Portrait cruel du jour

Dennis Lehane, Moonlight Mile, éd. de 2011, couverture

«The blond woman was Donna, I assumed. She was attractive the way sports bar hostesses and pharmaceutical reps are — hair the color of rum and lots of it, teeth as bright as Bermuda. She had the look of a woman who kept her plastic surgeon on speed dial. Her breasts were prominently displayed in most of the photos and looked like perfect softballs made of flesh. Her forehead was unlined in the way of the recently embalmed and her smile resembled that of someone undergoing electroshock.»

Dennis Lehane, Moonlight Mile. A Kenzie and Gennaro Novel, New York, Harper, 2011, 348 p., p. 132. Édition originale : 2010.

Les deux côtés de la rondelle

La rondelle des Rolling Stones (Montréal, 2013)

La rondelle — l’Oreille tendue n’apprendra rien à personne — est essentielle au hockey. (Il en était longuement question ici.)

La rondelle — bis — est ronde.

On pourra dès lors s’étonner de lire ceci, sur le site de Radio-Canada : Nick Suzuki «a été fiable des deux côtés de la rondelle, affirme Carey Price». Ronde, la rondelle n’a habituellement pas de côté(s). Que peut bien vouloir dire le gardien des Canadiens de Montréal ? (La rondelle a bien deux faces, mais cela ne nous avance guère dans l’interprétation de la nouvelle radio-canadienne.)

Laissons un coéquipier de Suzuki, Phillip Danault, traduire : le jeune joueur de centre des Canadiens est solide «dans les deux sens de la patinoire», à l’offensive comme à la défensive.

Voilà un joueur complet.

P.-S.—Oui, c’est de la langue de puck.

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

Prudence

Mauricio Segura, Viral, 2020, couverture

Soit la phrase suivante, tirée d’un dialogue de Viral, le roman récent de Mauricio Segura :

Certains immigrants, poursuivit Alexandre, c’est plate à dire, arrivent ici avec une mentalité, euh… peu évoluée ? (p. 62)

Plate à dire : qu’est-ce à dire ?

En 2004, l’Oreille tendue coproposait l’explication suivante de cette expression :

Précède un commentaire dont on sait qu’il est déplacé. C’est plate à dire, mais les allophones / les autochtones / les ethnies / les Québécois de souche, y consomment (p. 165).

Synonymes : J’veux rien dire, mais; C’est triste à dire, mais.

P.-S.—La polysémie de plate est, en effet, considérable.

 

[Complément du 27 février 2021]

Existe en version écrite : «C’est plate à écrire, mais le compte Instagram de Britney Spears, tellement bizarre, ne donne pas non plus l’impression qu’elle est en pleine possession de ses moyens» (la Presse+, 27 février 2021).

 

[Complément du 12 décembre 2021]

Existe en version sportive, dans la Presse+ du 16 janvier 2021 :

L’expression «plate à dire» dans un texte sur le sport dans la Presse+

 

Références

Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p.

Segura, Mauricio, Viral. Roman, Montréal, Boréal, 2020, 294 p.

Benoît Melançon, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, éd. de 2019, couverture

x

En 2017, sur Twitter, @rafov74 et @JulienLefortF s’inquiétaient.

Deux tweets sur «être sur son x»

Être sur son x ? L’expression existe depuis quelques années et elle est appréciée des chroniqueurs culturels et autres omnicommentateurs aussi bien que des gestionnaires et des artistes.

Son sens ? «Être exactement à l’endroit où l’on veut être dans sa vie, autant personnellement que professionnellement, c’est ça, être sur son X» (les Inspirés, 5 octobre 2015).

Un synonyme (surtout sportif) ? Être dans la bonne chaise.

Un danger ? Perdre son x. Heureusement, le chanteur Louis-Jean Cormier vient de retrouver le sien.

 

[Complément du 27 mars 2021]

Le x, pour certains, est une destination : «C’est un cliché, certes, mais Solange Drouin décide de l’assumer : en se joignant à l’ADISQ, en 1992, elle est arrivée sur son X» (la Presse+, 27 mars 2021).

 

[Complément du 17 août 2025]

Un antonyme ? Être hors de son X. Exemple : «Latifah Abdu et Tanya Boychuk ont semblé particulièrement hors de leur X, samedi» (la Presse+, 17 août 2025).

Accouplements 145

Portrait de Tennessee Williams à 54 ans, Wikipédia

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Pendant les matchs de hockey, le concessionnaire d’automobiles et de camions Paillé aime vanter la puissance de ses véhicules. Un camion, par exemple, tire plusieurs remorques. Sur l’une d’elles, on trouve une embarcation lacustre : «Un ponton nommé Désir.»

Dans le Devoir des 18 et 19 janvier, en titre : «Un sujet nommé désir» (le D Magazine, p. 4).

La postérité de Tennessee Williams est assurée.

 

[Complément du 25 février 2020]

France Culture frappe plus fort, sur Twitter :

 

[Complément du 25 août 2022]

Tous les Québecquois ne s’entendent pas sur la présence d’un tramway dans leur ville. Les préposés aux titres s’en donnent à cœur joie, note @ThomasOSP.

Titres de presse contenant des jeux de mots sur un titre de Tennessee Williams