Curiosités voltairiennes (et tatouées)

Tatouage «écrasez l’infame» sur le bras d’un homme

Ce tatouage, repéré sur Bluesky, est une citation de Voltaire, dans sa propre calligraphie. En effet, celui-ci utilisait souvent, dans ses lettres, la formule «Écrasez l’Infâme» (à partir de 1760), parfois ramenée à «Écrlinf» (à partir de 1763). Cet «infâme» désigne notamment l’intolérance des dogmes religieux.

Voltaire est toujours bien vivant.

Accouplements 257

Portraits de Giacomo Casanova et de Denise Filiatrault, collage

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Hoffmann, Benjamin, les Minuscules. Roman, Paris, Gallimard, coll. «NRF», 2024, 285 p.

«Un examen minutieux, inspiré par la jalousie la plus vive qui ne me laissait ignorer ni recoins, ni cachettes, qui me poussait à explorer les pages des livres et le revers du matelas, les profondeurs des chaussures et l’envers des édredons, m’apprit une vérité qui me déchira le cœur : la lettre de ma rivale devait reposer contre le sien puisque je ne la trouvais nulle part. Mon imagination troublée me représentait Giacomo [Casanova] relisant pour la millième fois les mots d’Henriette, les baisant avec des transports passionnés puis les plaçant contre sa peau comme le substitut d’une caresse» (p. 178-179).

Filiatrault, Denise, «Rocket Rock and Roll», 1957, 2 minutes 37 secondes, disque 45 tours et disque 78 tours, étiquette Alouette CF 45-758; repris dans Une simple mélodie. Une anthologie de la chanson québécoise de 1900 à 1960, coffret de dix disques audionumériques, 2007, étiquette Disques XXI XXI-CD 2 1571 et dans les Légendes des Canadiens, Musicor, disque audionumérique, 2009.

«J’ai beau chercher
Tout retourner
Tout chavirer
Je n’peux pas l’trouver

Rock’n’roll Rocket Rocket
Rock’n’roll Rocket Rocket

C’est vraiment bête
De manquer son Rocket
Pour un ticket

Monsieur le placier, quel bonheur
J’ai retrouvé mon ticket
Il était là sur mon cœur
Je vais voir mon Rocket
Ah ! zut ! La partie est finie»

Voler sans Jean Echenoz

Jean Echenoz, Bristol, 2025, couverture

On l’a vu il y a plusieurs années, Jean Echenoz n’aime pas les pigeons.

Dans Cherokee (1983), il les appelle des «rats de l’espace» (p. 168).

Ça ne va pas mieux pour eux dans Au piano (2003) — «une bande de pigeons trempés, hirsutes et froissés qui — preuve qu’ils sont conscients d’être sales — venaient de prendre un bain lustral dans un caniveau d’eau courante avant de s’envoler pesamment» (p. 187) — ni dans Des éclairs (2010) —«Le pigeon couard, fourbe, sale, fade, sot, veule, vide, vil, vain» (p. 142).

Qu’en est-il du récent Bristol (2025) ? Les colombophiles risquent de se récrier une fois de plus : «souvent ces animaux roucoulent et c’est exaspérant, parfois même ils s’accouplent et c’est inacceptable» (p. 15).

Heureusement, Echenoz a un faible pour les chiens (voir ici ou ) et pour les mouches (Luc Jodoin vous le confirmera).

P.-S.—Autant l’avouer : l’Oreille tendue, dans son jeune temps, a publié un petit quelque chose sur les pigeons voyageurs.

 

Références

Echenoz, Jean, Cherokee. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1983, 247 p.

Echenoz, Jean, Au piano. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2003, 222 p.

Echenoz, Jean, Des éclairs. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2010, 174 p.

Echenoz, Jean, Bristol. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2025, 205 p.

Melançon, Benoît, «Le cabinet des curiosités épistolaires. Sur les pigeons», Revue de l’AIRE (Association interdisciplinaire de recherche sur l’épistolaire, Paris), 27, hiver 2001, p. 171-172; repris, sous le titre «Du pigeon voyageur», dans Écrire au pape et au Père Noël. Cabinet de curiosités épistolaires, Montréal, Del Busso éditeur, 2011, p. 33-36. https://doi.org/1866/32393

Correspondre, en 2024

Sapin de Noël, 24 décembre 2021

Depuis une demi-douzaine de lustres, l’Oreille tendue répète à qui veut l’entendre, aussi bien qu’aux autres, que l’écriture épistolaire n’est pas morte, malgré ce que l’on raconte depuis l’arrivée du courrier électronique. Ses usages se sont, en fait, spécialisés (voir ici et ).

La Presse+ du 23 décembre 2024 donnait deux exemples de cette permanence de la correspondance.

Au Québec, on invite des gens seuls à partager un repas de Noël («Il était une fois monsieur Bélanger, votre voisin»).

Des Ukrainiens, dont des enfants, envoient des «lettre[s] de remerciement à l’intention des soldats engagés sur la ligne de front» («Un troisième Noël sous les bombes»).

