L’oreille tendue de… Jonathan Bernier

Jonathan Bernier, Sur le beat du Canadien, 2015, couverture

«Nous tendons l’oreille. [Mike] Cammalleri parle toujours au téléphone. “Tu n’as sûrement pas cogné assez fort», dis-je à [Jérémie] Rainville. [Richard] Labbé s’approche et frappe. Toc ! Toc ! Toc ! Nous tendons de nouveau l’oreille. L’ancien joueur du Canadien discute toujours avec son interlocuteur. “C’est à mon tour. Là, on joue le tout pour le tout.” Je prends une grande respiration (rappelons que nous ne sommes jamais parvenus à statuer sur la légitimité de notre geste) et je me lance. Toc ! Toc ! Toc ! Je recule aussitôt, tel un boxeur lançant un jab et craignant la contre-attaque. Sans succès. Cammalleri refuse de répondre.»

Jonathan Bernier, Sur le beat du Canadien. 30 épisodes marquants racontés par 30 journalistes, préface de Guy Lafleur, Montréal, Éditions de l’Homme, 2015, 265 p., chapitre 24. Édition numérique.

L’oreille tendue de… Martin McGuire

Martin McGuire et Dany Dubé, Bon match !, 2023, couverture

«J’entre donc et je tombe sur le responsable de l’équipement, Pierre Gervais, qui ramasse ses affaires. Il me regarde avec des points d’interrogation dans les yeux, l’air de dire : “Pourquoi t’arrives par cette porte-là, toi ?” Je lui demande si le vestiaire est ouvert, il me répond par la négative. Je tends l’oreille et j’entends les joueurs du Canadien chanter.»

Martin McGuire et Dany Dubé, avec la collaboration de François Couture, Bon match !, Montréal, Éditions de l’Homme, 2023, 233 p., chapitre 12. Ill. Préface de Ron Fournier. Introduction de François Couture. Édition numérique.

Sauter, ou pas

«Jack Roslovic fait le saut en Caroline», manchette de RDS.ca, juillet 2024

En français de référence, qui fait le saut, par exemple en politique, va de l’avant après avoir pris une décision, s’engage.

En français populaire du Québec, un autre sens est possible : qui fait le saut est étonné, au point de sauter en l’air. Exemple : «En regardant le projet de troisième lien du gouvernement du Québec, les experts ont fait le saut.»

À votre service.

P.-S.—Étonné ou surpris ? Par .

P.-P.-S.—Cela ne paraît pas avoir grand-chose à voir avec l’expression sauté de la calotte.

À l’aide !

Il était question avant-hier de Frédéric Lord. Rebelote.

Le 25 juin, pendant un match de l’Euro, Lord a évoqué un barbier, sans être sûr de savoir de qui ledit barbier avait coupé les cheveux. «On va mettre un homme là-dessus», conclut-il.

Dans le français populaire du Québec, qui dit vouloir mettre un homme là-dessus annonce, sur le mode plaisant, qu’il a besoin d’aide.

L’expression a donné son titre à une chanson de Richard Desjardins en 1993, «M’as mettre un homme là-dessus». Extrait :

Pour moi y s’est faite manger par la souffleuse
Ou par le gars d’l’autre bord de la rue.
Toute cette affaire est nébuleuse.
M’as mettre un homme
M’as mettre un homme
M’as mettre un homme là-dessus.

À votre service.

 

Fous du couvre-chef

L’Oreille tendue avec sa calotte Stihl

Soit les deux phrases suivantes :

«Mais après une dizaine d’années à faire la tournée des patinoires, je n’ai presque pas vu de cas de parents sautés de la calotte, d’entraîneurs qui voulaient en découdre avec un arbitre prépubère ou d’attaquants imberbes qui se prenaient pour Georges Laraque» (la Presse+, 1er octobre 2023);

«J’en ai vu en sainte-piété, des séries et des documentaires à propos de sectes d’illuminés et de leurs leaders chevelus et sautés de la calotte» (la Presse+, 9 juillet 2024).

Certaines personnes, donc, pourraient être sautées de la calotte.

Dans le français populaire du Québec et sur l’échelle de la bêtise, le sauté de la calotte est un fou. Il n’est pas fréquentable.

P.-S.—Ce sauté n’est pas équilibré.

P.-P.-S.—Cette calotte est la partie supérieure de la boîte crânienne et une casquette, la seconde protégeant la première.