Pour votre lexique familial

Destouches, le Glorieux, éd. de 1778, page de titre

Vous mariez votre fille ? Pourquoi ne pas faire comme le personnage de Lisimon dans la comédie le Glorieux (1732) de Philippe Néricault-Destouches (1680-1754) et employer le verbe engendrer en ce sens familial ?

Ouais ! vous le prenez de haut. Écoute, mon cher comte,
Si tu fais tant le fier, ce n’est pas là mon compte.
Ma fille te plaît fort, à ce que l’on m’a dit;
Elle est riche, elle est belle, elle a beaucoup d’esprit;
Tu lui plais; j’y souscris du meilleur de mon âme,
D’autant plus que par-là je contredis ma femme,
Qui voudrait m’engendrer d’un grand complimenteur
Qui ne dit pas un mot sans dire une fadeur.
Mais aussi, si tu veux que je sois ton beau-père,
Il faut baisser d’un cran, et changer de manière
Ou sinon, marché nul (éd. de 1972, acte II, scène 14, v. 887-897).

À votre service.

 

Référence

Néricault-Destouches, Philippe, le Glorieux, dans Théâtre du XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 241, 1972, vol. I, p. 565-684 et p. 1401-1406. Textes choisis, établis, présentés et annotés par Jacques Truchet. Édition originale : 1732.

Le zeugme du dimanche matin et de Voltaire

Voltaire, Nanine, édition de 1772, page de titre

«Et nos procès, dont l’embarras extrême
Était si triste et si peu fait pour nous,
Sont enterrés, ainsi que mon époux» (v. 6-8, p. 876).

Voltaire, Nanine ou le Préjugé vaincu, dans Théâtre du XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 241, 1972, vol. I, p. 871-939 et p. 1442-1449. Textes choisis, établis, présentés et annotés par Jacques Truchet. Édition originale : 1749.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Autopromotion 517

«Imprimerie en lettres», gravure de Louis-Jacques Goussier et Robert Benard, sixième volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1768, planche IV

La 435e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.

La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 50 919 titres.

Illustration : «Imprimerie en lettres», gravure de Louis-Jacques Goussier et Robert Benard, sixième volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1768, planche IV

Janotismes du jour

Dorvigny, Les battus paient l’amende. Proverbe-comédie-parade ou ce l’on voudra, 1779, page de titre

Définition du janotisme selon le Petit Robert : «VIEILLI Construction maladroite de la phrase donnant lieu à des équivoques (ex. c’est la voiture de ma grand-mère qui est morte)» (édition numérique de 2018).

L’étymologie est précise — «1779 • de Janot, nom d’un personnage du théâtre comique de la fin du XVIIIe» — et juste.

Le personnage de Janot serait en effet apparu dans une courte pièce de Dorvigny, créée en 1779, Les battus paient l’amende. Proverbe-comédie-parade ou ce l’on voudra.

Deux exemples :

«J’ai été battre c’te vieille courtepointe que vous savez ben, avec la voisine, qui était toute pleine de poussière» (p. 975).

«Je vas chercher not’ soupé, qui est chez le pâtissier, au coin de la rue, à côté de ce parfumeur, cuit dans le four» (p. 978).

 

Référence

Dorvigny, Les battus paient l’amende. Proverbe-comédie-parade ou ce l’on voudra, dans Théâtre du XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 251, 1974, vol. II, p. 971-997 et p. 1509-1513. Textes choisis, établis, présentés et annotés par Jacques Truchet. Édition originale : 1779.