Du grain et des missiles

Le complexe militaro-agricole a perdu. La preuve ? Rien de pire aujourd’hui, du moins dans le milieu universitaire, que de travailler ou que de penser en silo. Il faut chercher d’abord et avant tout l’échange, la circulation, la communication, voire la transversalité. Pas question de rester seul dans son coin, dans les profondeurs comme dans les hauteurs.

Vous avez été prévenus.

 

[Complément du 10 juin 2014]

Ceci, tiré du quotidien le Devoir du jour :

Mme Marois a également déclaré que «tous les souverainistes, tous les penseurs, les innovateurs, les créateurs, les intellectuels, toutes les forces de changement du Québec doivent reprendre le dialogue, cesser de travailler en chapelle» (p. A3).

D’où l’on doit conclure que les chapelles, au Parti québécois, sont des silos, et vice versa.

Choisir ses cibles

Le congrès annuel de l’Association francophone pour le savoir (Acfas) se tient ces jours-ci à Montréal. Dans son édition d’aujourd’hui, la Presse présente en page A15 les résultats d’une recherche de Geneviève Carpentier (Université du Québec en Outaouais) intitulée «Difficultés d’enseignants débutants du primaire sur le plan de la compétence scripturale et retombées sur leur insertion professionnelle».

Il y a dans les constats de cette recherche de quoi inquiéter un père comme l’Oreille tendue, mais ses inquiétudes ne sont pas celles de la journaliste Louise Leduc.

Son article commence par une citation d’une des enseignantes qui s’est entretenue avec Geneviève Carpentier :

Pour corriger les messages aux parents ou aux autres enseignants, j’utilise tout le temps mon ordinateur portable et le logiciel Antidote. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Je pense même que c’est grâce à ce logiciel que j’ai passé mon bac. Je l’utilise tout le temps quand je corrige et quand j’écris.

Suit un commentaire : «C’est là l’une des perles contenues dans une étude de Geneviève Carpentier présentée cette semaine au congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS).»

«Perle» ? Non. L’Oreille préfère une enseignante consciente de ses difficultés en matière de langue («la compétence scripturale») et qui essaie de les corriger à une autre qui ne se poserait pas de questions.

L’Oreille est parfois naïve.

 

[Complément du 21 mai 2014]

Autre chose à signaler dans le résumé que l’on fait de cette étude : les enseignantes semblent croire qu’elles feraient moins de fautes à l’oral qu’à l’écrit. Ça ne paraît guère convaincant.

La clinique des phrases (b)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante :

«Toutefois, en étant constituées comme étant parties prenantes à cette histoire, [ces émissions] contribuent à inscrire [JB] dans cette histoire, au contraire d’autres histoires de la télévision, par exemple, où elle est davantage mise de l’avant comme auteure.»

On pourrait la laisser en l’état; ce ne serait guère charitable. Essayons d’en faire quelque chose d’acceptable.

Commençons par enlever ce «comme étant» parfaitement inutile (et répétitif) :

«Toutefois, en étant constituées parties prenantes à cette histoire, [ces émissions] contribuent à inscrire [JB] dans cette histoire, au contraire d’autres histoires de la télévision, par exemple, où elle est davantage mise de l’avant comme auteure.»

«Histoire», trois fois ? C’est un peu beaucoup :

«Toutefois, en étant constituées parties prenantes à cette histoire, [ces émissions] contribuent à y inscrire [JB], au contraire d’autres histoires de la télévision, par exemple, où elle est davantage mise de l’avant comme auteure.»

Pour qui voudrait insister moins sur le processus que sur son fruit, il y aurait moyen de faire plus économique encore :

«Toutefois, parties prenantes de cette histoire, [ces émissions] contribuent à y inscrire [JB], au contraire d’autres histoires de la télévision, par exemple, où elle est davantage mise de l’avant comme auteure.»

