Autopromotion(s) 232

Cette semaine, l’Oreille tendue va beaucoup parler.

Cet après-midi, elle sera à Saint-Hyacinthe pour une conférence intitulée «Diderot : de l’Encyclopédie à Wikipédia».

Vendredi, aussi en après-midi, mais à Montréal, elle causera livre scientifique dans le cadre de la Journée internationale de la Francophonie.

Samedi, toujours en après-midi, à Québec cette fois-là, elle interviendra lors de la journée sur la nordicité qui se tiendra au Musée de la civilisation. Sujet ? «Notre sport national ? Parler de hockey !»

 

[Complément du jour]

Vous voulez savoir de quoi causera l’Oreille vendredi ? Lisez ceci :

Letarte, Martine, «Écrire en français à l’ère du numérique», le Devoir, 12-13 mars 2015, p. H3.

 

[Complément du 4 mai 2016]

La table ronde du 18 mars, «Écrire en francais à l’ère du numérique», est désormais disponible en ligne.

Le niveau baisse ! (1962)

Gilles Marcotte, le Poids de Dieu, 1962, couverture

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«Maître Normand, notaire à Sainte-Eulalie, est d’avis que les impôts sont trop élevés; que l’art oratoire est en décadence; que, de manière générale, le monde court à sa perte.

La faute en est évidemment à la jeunesse.

— Les jeunes d’aujourd’hui, monsieur l’abbé, ne savent plus raisonner. Tirer une conclusion de données bien posées leur paraît une opération trop difficile et, pour tout dire (l’avant-bras balayant l’espace), pas très intéressante. Je ne sais pas ce qu’on leur enseigne dans les collèges, mais le résultat est déplorable. J’ai bien peur que l’on n’y sacrifie un peu trop souvent sur l’autel du hockey (Maître Normand prononce “hocquet”), de la balle au camp et du tennis. Notre temps est celui de la facilité, monsieur l’abbé !»

Source : Gilles Marcotte, le Poids de Dieu, Paris, Flammarion, 1962, 218 p., p. 119.

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

Être et avoir ? Oui

Pierre Popovic, Entretiens avec Gilles Marcotte. De la littérature avant toute chose, 1996, couverture

À l’occasion (ici, ), l’Oreille tendue aime rappeler qu’il est parfaitement légitime d’utiliser les verbes avoir et être, malgré ce que semblent croire des hordes de professeurs de français.

Elle s’est donc réjouie de (re)lire ceci, dans les entretiens qu’a donnés Gilles Marcotte à Pierre Popovic en 1996 sous le titre De la littérature avant toute chose :

Mais ce qui me frappait, qui m’attirait surtout dans ce livre [la Vie intellectuelle, 1921], c’était l’écriture. Le père Sertillanges était un bon écrivain. Il pratiquait une écriture très simple, économe, réduite à l’essentiel, très peu portée sur les figures de style. J’opposais cette langue-là à ce qu’exigeait de nous le professeur de rhétorique qui, lui, voulait nous faire suivre les conseils du manuel Durand, supprimer presque tous les mots non colorés, notamment les verbes être et avoir. Il les soulignait même, avec réprobation, dans les citations. J’ai vraiment opté, à ce moment-là, contre mon professeur, avec une conscience plus ou moins nette des enjeux, pour l’écriture simple contre l’écriture ornée, visiblement travaillée (p. 14-15).

Le conseil demeure est valable.

 

[Complément du jour]

S’agissant de la poésie de Saint-Denys Garneau :

D’autre part, la forme même de sa poésie me convenait tout à fait : cette poésie extrêmement simple, nue, qui aime le verbe être et le verbe avoir, qui n’emploie jamais de grands mots, qui reste tout près du murmure de la confidence, cela correspondait à l’idée que je me faisais instinctivement de l’écriture, de la poésie vraie (p. 53).

 

[Complément du 3 janvier 2017]

Dans son roman graphique Fun Home (2006), Alison Bechdel se souvient des commentaires d’un de ses professeurs sur un de ses devoirs de lettres :

Our papers came back bloodied with red marks—most lavishly the withering «WW» for «Wrong Word».
«Is» ? How can «is» be wrong ?
(éd. de 2014, p. 201).

En anglais comme en français, le verbe to be (être, «is») pourrait donc être le mauvais mot («Wrong Word»). Pourquoi ?

 

[Complément du 27 juin 2022]

Souvenir scolaire d’Élise Turcotte dans Autobiographie de l’esprit (2013) : «Je me souviens que le verbe être était interdit à l’école» (p. 42).

