N’achetons pas local

Gilles Guilbault, joué par Michel Forget, dans Lance et compte

Soit la phrase suivante, tirée de la Presse+ : «La majorité achète ces bonnes paroles.» Pourtant, il n’y avait pas de «bonnes paroles» à vendre.

D’où vient alors ce «achète» ? Directement de l’anglais : «The majority buys that argument» (traduction volontairement très libre).

Par quoi le remplacer ? Accepte, fait siennes, etc.

P.-S.—Les amateurs de séries télévisées québécoises se souviendront évidemment du Gilles Guilbault de Lance et compte : «J’achète pas ça.»

Maurice Richard au mur

En 2015, les productions Murale A’shop commandent à Zek One et Dodo Ose une murale pour honorer Maurice Richard, l’ancien joueur des Canadiens — c’est du hockey. Elle se trouve rue Fleury, à Montréal.

Murale de Maurice Richard, rue Fleury, Montréal

À l’été 2020, pour le siège social montréalais de la banque TD, le même Zek a proposé une série sur les «Grands Montréalais». Parmi eux, encore une fois, Maurice Richard.

Murale de Maurice Richard, siège social de la banque TD, Montréal

À ces deux œuvres ajoutons celle-ci, qu’on peut voir à l’intérieur du Forum Pepsi AMC.

Murale de Maurice Richard, Forum Pepsi AMC, Montréal

Les murs montréalais parlent du Rocket.

P.-S.—Le visage de Maurice Richard se trouve aussi sur des murs d’hôtel.

 

[Complément du 28 novembre 2024]

La murale de la rue Fleury évolue. Photo du 27 novembre 2024, gracieuseté du Bibliothécaire Hispanophone.

Murale de Maurice Richard, rue Fleury, Montréal, 27 novembre 2024

Vaut mieux pas

Coureuse fatiguée, qui «pompe l’huile»

Soit l’expression suivante, tirée de la Presse+ du 8 octobre : «on devine que Jake Allen devait commencer à pomper l’huile». (Jake Allen ? C’est du hockey.)

Pomper l’huile, donc. En français populaire du Québec, avoir du mal, tirer la langue, y arriver difficilement.

Chez Pierre DesRuisseaux : «Haleter, être essoufflé, souffleter» (p. 181).

À votre service.

P.-S.—On ne confondra pas cette pompe avec une autre.

 

Référence

DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015, 380 p. Nouvelle édition revue et augmentée.

Pourvu que ça dure

Adjectif à surveiller : durable.

On connaissait le développement durable. Il y maintenant des territoires durables, la finance durable, l’investissement durable, l’agriculture durable, l’ingénierie durable, voire la santé durable.

Tendons l’oreille.

 

[Complément du 26 octobre 2021]

N’oublions ni l’aréna durable, ni les industries durables.

 

[Complément du 13 décembre 2021]

Pourquoi se contenter d’une durabilité sectorielle (en quelque sorte) ? Allons-y pour la totale, comme dans cette publicité parue dans le Devoir des 11-12 décembre 2021 (p. E2).

Publicité pour une «société durable», le Devoir, 11-12 décembre 2021, p. E2

Autopromotion 598

Anne Caumartin, Julien Goyette, Karine Hébert et Martine-Emmanuelle Lapointe (édit.), Je me souviens, j’imagine. Essais historiques et littéraires sur la culture québécoise, 2021, couverture

Les Presses de l’Université de Montréal publient, sous la direction d’Anne Caumartin, Julien Goyette, Karine Hébert et Martine-Emmanuelle Lapointe, un ouvrage collectif intitulé Je me souviens, j’imagine. Essais historiques et littéraires sur la culture québécoise. Dédié «À la mémoire de Laurent Mailhot (1931-2021)», il est disponible en plusieurs formats et en libre accès.

L’Oreille tendue y publie un texte, «Le Forum de Montréal».

Quatrième de couverture

L’originalité de cet ouvrage est de tenter de mettre en perspective une part des mythes, des emblèmes et des lieux communs de l’imaginaire collectif québécois tout en misant sur les expériences, les réflexions et les souvenirs personnels des auteurs. Ni rappel d’un glorieux passé français, ni réification d’une américanisation, ni célébration d’une historiographie ou d’une littérature savante, ni enfin apologie d’une «vraie» culture populaire, les objets qui le composent ont d’abord été retenus pour leur portée interprétative. En dehors de toute prétention à l’encyclopédisme ou à la représentativité, ils ont en commun d’offrir différentes strates de représentations. Qu’il s’agisse de tordre le cou aux mythes les plus persistants ou de ranimer certains spectres envahissants pour mieux les prendre à parti, les 26 collaborateurs ont tous joué le jeu de la relecture et de l’actualisation, conjuguant, en des proportions variables, une démarche savante et une écriture essayistique.

Table des matières

Introduction, p. 9-18

Première partie. Où ? Les espaces de la culture

«Constituer un territoire, mot à mot. Autour et à rebours du coureur des bois et de l’habitant», Michel Lacroix, p. 21-34

«L’hiver», Daniel Laforest, p. 35-47

«Colonisation. Trois récits sans futur», Micheline Cambron, p. 49-69

«La rivalité Montréal-Québec. Histoire et mémoire d’un antagonisme», Harold Bérubé, p. 71-95

«Le Forum de Montréal», Benoît Melançon, p. 97-105 — https://doi.org/1866/28556

Deuxième partie. Quand ? Les moments de la culture

«La Conquête dans la mémoire et l’imaginaire québécois», Charles-Philippe Courtois, p. 109-138

«Patriotes ou rebelles», Michel Ducharme, p. 139-158

«Les rouges», Yvan Lamonde et Jonathan Livernois, p. 159-174

«Splendeurs et misères de la “revanche des berceaux”», Denyse Baillargeon, p. 175-195

«La Grande Noirceur, ou visa le noir, tua le blanc», Julien Goyette, p. 197-213

«Le kaléidoscope de la mémoire d’Octobre», Jean-Philippe Warren, p. 215-229

Troisième partie. Qui ? Les figures de la culture

«Nous autres, ou l’Autre en nous. Échos de la parole autochtone au Québec», Catherine Broué et Marie-Pier Tremblay Dextras, p. 233-255

«Les porteurs d’eau», Vincent Lambert, p. 257-271

«“C’est pas l’anglais qui vous fait peur”.  L’antagonisme anglais dans l’imaginaire québécois», Martine-Emmanuelle Lapointe, p. 273-286

«La mère de tous les maux. Le mythe du matriarcat au Québec», Karine Hébert, p. 287-305

«Les vestiges d’un passé catholique», Karine Cellard, p. 307-329

«De l’utilité des “maudits Français”. Une histoire d’amour vache et de bouc émissaire», Élisabeth Haghebaert, p. 331-356

Quatrième partie. Quoi ? Les objets de la culture

«Entre parler (le bon) français et parler joual», Chantal Bouchard, p. 359-369

«Le butin du cortège triomphal. Le patrimoine de la migration», Martin Pâquet, p. 371-395

«Un héritage problématique. La mémoire de la religion», Mathieu Bélisle, p. 397-412

«Les “grands romans québécois”», Élisabeth Nardout-Lafarge avec la collaboration de Chloé Savoie-Bernard, p. 413-433

«La fatigue culturelle», Michel Biron, p. 435-457

 

Référence

Caumartin, Anne, Julien Goyette, Karine Hébert et Martine-Emmanuelle Lapointe (édit.), Je me souviens, j’imagine. Essais historiques et littéraires sur la culture québécoise, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Champ libre», 2021, 461 p. Ill.