Ce «par exemple» est-il bien nécessaire ? Non :

«Toutefois, parties prenantes de cette histoire, [ces émissions] contribuent à y inscrire [JB], au contraire d’autres histoires de la télévision où elle est davantage mise de l’avant comme auteure.»

C’est un peu mieux. Ce n’est toujours pas génial. On fait ce qu’on peut avec les moyens du bord.

À votre service.

Recommandations professorales

L’Oreille tendue enseigne au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal. Cette année, elle y donnait un séminaire introductif pour tous les nouveaux doctorants. Sur le blogue (privé) du séminaire, elle a fait quelques recommandations de lectures à ses étudiants. En voici une sélection, qui concerne surtout le travail de thèse et le numérique.

Aït Ali, Nawel et Jean-Pierre Rouch, «Le “je suis débordé” de l’enseignant-chercheur. Petite mécanique des pressions et ajustements temporels», article électronique, Temporalités, 18, 2013. https://doi.org/10.4000/temporalites.2632

Armand, Cécile, «Valoriser et partager ses recherches au travers du numérique – 14 octobre 2013», blogue ENthèSe — Ressources pour la thèse et au-delà, 19 octobre 2013. http://enthese.hypotheses.org/924

«Being Professional Academic – Does it Have to Mean Being Boring?», blogue The Thesis Whisperer, 20 novembre 2013. http://thesiswhisperer.com/2013/11/20/being-professional-academic-does-it-have-to-mean-being-boring/

Blanchard, Antoine, «Ce que le blog apporte à la recherche», dans Marin Dacos (édit.), Read/Write Book. Le livre inscriptible, Marseille, OpenEdition press, coll. «Read/Write Book», 1, 2010, p. 157-166. http://books.openedition.org/oep/172

Cohen, Dan, «Professors, Start Your Blogs», blogue Dan Cohen, 21 août 2006. http://www.dancohen.org/2006/08/21/professors-start-your-blogs/

Dacos, Marin, «Comment mieux faire connaître mes recherches ?», blogue Blogo numericus, 23 novembre 2009. http://blog.homo-numericus.net/article10288.html

Daniels, Jessie, «From Tweet to Blog Post to Peer-Reviewed Article: How to be a Scholar Now», Impact of Social Sciences, 25 septembre 2013. http://blogs.lse.ac.uk/impactofsocialsciences/2013/09/25/how-to-be-a-scholar-daniels/

«De l’usage de Twitter à la formation des chercheurs (une tribune à méditer)», blogue la Boîte à outils des historiens, 6 février 2014. http://www.boiteaoutils.info/2014/02/de-lusage-de-twitter-la-formation-des.html

«Doctorants : être ou ne pas être sur Twitter», blogue Doctrix. Pour un autre regard sur le doctorat, 30 septembre 2013. http://blog.educpros.fr/doctrix/2013/09/30/doctorants-etre-ou-ne-pas-etre-sur-twitter/

«Doctores cum Twitto», blogue le Gazouilleur. Twitter, les réseaux sociaux, les autres et moi, 28 octobre 2013. http://legazouilleur.wordpress.com/2013/10/28/doctores-cum-twitto/

Dubois, François-Ronan, «Intervention à l’Assemblée générale des carnetiers», blogue Contagions. Heurs et malheurs de l’analyse transmédiatique, 9 avril 2014. http://contagions.hypotheses.org/514

Un thésard sur sa pratique du blogue.

Gagnon, Alex, «Madame Bovary, c’est nous. Essai en quinze actes», blogue Littéraires après tout, 26 janvier 2014. http://litterairesaprestout.blogspot.ca/2014/01/madame-bovary-cest-nous-essai-en-quinze.html

Pourquoi faisons-nous ce que nous faisons ? Comment cela est-il reçu autour de nous ?

Gagnon, Alex, «Les yeux collés en l’air», blogue Littéraires après tout, 9 mars 2014. http://litterairesaprestout.blogspot.ca/2014/03/les-yeux-colles-en-lair.html

Bis.

