La clinique des phrases (h)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit les phrases suivantes :

Le nouveau chef doit être choisi quelque part à l’automne 2017 (le Devoir, 7 septembre 2016, p. A5).

«L’amour est rare dans le monde des jinns, mais le sexe ne s’arrête jamais», écrit [Salman Rushdie] quelque part (le Devoir, 8 septembre 2016, p. A10).

Ces «quelque part» servent-il à quelque chose ? Non.

S’agissant du premier, la date du choix n’est pas arrêtée, puisqu’elle n’est pas précisée («automne 2017»); le «quelque part» est dès lors pléonastique.

Dans le second cas, si Salman Rushdie a écrit cette phrase, c’est nécessairement quelque part; bis.

Simplifions :

Le nouveau chef doit être choisi à l’automne 2017.

«L’amour est rare dans le monde des jinns, mais le sexe ne s’arrête jamais», écrit [Salman Rushdie].

À votre service.

P.-S. — Toutes les occasions sont bonnes pour le répéter : employer à ou en devant quelque part est un crime passible des plus douloureux sévices.

P.-P.-S. — Toutes les occasions sont bonnes pour le répéter aussi : écrit quelque part blesse la fibre bibliographique de l’Oreille tendue.

Accouplements 72

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Tout à l’heure, cette photo, de Martine Sonnet, sur Twitter : «Fiche de lecture : comme elles finissent #trottoirparisien.»

Photo par Martine Sonnet, 11 septembre 2016Il y a presque quatre ans, celle-ci, de l’Oreille tendue, aussi sur Twitter : «Trottoir montréalais • Les feuilles et les mers mortes se ramassent à la pelle.»

Photo par Benoît Melançon, 4 octobre 2012

L’automne arrive. Les trottoirs d’ici et de là-bas se couvrent de feuilles.

Les zeugmes du dimanche matin et de Gustave Flaubert

Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet, 1966, couverture

«Déchaîner. — On déchaîne ses chiens et les mauvaises passions» (p. 344).

«Déjeuner de garçons. — Exige des huîtres, du vin blanc et des gaudrioles» (p. 345).

Gustave Flaubert, «Dictionnaire des idées reçues», dans Bouvard et Pécuchet, Paris, Garnier-Flammarion, coll. «GF», 103, 1966, 378 p. Chronologie et préface par Jacques Suffel. Édition originale : 1881 (posthume).

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

De la garderie au stade

Cactus du Collège Notre-Dame, logo

Quiconque a fréquenté les garderies québécoises connaît le pronom de la deuxième personne du singulier du pluriel : Là, les enfants, tu mets ton manteau.

Avant aujourd’hui, l’Oreille tendue n’avait pas noté son emploi sur les terrains de football.

L’entraîneur de son fils cadet : «La diffense, fais un jeu.»

Celui de l’autre équipe, celle qui a perdu : «Fuck ! Place-toi, la défense.»

Il est vrai que les petits finissent par grandir.

P.-S. — En prévision de ce match, le premier de la carrière de Fils cadet, l’Oreille a mis à jour son introduction au vocabulaire du football.

Le niveau baisse ! (2012)

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«Il y a de bonnes raisons pour déplorer dans la période actuelle une anémie de la langue et un dépérissement de la littérature.»

Source : Pierre Nora, le Nouvel Observateur, 11 septembre 2012.

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture