L’oreille tendue de… Henning Mankell

Henning Mankell, la Lionne blanche, 2024, couverture

«Un vélo était appuyé contre les débris d’un tabouret de traite. Il n’y avait pas de cadenas. Wallander pensa tout de suite que quelqu’un l’avait laissé là à son intention. Il fixa le fusil au porte-bagages et s’éloigna à grands coups de pédale. Dès qu’il le put, il quitta l’asphalte et s’enfonça à tâtons sur les chemins de gravier qui s’entrecroisaient sur la plaine. Pour finir, il parvint à la maison de son père. Tout était éteint à l’exception de la lampe du perron. Il s’immobilisa et tendit l’oreille, puis il cacha le vélo derrière la remise. Avec mille précautions, il traversa la cour sans faire crisser le gravier.»

Henning Mankell, la Lionne blanche. Roman, Paris, Seuil, coll. «Points», P1306, 2024, 487 p., p. 335. Édition originale : 1993. Traduction d’Anna Gibson.

Les zeugmes du dimanche matin et d’Henning Mankell

Henning Mankell, les Bottes suédoises, 2017, couverture

«Maintenant tu vas rester ici pendant que je vais lui rendre les clés, avec nos excuses» (p. 111).

«Et tant d’années plus tard, quand elle a surgi sur la glace, avec son déambulateur et son cancer, j’ai continué» (p. 181).

«Assis dans mon coin, j’observais ce jeune pêcheur au visage brillant de sueur et de certitude» (p. 337).

Henning Mankell, les Bottes suédoises. Roman, Paris, Seuil, coll. «Points», P4600, 2017, 363 p. Édition originale : 2015. Traduction d’Anna Gibson.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Arnaldur Indridason

Arnaldur Indridason, le Mur des silences, 2022, couverture

«Cherchant à nouveau à distinguer la respiration de Stan à ses côtés, elle se redressa dans le lit et comprit aussitôt pourquoi elle ne l’entendait pas. Il n’était plus là. Il avait dû se lever. Elle attendit quelques instants, l’oreille tendue, puis sortit du lit, alluma la lampe du couloir et descendit l’escalier à pas de loup en appelant le nom de Stan à plusieurs reprises à voix basse pour ne pas réveiller leur fille. Son mari ne répondait pas.»

Arnaldur Indridason, le Mur des silences, Paris, Métailié, coll. «Métailié noir», 2022, 332 p., p. 50. Édition originale : 2020. Traduction d’Éric Boury.

La musique, c’est parfois de l’argent

Flûtes

Soit la phrase suivante, tirée de la Presse+ du 15 septembre 2024 :

«Ce n’est d’ailleurs pas une légende : les éboueurs peuvent confortablement gagner leur vie s’ils gèrent bien leurs flûtes.»

Puis celles-ci, du même quotidien, le 12 octobre 2021 :

«Partagez-vous cette perception ? Si c’est le cas, il faut rajuster vos flûtes, les amis […].»

Que sont ces «flûtes» que les éboueurs devraient savoir «gérer» et que les lecteurs du journal devraient «rajuster» ?

Dans le français populaire du Québec, elles désignent, dans le premier cas, des affaires (personnelles, professionnelles), dans le second, des perceptions.

Pierre DesRuisseaux connaît aussi se mêler dans ses flûtes : «Se tromper, se fourvoyer» (p. 152).

À votre service.

 

Illustration : «Fluiers», 2006, photo déposée sur Wikimedia Commons

 

Référence

DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015, 380 p. Nouvelle édition revue et augmentée.