 

[Complément du 20 a0ût 2023]

On ne cesse, au Québec, de vanter les mérites linguistiques du descripteur sportif René Lecavalier. Quel conseil a-t-il donné à Claude Raymond, joueur de baseball reconverti en analyste télévisuel ? «Comme René Lecavalier me l’avait déjà conseillé, une des clés était de rester simple, de ne pas hésiter à utiliser les verbes avoir et être» (chapitre «Du haut de la passerelle», dans Frenchie).

 

Références

Bechdel, Alison, Fun Home. A Family Tragicomic, New York, A Mariner Book, Houghton Mifflin Harcourt, 2014, 232 p. Édition originale : 2006.

Popovic, Pierre, Entretiens avec Gilles Marcotte. De la littérature avant toute chose, Montréal, Liber, coll. «De vive voix», 1996, 192 p. Ill.

Raymond, Claude, avec Marc Robitaille, Frenchie. L’histoire de Claude Raymond. Récit biographique, Montréal, Hurtubise, 2022. Ill. Préface d’Yvan Dubois. Édition numérique.

Turcotte, Élise, Autobiographie de l’esprit. Écrits sauvages et domestiques, Montréal, La mèche, coll. «L’ouvroir», 2013, 229 p. Ill.

Un portrait de Marc Denis

Gilles Marcotte, le Poids de Dieu, 1962, couverture

 

«Pourtant, ce soir-là, le premier moment d’exaltation passé, Claude avait senti que leur amitié ne résistait pas au temps. Seul Marc Denis continuait d’habiter la zone où ils s’étaient rencontrés. D’une intelligence brillante, travailleur infatigable, cultivé comme il n’est guère habituel dans son milieu, on l’avait affecté à l’enseignement au grand séminaire. Claude éprouvait un plaisant vertige à se laisser entraîner par lui d’un point à l’autre du vaste domaine intellectuel où Marc se mouvait avec une aisance prodigieuse. De saint Thomas à André Gide, de Platon à quelque théorie scientifique, c’étaient des rapports d’une rapidité fulgurante, établis par une intelligence jamais en repos. Mais, pour Claude, le point de saturation est venu plus tôt que d’habitude. Au grand séminaire, déjà, quand il baignait dans une atmosphère d’intense ferveur théologique, il lui arrivait d’être lassé par la haute voltige de Marc Denis. Maintenant, le fil est coupé» (p. 63-64).

P.-S. — On ne confondra pas ce Marc Denis, personnage d’un roman de Gilles Marcotte, le Poids de Dieu, paru en 1962, avec l’ex-cerbère de la Ligue nationale de hockey qui porte le même nom.

 

Référence

Marcotte, Gilles, le Poids de Dieu, Paris, Flammarion, 1962, 218 p.

Chanter Henri Richard

Réplique du casier de Henri Richard, Temple de la renommée, Toronto

Le joueur de hockey Henri Richard, le frère de l’autre, est né un 29 février, en 1936.

Anna McGarrigle lui a consacré une chanson en 1974 («Hommage à Henri Richard», 2 minutes 13 secondes, disque 45 tours, étiquette PAC 4411 Pacha).

Henri Richard, vous êtes bien correct
Henri Richard, prenez pas votre retraite

Salut Henri, petit bonhomme brave
Capitaine de notre équipe gagnante

Henri Richard, vous êtes bien correct
Henri Richard, prenez pas votre retraite

Cheveux gris, visage cicatrisé
Pocket Richard, nous sommes vos amis

Henri Richard, vous êtes bien correct
Henri Richard, prenez pas votre retraite

Numéro 16, vous nous mettez à l’aise
Vous serez bientôt canonisé

Henri Richard, vous êtes bien correct
Henri Richard, prenez pas votre retraite

Vous comptez trop et la bière est gratuite
Tavernier vous allez faire faillite

Henri Richard, vous êtes bien correct
Henri Richard, prenez pas votre retraite

Bâton d’hockey pour em’ner d’une rondelle
Son épée est le cœur du Canadien

Henri Richard, vous êtes bien correct
Henri Richard, prenez pas votre retraite

Henri Richard, vous êtes bien correct
Henri Richard, prenez pas votre retraite

P.-S. — D’autres chansons sur le hockey ? Par ici.

 

[Complément du 8 mars 2020]

Henri Richard vient de mourir.

On peut entendre la chanson .

 

Illustration : Michael Barera, réplique du casier de Henri Richard dans le vestiaire des Canadiens de Montréal, Temple de la renommée du hockey, Toronto (Ontario, Canada), 24 juillet 2010, photo déposée sur Wikimedia Commons