Mise au point nécessaire

Le constructeur automobile Ford lance le système Sync : vous parlez à votre voiture pour contrôler votre lecteur multimédia ou pour utiliser votre téléphone.

Sync offre une commande Messages textes audibles :

Vous voulez recevoir et répondre à un message texte au volant ? Aucun problème avec Sync, il vous suffit d’appuyer sur un bouton et Sync vous le lira. Le système est assez intelligent pour traduire des expressions courantes en langage SMS comme MDR et :). Et en plus, vous pouvez répondre en mode mains libres. Dites simplement à Sync d’envoyer une de ses 15 réponses textes personnalisées.

La publicité télévisée de Ford met en vedette cette commande. On entend une voix (féminine) lire un texto : «Amène-moi une pinte de lait.»

Le système n’est encore pas tout à fait au point. La voix est un peu artificielle. Les fautes de langue, par exemple un verbe mal choisi («Amène»), ne sont pas corrigées.

Ça viendra ?

Cochon vicieux

Les publicités télévisées pour les produits de charcuterie Lafleur sont désolantes : accent caricaturalement nasillard en voix off, graphisme primaire, scénarios affligeants.

Ajoutons à cela une langue grossièrement fautive : «Qu’est-ce que tu dirais que j’te f’rais un bon déjeuner ?»

La totale.

De la mesure

La publicité aime jouer avec les mots.

«Aidez-nous à sortir la rue des sans-abri» : c’est la publicité actuelle de Mission Old Brewery, un organisme montréalais d’aide aux itinérants.

La forme attendue — Aidez-nous à sortir les sans-abri de la rue — aurait été trop banale, d’où cette formulation contournée, presque vide de sens.

Il arrive à la publicité de trop aimer jouer avec les mots.

Du leader

Le Québec se rêve en une position, celle de leader. En quoi ? Cela importe peu.

Pour les écolos, les occasions ne manquent pas : «Hydro-Québec se veut un leader en développement durable» (le Devoir, 15 septembre 2004, p. D2); «Le Québec sera le leader nord-américain en matière de développement durable» (le Devoir, 27-28 novembre 2004, p. B4); «Le Québec, leader de l’éolien» (le Devoir, 5 octobre 2004, p. A1).

La culture n’est pas en reste : «le Québec est le leader dans le dossier de la diversité culturelle» (la Presse, 2 décembre 2003, cahier Arts et spectacles); «Le Québec veut se poser comme un leader de la diversité culturelle» (le Devoir, 1er décembre 2003, p. B8); «Le Québec, leader des mondes virtuels» (le Devoir, 19 novembre 2008, p. B1).

On trouve encore des exemples en économie : «Le Québec figure parmi les leaders économiques» (la Presse, 25 novembre 2004, cahier Affaires, p. 3).

Le leader se décline aussi en chef de file : «Un nouveau chef de file du véhicule récréatif est né au Québec» (la Presse, 10 mars 2004, p. A19, publicité); «Le Québec, chef de file de la voiture électrique ?» (la Presse, 4 octobre 2004, cahier Auto, p. 3); «Montréal veut rester un chef de file de la création numérique» (la Presse, 13 novembre 2007, p. A7).

Tout cela est bel et bon : que du positif.

On s’étonne donc, en lisant la Presse, de constater qu’il existerait des «leaders négatifs» (26 décembre 2009, cahier Sports, p. 8). Il est vrai qu’ils ne sont pas québécois : il s’agit de deux joueurs de hockey anglophones, les deux endossant les couleurs des Flyers de Philadelphie. Ouf.

 

[Complément du 1er décembre 2015]

«Le Canada, ce faux leader», titre le Devoir du jour (p. B1). Un «faux leader», est-ce la même chose qu’un «leader négatif» ? Un «leader négatif», est-ce un «faux leader» ? Tant de questions, si peu d’heures.