Autopromotion 789

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Au printemps 2013, pendant les séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey, l’Oreille tendue a publié quotidiennement les entrées de son «Dictionnaire des séries», auquel elle a fait des ajouts au fil du temps.

L’année suivante, elle en tirait un petit livre intitulé Langue de puck. Abécédaire du hockey (voir ici).

Une version revue et augmentée de ce livre paraît cette semaine, toujours chez Del Busso éditeur, avec une préface d’Olivier Niquet (merci !) et des illustrations de Julien Del Busso (bis).

L’abécédaire a été actualisé et six textes synthétiques ont été ajoutés : «Le gardien et les autres», «Le bal du printemps», «Les temps d’une puck», «La chaise du gestionnaire», «Ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini», «Et maintenant ?»

Pour les amateurs de statistiques…

Plus de 900 mots et expressions du hockey

200 citations, de sources diverses : médias, roman, poésie, théâtre, chanson, cinéma, etc.

Un abécédaire de 61 entrées

23 illustrations

Six textes complètement nouveaux

Une préface, mais d’Olivier Niquet

Quatrième de couverture

Pourquoi faut-il que les joueurs de hockey trouvent leur chaise ? Qu’arrive-t-il quand on leur donne du temps et de l’espace ? Est-il acceptable qu’ils purgent une mineure sur le banc ? Qui est ce L’aveuglette à qui tant de passes sont destinées ?

En 2014, avec Langue de puck, Benoît Melançon proposait un premier périple dans les mots du hockey. Il a séduit la critique et les lecteurs, amateurs ou pas.

Aujourd’hui, plutôt que de couper son banc, il offre une version revue et augmentée de son Abécédaire du hockey. Il continue de marier sa passion pour les mots à son amour du sport.

Professeur émérite de l’Université de Montréal, Benoît Melançon est essayiste et blogueur (oreilletendue.com). Dix-huitiémiste de formation, il travaille actuellement sur les questions de langue au Québec et sur les rapports du sport et de la culture. Lauréat du prix Georges-Émile-Lapalme, la plus haute distinction du gouvernement du Québec en matière de rayonnement et de qualité de la langue française, il patine sur la bottine.

 

Dans les médias…

«De la belle ouvrage. L’auteur dribble habilement avec la puck et la culture. Un livre désopilant et pince sans rire. C’est comme ça. Ne vous laissez pas tromper par la quatrième de couverture : Prof M. ne patine pas sur la bottine» (Luc Jodoin, «Prolégomènes à la “Langue de puck” par le Front de libération des chaises», entrée de blogue, BiblioBabil, 7 novembre 2024).

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Entendre Maurice Richard (lire)

Poste de radio Marconi représentant Maurice Richard

L’Oreille tendue s’intéresse depuis de nombreuses années aux représentations de Maurice Richard (1921-2000), l’ancien ailier droit des Canadiens de Montréal (voir ici) — c’est du hockey. Elle a eu souvent l’occasion d’entendre des entretiens qu’il a donnés, la plupart brefs.

Celui de 1950, accordé à Michel Normandin pour la radio de Radio-Canada, est plus long que les autres.

Sur le plan linguistique, cet entretien ne manque pas d’intérêt. On y emploie le passé simple. On y soigne son vocabulaire («toutefois»). On se méfie des mots anglais (une seule occurrence : «back-checking»). Toutes les négations sont accompagnées par «ne». Les liaisons sont appuyées («deux mois zà peine»). Et que dire des splendides «r» de Normandin !

Sur le plan médiatique, une chose frappe immédiatement : l’animateur et son invité lisent un texte, le second avec quelques hésitations.

Les temps ont un brin changé.

 

Référence

1936-1986. Voici Radio-Canada. Les meilleurs moments à l’antenne de notre radio nationale, Montréal, Société Radio-Canada, en collaboration avec Air Canada, 1986, série de cassettes accompagnée d’un livret. Préfaces de Robert Blondin et de Jean Blais. L’extrait ci-dessus, présenté par Robert Blondin, se trouve sur la cinquième cassette, 1948-1951, face A.

