Accouplements 272

L’Inconvénient, numéro 101, automne 2025 couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

D’abord la question.

Béland, Martine, «Le triptyque du collectionneur», l’Inconvénient, 101, automne 2025, p. 10-15.

«Les messages des biscuits chinois n’ont pas été fabriqués par un artisan qui peut y reconnaître le fruit de son labeur. Qui, au juste, les a produits ?» (p. 12)

Ensuite, la réponse.

Gionet, Simon et Clara Lacasse, «Incursion inédite dans l’usine de biscuits chinois de Montréal», le Devoir, 15 novembre 2025.

«Près des installations, une imposante pile de messages emballés repose sur une table. C’est peut-être là l’un des autres mystères entourant ces biscuits : l’origine de leurs messages, parfois simples ou énigmatiques, qui invitent au jeu prophétique de deviner l’avenir.

“La plupart ont été imaginés par mon père, révèle M. Lee. Certains sont des vœux de bonne fortune, d’autres sont des vœux de bonne santé. Ça dépendait aussi de son humeur”, explique-t-il. Certains messages étaient directement inspirés de son expérience : “Parfois, disons que quelqu’un lui avait fait du tort, alors mon père écrivait : ’S’il te plaît, ne fais pas ça.’ S’il était heureux, par exemple si l’un de ses enfants se mariait, il était d’humeur joyeuse. C’était très personnel”, raconte-t-il.

Depuis le décès de son père, Arthur Lee, en 2002, Garnet indique que lui et certains membres de la famille se sont mis à créer quelques messages. Au fil des années, la compagnie a aussi adapté certains textes aux réalités technologiques d’aujourd’hui ou, encore, changé certains messages en fonction de l’évolution des mœurs.»

À votre service.

Accouplements 271

Drapeau du Portugal

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Dan Brown, dans son plus récent roman, The Secret of Secrets (2025), emberlificote une intrigue autour de la nature de la conscience : s’agit-il, comme le disent les matérialistes, d’un phénomène physicochimique ou plutôt, comme le croient les noéticiens, d’un milieu dans lequel baigneraient les êtres humains ? Un des nombreux contentieux entre les deux groupes concerne les cas où quelqu’un développerait, sans raison apparente, des savoirs inattendus : «In other words, you get conked on the head, and you wake up a virtuoso violonist, or fluent in Portugese, or a genius at math — where you previously possessed none of these skills» (p. 122; «Autrement dit, vous recevez un coup sur la tête et vous vous réveillez virtuose du violon, parlant couramment le portugais ou étant un génie des mathématiques — alors que vous ne possédiez aucune de ces compétences auparavant.»).

La série télévisée Seinfeld offre une situation semblable. Dans le 143e épisode (huitième saison, neuvième épisode), «The Abstinence», George Costanza, au moment où il est forcé à l’abstinence sexuelle, développe des facultés d’apprentissage inexplicables. Par exemple, il se met à parler portugais sans jamais avoir appris cette langue. (Cette maîtrise disparaîtra bientôt.)

 

 

Cela laisse grande ouverte une question : pourquoi le portugais ?

 

Référence

Brown, Dan, The Secret of Secrets. A Novel, New York, Doubleday, 2025, 675 p. Ill.

Accouplements 270

Jean-François Chassay, la Forme d’une ville, le cœur d’une littérature, 2025, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Gendreau, Vickie, Testament. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 60, 2012, 156 p.

«Dans la marée étudiante en révolte, il n’y a pas de pancartes avec des fautes» (p. 32).

Biz, la Chaleur des mammifères, Montréal, Leméac, 2017, 160 p.

«C’est vrai qu’ils écrivent bien. Y a même pas de fautes sur leurs pancartes» (p. 132).

 

P.-S.—L’Oreille tendue emprunte cet accouplement au plus récent livre de son ami Jean-François Chassay, la Forme d’une ville, le cœur d’une littérature (2025, p. 97 et p. 101-102).

P.-P.-S.—Les pancartes dont il est question sont celles des manifestations étudiantes de 2012. L’Oreille en a rassemblé quelques exemples ici et elle en a causé .

