Ce matin, vers 8 h 20, l’Oreille tendue sera au micro d’Alain Gravel, à la radio de Radio-Canada, pour parler de la réforme de l’orthographe. Celle de 1990.
Pour en savoir plus sur la question : le rapport de l’Académie française qui expose les rectifications; un texte de la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française sous la forme de questions / réponses.
En 1999, l’anthropologue et essayiste Bernard Arcand publiait Abolissons l’hiver ! Son objectif : que ses lecteurs québécois réfléchissent à la saison froide et, par voie de conséquence, aux autres.
À un moment, il fait une liste des inconvénients de l’hiver :
Pendant cinq mois, il faut se méfier également des accidents. Glisser d’un toit qu’on déglace. Perdre pied sur un trottoir et se fracturer un os. Connaître l’infarctus qui suit une séance de pelletage déraisonnable; l’infarctus du citoyen moyen, grassouillet, fumeur aux taux de cholestérol élevé ou diabétique inconscient, qui, devant tant de neige, pique une sainte colère, puis s’éteint et monte au ciel. Être frappé par un camion de déneigement conduit par un chauffard. Être décapité par un câble d’acier au cours d’une promenade en motoneige. Culbuter sur la piste de descente quasi olympique du mont Sainte-Anne. Être englouti sous la glace trop mince d’un lac. Se lancer dans l’escalade d’un glacier escarpé. Jouer au hockey. Se faire happer par une souffleuse. Être kidnappé par le Yéti. Recevoir sur la tête un bloc de glace qui tombe du toit. Voir son pare-brise fracassé par un autre bloc qui se détache, sur la route, du camion qui vous précède. Recevoir une boule de neige derrière la tête. Un glaçon en plein cœur. Être aveuglé par la neige. Ne plus pouvoir détacher sa langue d’un barreau de métal. Se couvrir de ridicule en essayant de construire un igloo (p. 29-30).
«Jouer au hockey» serait un «accident» dont il faudrait «se méfier», au même titre que «Se faire happer par une souffleuse». Voilà qui est dur pour les amateurs de ce sport bien hivernal.
P.-S. — C’est en écoutant la livraison du 12 décembre 2015 de l’émission de radio C’est fou… (Radio-Canada) que l’Oreille s’est promis de lire Abolissons l’hiver !
P.-P.-S. — Dans une version préliminaire d’un article consacré au duo Bernard Arcand / Serge Bouchard, un vieil ami de l’Oreille, Laurent Mailhot, s’amusait du fait que le livre d’Arcand ait été publié aux éditions du… Boréal.
Mailhot, Laurent, «Arcand et Bouchard : deux anthropologues dans les lieux dits communs», dans Plaisirs de la prose, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2005, p. 267-291.
«Nobody’s Jackie Robinson.»
Robert B. Parker, Hush Money, 1999
L’Oreille tendue n’a jamais caché son admiration pour le baseballeur Jackie Robinson (1919-1972). Celui-ci étant né un 31 janvier, ci-dessous, pour rappel, les textes qu’elle lui a consacrés.
Sur le livre numérique «augmenté» ou «enrichi» — texte, photos, vidéos, liens — de Lyle Spencer, Fortitude. The Exemplary Life of Jackie Robinson, le 22 avril 2013.
Sur le film biographique 42 de Brian Helgeland, le 25 avril 2013.
Sur Robinson et Maurice Richard — c’est du hockey —, le 15 avril 2015.
[Complément du 31 janvier 2019]
Sur le documentaire consacré à Robinson par Ken Burns, le 11 avril 2016.
Un collègue de l’Oreille tendue, croulant sous les corrections, lui écrit ceci :
Pourquoi les gens ont-ils décidé que l’adverbe «finalement» n’existait plus ? Pourquoi «en définitive» est-elle devenue une expression obsolète ? […] «Au final» est devenu au Québec ce qu’est «pas de souci» en France : une ponctuation. Bon je me calme.
«Au final», donc.
Ce collègue n’est pas seul à avoir remarqué sa prolifération, au Québec comme en France. Antoine Perraud a consacré sa chronique du 25 octobre 2015 sur France Culture à ce «tic de langage». Le Monde publiait, le 7 février 2014, un article de Didier Pourquery intitulé «Pour en finir avec l’expression “au final”».
La récrimination est généralisée : pas de doute là-dessus.
Signalons cependant le flair de James Grieve, qui a publié un article savant sur le sujet. Son incipit : «A new connective structure has recently evolved in French : au final.» Quand a-t-il annoncé cette évolution «récente» ? En 1995.
L’Oreille tendue l’a écrit à quelques reprises : elle pense que l’inventeur de la baladodiffusion (du podcast) est un bienfaiteur de l’humanité (voir ici et là). Mais qu’écoute-elle ? Il y a désormais un bouton pour le savoir, «Balados», en haut, à gauche. Bonne écoute.