Espoirs de saison

Almanach du peuple 86, couverture

La saison de la Ligue nationale de hockey vient de commencer. Les amateurs prient pour que leur équipe triomphe. C’était déjà vrai en 1986 (et bien avant), s’agissant des Canadiens de Montréal.

«La profession de foi
de la sainte famille»

Je crois en un seul club
Le Canadien tout-puissant
Créateur du hockey professionnel
Et en Jacques Lemaire son entraîneur
Qui a été conçu pour la victoire
Est né pour gagner
A souffert sous Scotty Bowman
Il s’est retiré, a appris son métier d’entraîneur
Il est descendu au vestiaire
Le troisième jour est monté dans le feu de l’action
Il est assis à la droite de Serge Savard
D’où il viendra juger les bons et les mauvais (Nordiques)
Je crois en Ronald Corey
À la sainte flanelle
À la communion des joueurs
À la rémission des erreurs
À la réussite du Canadien
Et à la coupe Stanley
Amen !

(Le Point, Montréal-Nord, reproduit dans Almanach du peuple 86, 117e année, p. 799)

P.-S.—Le hockey comme religion ? Certes.

Repenser un certain Québec

Catherine Larochelle, Marie-Louise et les petits Chinois d’Afrique, 2024, couverture

À Rome, dans les archives de l’Œuvre de la Sainte-Enfance, une association charitable fondée en France en 1843, devenue «œuvre pontificale missionnaire» en 1922 (p. 22), l’historienne Catherine Larochelle découvre environ 200 lettres de jeunes catholiques, surtout des filles et des femmes, souvent pauvres, de la fin du XIXe et du début du XXe siècle résidant au Québec (plus largement, au Canada français). Ces lettres contenaient des dons, généralement modestes, pour sauver l’âme d’enfants bien éloignés, les «petits Chinois». Comment rendre compte du contenu de ces lettres ? De quelle façon les interpréter ? Quelles en sont les «lectures imaginables» (p. 75) ?

Catherine Larochelle a choisi la forme épistolaire : elle écrit à un ami, qui n’a fait «que des passages éphémères et irréguliers dans [sa] vie» (p. 59), mais qui compte pour elle, des lettres (titrées) dont on ne sait pas si elle les a envoyées ou pas. Ces lettres donnent à lire plusieurs extraits des archives romaines. Elles permettent de réfléchir à divers aspects de la société québécoise, notamment à son rapport à la religion et à son ouverture sur le monde.

Puisqu’il s’agit d’une correspondance, l’autrice livre d’elle-même un autoportrait. Son travail d’historienne est influencé par l’œuvre de non-historiens, Thierry Hentsch, Paolo Virno, Dalie Giroux, Emmanuel Lévinas, Susan Sontag, Sara Ahmed, Madeleine Ouellette-Michalska, Nicole Brossard. Sa «jeunesse» a été «catholique» et son adolescence, «humanitaire» (p. 24-25), mais elle a perdu la foi (p. 27, p. 61, p. 73). Elle a rêvé d’être un garçon (p. 52), avant de devenir féministe (p. 73). Elle vient d’une famille nombreuse : «Les deux idéologies qui m’ont été transmises sont le catholicisme humanitaire (qui n’est pas la même chose que le catholicisme de gauche) et le libéralisme-capitalisme. C’est ça, mon héritage familial» (p. 71). Elle ne se définit pas comme un «être national» (p. 72) : «Je ne reconnais pas l’héritage qu’on m’a transmis dans le récit de l’histoire nationale telle que l’école l’enseigne et que le pouvoir politique la transmet» (p. 142). La question de l’identité, individuelle et communautaire, la préoccupe.