 

Référence

Chassay, Jean-François, la Forme d’une ville, le cœur d’une littérature, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Champ libre», 2025, 219 p.

Accouplements 269

Annotation par Gilles Marcotte d’un ouvrage de Jean Marcel

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Pourquoi Hector Fabre rassemble-t-il ses Chroniques en 1877 ?

Notre littérature est en pleine floraison. Chaque saison voit naître un ouvrage nouveau, prose ou vers. Autour de moi. mes confrères se relisent, se recueillent et font réimprimer leurs écrits. Qu’est-ce à dire ? Il y a donc des lecteurs au Canada, et même des acheteurs ? L’abonné fidèle nous suivrait du journal jusqu’au livre ! Je me pique d’émulation et je veux comme les autres en tenter l’épreuve. Aussi bien mes amis m’y invitent, et, en refusant de me rendre à leurs instances, j’aurais l’air de douter d’eux, autant pour le moins que de moi-même (éd. de 2007, p. 9).

Pourquoi Jean Marcel publie-t-il en 1992 ses Pensées, passions et proses ?

À force d’insistance, l’amitié bienveillante de certains a eu raison de ma réticence à réunir en recueil les textes qu’on va lire (p. 9).

Qu’est-ce qui unit ces deux déclarations de joug amical ?

En 2007, Gilles Marcotte a réédité les Chroniques de Fabre. Vers 1995, le même Marcotte avait offert à l’Oreille tendue son exemplaire du recueil de Jean Marcel et lui avait dit, sourire en coin, que ses amis à lui n’étaient pas aussi insistants. Il avait aussi annoté son exemplaire.

 

Références

Fabre, Hector, Chroniques, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact classique», 189, 2007, 302 p. Postface, chronologie et bibliographie de Gilles Marcotte.

Marcel, Jean, Pensées, passions et proses. Essais, Montréal, L’Hexagone, coll. «Essais littéraires», 13, 1992, 399 p.

Le monde naturel en… 1972

Jacques Ferron, le Saint-Élias, 1972, couverture

Jacques Ferron, le Saint-Élias. Roman, Montréal, Éditions du Jour, coll. «Les romanciers du jour», R-85, 1972, 186 p.

«De ce côté-ci des montagnes, on continuait de construire des engins de feu et d’accélérer leur vitesse en brûlant les ressources de la terre, de la même façon qu’on avait ravagé la grande forêt de bois d’œuvre au nord du Saint-Laurent. C’était par cupidité, on ne s’en cachait pas. Maintenant on prétend faire le bonheur de l’humanité alors qu’on devient de plus en plus conscient du contraire, que la cupidité toujours présente, plus répandue, n’engendre que bruits et fureurs. Des fous ont cru naguère être des surhommes. C’est une prétention que l’homme ne peut souffrir. Pourtant ces surhommes ne l’étaient qu’en paroles. Maintenant ils le sont par l’équipement. Ils ruinent le monde, ils vivent à même l’héritage des enfants et savent que le désastre qu’ils préparent de longue main, surviendrait dans quelques années s’ils répandaient leur équipement sur tous les continents. Ils sont devenus surhommes dans les faits, par leur gaspillage qu’ils nomment consommation, et sont autrement plus dangereux que les fous qui ne l’étaient qu’en parole car ils peuvent tenir des propos mensongers. Et tout doucement, à cause d’eux, une grande mutation s’est faite, qui changera toutes les mythologies : la nature, de mère toute puissante qu’elle était, devient la fille de tous les hommes» (p. 182-183).

«1972 : les alertes pour la planète du rapport Meadows», L’INA éclaire l’actu, 9 mai 2022.

«En 1972, un rapport scientifique alimente les discussions sur les plateaux télé, c’est le rapport Meadows.
L’alerte est lancée, la planète est en danger. À l’origine du rapport, le Club de Rome, un groupe de réflexion international réunissant scientifiques, économistes et industriels. À cette époque, la société de consommation explose et la crise pétrolière se dessine. La croissance industrielle et économique inquiète.
Pour les auteurs du rapport, les conclusions sont claires : “Dévorée par sa soif de croissance, l’humanité court à sa perte.”»