Certaines formes d’adresse ne sont pas près de disparaître.

 

Référence

Melançon, Benoît, Écrire au pape et au Père Noël. Cabinet de curiosités épistolaires, Montréal, Del Busso éditeur, 2011, 165 p. https://doi.org/1866/32393

Benoît Melançon, Écrire au pape et au Père Noël, 2011, couverture

Autopromotion 799

Portrait de Colette, couverture du numéro 50 de la revue Épistolaire, 2024

Depuis la nuit des temps, l’Oreille tendue collabore à Épistolaire, la revue de l’Association interdisciplinaire de recherches sur l’épistolaire. De sa chronique, «Le cabinet des curiosités épistolaires», elle a tiré un recueil en 2011, Écrire au pape et au Père Noël.

La 50e livraison d’Épistolaire vient de paraître (2024, ISSN : 2109-1358). L’Oreille y parle de quelques représentations, à l’écran, de postiers, dont, bien sûr, Cliff Clavin (Cheers) et Newman (Seinfeld).

 

Table des matières

 

Haroche-Bouzinac, Genevière, «Avant-propos», p. 7.

 

«Dossier. Colette en toutes lettres»

Maget, Frédéric, «Introduction. Colette épistolière : la part méconnue de l’œuvre», p. 11-14.

Boustani, Carmen, «Colette, épistolière chevronnée», p. 15-29.

 

Constellations féminines

Laval-Turpin, Nicole, «De la vagabonde à son amie poétesse : les “conversations” de Colette et d’Hélène Picard», p. 33-40.

Brechemier, Dominique, «Annie de Pène et Colette. Une amitié épistolaire en temps de guerre», p. 41-54.

Bigot, Chantal, «“Ferveurs.” Lettres de Renée Vivien à Colette (1906-1909)», p. 55-80.

D’Enfert, Guillaume, «Colette-Louise Hervieu, la plume et la craie. Glanes en marge d’une correspondance», p. 81-98.

«“Pour comble de prodigalité, tu m’as donné ta lettre.” Correspondance Colette-Louise Hervieu (1917-1953)», texte établi et annoté par Guillaume d’Enfert avec la collaboration de Frédéric Maget, p. 99-150.

 

Papiers et stylos

Trézéguet, Clément, «Jeu(x) de cartes», p. 153-162.

«“Colette en toutes lettres.” Entretien avec le collectionneur Michel Remy-Bieth», p. 163-167.

«Florilège [tiré de la collection de Michel Remy-Bieth]», p. 167-175.

«Cartes postales inédites de Colette à Missy», texte établi et annoté par Frédéric Maget, p. 177-185.

 

La lettre à l’œuvre

Bordji, Samia, «“Lettres retrouvées de La Vagabonde.” Réflexions autour du premier manuscrit inédit de La Vagabonde», p. 189-198.

Charreyre, Martine, «“Devenir ton illusion” : comment l’épistolaire transcende le personnage de Mitsou», p. 199-207.

Maget, Frédéric, «Dans l’atelier épistolaire de Colette», p. 209-214.

 

«Perspectives»

Stazzone, Alessandra, «Sauver son âme, protéger sa réputation. Les citations de la Divine Comédie dans les lettres de Lapo Mazzei à Francesco Datini», p. 217-228.

Alessandrini, Laura et Mellie Basset, «Les correspondances de Marie de Médicis à Louis XIII et à ses ministres. Enjeux historique et rhétorique du conseil dans la construction du pouvoir», p. 229-244.

Moyal, Guilaine, «Sur quelques lettres d’Aimée de Coigny (1769-1820)», p. 245-258.

Piselli, Francesca, «Lettres inédites de la comtesse d’Albany à la duchesse de Devonshire. “Je n’ai besoin que d’etre libre, et independante”», p. 259-271.

Richard, Justine et Yves Jacq, «Les Vivants au secours du Pauvre Lélian : autour de la publication des Dédicaces de Paul Verlaine», p. 273-284.

De Viveiros, Geneviève, «Lettres et souvenirs d’Eugène Labiche d’Alphonse Leveaux. L’aventure d’une biographie épistolaire», p. 285-296.

D’Urso, Andrea, «Bédouin, Schuster, Effenberger et le surréalisme des années 1950-1980 : échanges et documents inédits des archives Micheline et Vincent Bounoure», p. 297-311.

Bercé, Yves-Marie, «Écrire aux femmes de pouvoir et d’influence. XVIe-XXe siècle», p. 313-326.

 

«Chroniques»

Melançon, Benoît, «Le cabinet des curiosités épistolaires», 329-331.

Bigot, Chantal et Frédéric Maget, «État de la question de la correspondance de Colette», p. 333-340.

Haroche-Bouzinac, Geneviève, «De la découverte à la rêverie. Entretien avec Évelyne Bloch-Dano», p. 341-343.

 

«Comptes rendus».

 

«Résumés».

 

Benoît Melançon, Écrire au pape et au Père Noël, 2011, couverture