Son destinataire ? Mathématicien, Thomas (ce n’est pas son vrai nom) vit sur la route depuis de nombreuses années. La littérature les unit (p. 45), de même que leur milieu familial (p. 71) et que leur pensée politique (p. 73). Il est «l’aventurier des grands espaces, le plaideur des causes difficiles» (p. 139). Le portrait d’ensemble reste cependant assez (et volontairement) flou : «Qui es-tu ?» (p. 139)

Le propos est ferme. La présence au Canada de l’Œuvre de la Sainte-Enfance est «inscrite dans la trame raciste de notre passé» (p. 27-28). Elle oblige à relativiser le concept de «Grande Noirceur» (p. 25, p. 28). Les «liens transnationaux» révélés par les archives romaines «brisent les frontières du roman national» (p. 62), de «notre récit collectif» (p. 64), d’un «récit national aux frontières étanches» (p. 75). Il faut déconstruire «le ressenti de la femme blanche» (p. 79), dont celui de l’autrice, qui le dit clairement. Affirmer des Québécois que ce ne sont pas des colonisés (p. 99) n’est guère recevable, ni dans la sphère publique ni dans la communauté historienne : «Il y a un raccourci dommageable dans le fait de résumer de la sorte l’histoire de ces francophones d’Amérique du Nord» (p. 100). Les lettres «La colonisation» — Larochelle y démonte le «projet génocidaire» canadien (p. 109) — et «L’humiliation» sont les plus inattendues de l’ensemble.

Larochelle consacre des passages à ses choix méthodologiques. Elle décrit les fonds consultés (p. 38-48), jusqu’à la matérialité des lettres (p. 47, p. 93). Elle explique pourquoi elle ne donne pas le véritable nom des personnes citées (p. 51). De façon plus significative, elle explique comment elle a mené ses recherches jusque-là : «Sais-tu pourquoi j’ai fait ma thèse de doctorat sur des archives aussi “sèches” que les archives scolaires ? […] J’ai pris cette voie parce que j’avais trop peur de choisir un sujet plus “humain”» (p. 91). Les archives de l’Œuvre de la Sainte-Enfance ne lui permettent plus cette distance. Travaillant sur des publications éphémères, rarement conservées en bibliothèque, elle doit avoir recours à… eBay (p. 103). (L’Oreille tendue a beaucoup travaillé sur le sport et la culture au Québec. Elle a dû souvent procéder de la même façon.)

Voilà un livre bref mais important.

P.-S.—Pourquoi, dans le titre, «d’Afrique» ? Ce n’est pas expliqué, au-delà de ceci : «Beaucoup au Québec se rappellent avoir “acheté des petits Chinois” ou des “petits Chinois d’Afrique” à l’école» (p. 21).

 

Référence

Larochelle, Catherine, Marie-Louise et les petits Chinois d’Afrique, Montréal, Mémoire d’encrier, coll. «Cadastres», 2024, 144 p.

Révolution à la Presse+

«Le calendrier républicain illustré», «Ventôse», illustration de 1794

Prenons, au hasard, un quotidien montréalais : la Presse+.

Toujours au hasard, consultons une édition : celle du 17 septembre 2024.

Posons-nous enfin, sans quitter le monde de l’aléatoire, une seule question : y est-il fait mention de la Révolution française ?

Triple réponse.

Aux sports, on a recours au calendrier révolutionnaire : «Depuis trois ans, le mois de ventôse — à partir de la fin de février, pour les adeptes du calendrier grégorien — est synonyme d’adieux pour les joueurs du Tricolore

En politique états-unienne, on se sert de la Révolution deux fois.

La première pour parler des déclarations de Donald Trump au sujet des médias : «Sous la Terreur en France, [les journalistes] étaient guillotinés, en Union soviétique, ils étaient fusillés.» (Ils ne furent pas les seuls ni dans un cas, ni dans l’autre.)

La seconde à propos des fans de l’ancien président : «L’armée de partisans qui se présente aux rassemblements de Donald Trump pourrait parfois ressembler aux ruées de “sans-culottes” lors de la Révolution française.» (On ne voit pas exactement sur quoi cela serait fondé.)

Le hasard fait parfois bien les choses.

P.-S.—Oui, c’est bien à cela que pense l’Oreille tendue quand elle s’intéresse aux classiques «au jour le jour».

 

Référence

Melançon, Benoît, Nos Lumières. Les classiques au jour le jour, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, 194 p.

Benoît Melançon, Nos Lumières, 2020, couverture