Giraud, Frédérique et Mélodie Faury, «Le carnet de thèse», blogue Espaces réflexifs, 13 février 2012. http://reflexivites.hypotheses.org/641

Gunthert, André, «Le blogging académique, entre art et science», blogue l’Atelier des icônes, 14 octobre 2013. http://culturevisuelle.org/icones/2820

Gunthert, André, «Quand un blogueur scientifique cesse-t-il d’être scientifique ?», blogue l’Atelier des icônes, 24 février 2014. culturevisuelle.org/icones/2944

Huitric, Solenn, «Rédiger une thèse : retours d’expériences», blogue Devenir historien-ne. Méthodologie de la recherche et historiographie en master & doctorat, 27 novembre 2013. http://devhist.hypotheses.org/2237

«Jeunes chercheurs et humanités numériques : un manifeste», Digital Humanities à l’IHA, 13 septembre 2013. http://dhiha.hypotheses.org/1108

Klein, Delphine, «Du repérage des appels à communication à la rédaction d’une proposition (en SHS)», blogue Ressources pour la thèse et au-delà. Méthodologie, outils et astuces du (jeune) chercheur, 27 juin 2012. http://enthese.hypotheses.org/559

Long, Christopher, «The Googled Graduate Student», blogue Christopher P. Long, 4 septembre 2013. http://www.cplong.org/2013/09/the-googled-graduate-student/

Maitzen, Rohan, «Accept no Substitutes: Blogging is a Valuable Supplement to Scholarship and Rightfully Challenges the Status Quo», Impact of Social Sciences, 25 juin 2013. http://blogs.lse.ac.uk/impactofsocialsciences/2013/06/25/blogging-accept-no-substitutes/

Mulholland, James, «What I’ve Learned about Revising a Dissertation», Journal of Scholarly Publishing, 43, 1, octobre 2011, p. 39-51. http://muse.jhu.edu/journals/journal_of_scholarly_publishing/summary/v043/43.1.mulholland.html

Rey, Olivier, «À quand une formation à la communication scientifique ?», blogue Éduveille. Autour des recherches en éducation et formation, 9 septembre 2013. http://eduveille.hypotheses.org/5694

Ruiz, Émilien, «Pourquoi déposer sa thèse dans TEL ?», la Lettre de l’École des hautes études en sciences sociales, février 2014. http://lettre.ehess.fr/7094

Terras, Melissa, «Is Blogging and Tweeting about Research Papers Worth it? The Verdict», Melissa Terras’ Blog, 3 avril 2012. http://melissaterras.blogspot.co.uk/2012/04/is-blogging-and-tweeting-about-research.html

Thiffault, Nelson et Stephen Wyatt, «L’art de ne pas présenter : 12 astuces pour ne plus être invité», l’Aubelle, 150, automne 2006, p. 18-20. www.mrn.gouv.qc.ca/publications/forets/connaissances/recherche/Thiffault-Nelson/LAubelle-150-automne-18-20.pdf

Conseils utiles à ne pas suivre.

Weller, Martin, «The Virtues of Blogging as Scholarly Activity», The Chronicle of Higher Education, 29 avril 2012. http://chronicle.com/article/The-Virtues-of-Blogging-as/131666/

Accouplements 02

Alain Farah, Matamore no 29. Mœurs de province, 2008, couverture

 

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux textes d’horizons éloignés. Dans ce cas-ci, trois.)

Auteur, Alain Farah est professeur à l’Université McGill.

Farah, Alain, Matamore no 29. Mœurs de province, Montréal, Le Quartanier, 2008, 208 p.

Professeur à l’Université McGill, François Ricard est auteur.

Ricard, François, Mœurs de province. Essais et divagations, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 2014, 230 p.

Auteur, Gustave Flaubert n’est pas professeur à l’Université McGill.

Flaubert, Madame Bovary. Mœurs de province, 1857.