ? On commence à déplorer son usage. C’était le cas, sur Twitter, le 23 décembre, de Susan Orlean, du New Yorker : «I am sick and tired of everything being “curated”. #thatisall

On en est là.

Une fois n’est pas coutume

Les occasions ne manquent pas de râler contre les publicitaires. Faisons une exception pour ceci, tiré de la Presse du 18 décembre 2010 (p. A20) :

«La télé ne sera plus jamais plate», publicité, 2010

Premier niveau de lecture : un écran plat ne l’est plus tout à fait quand on y projette un film en trois dimensions.

Second niveau : au Québec est dit plate ce qui ennuie; cette télé-là ne le sera «plus jamais».

Bien vu.

N.B. Il est d’autres sens de plate au Québec. C’est plate à dire, mais ce sera pour un autre jour.

 

[Complément du 28 mars 2017]

Voici une multinationale qui s’y met, Apple.

Apple, publicité pour iPad, mars 2017