Chantons la langue avec Robert Charlebois

Robert Charlebois, album Longue distance, 1976, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

N.B.—Le fait de reproduire ici une chanson n’est évidemment pas le signe qu’on en partage les valeurs.

 

Robert Charlebois, «Punch créole», Longue distance, 1976

 

Moi plus chanter en créole
Plus jamais chanter en créole
Pays trop pitit pour gagner sa vie
Moi plus chanter oh ! non jamais chanter
Moi plus chanter en créole
Plus jamais chanter en créole
Moi partir d’ici pour plus revenir
Moi plus chanter

Couché sur le dos
Dans le sable chaud
Avec sa doudou
Y fait son dodo
Les deux bras en croix
Comme le roi des rois
Y préfère mon île à son pays froid
Pour passer Noël et le Jour de l’an
Le touriste blanc qui a un p’tit argent

Moi plus chanter en créole
Plus jamais chanter en créole
Pays trop pitit pour gagner sa vie
Moi plus chanter oh ! non jamais chanter
Moi plus chanter en créole
Plus jamais chanter en créole
Moi partir d’ici pour plus revenir
Moi plus chanter

Il me fait courir
Après ses planteurs
Y m’appelle «Waiter»
D’un air supérieur
Ça m’met tout en sueur
Ça m’fait mal au cœur
Chu pas son chauffeur
Ni son serviteur
Mais chu d’la couleur
De ma clarinette
Je rêve aux sapins
Et aux épinettes

Moi plus chanter en créole
Plus jamais chanter en créole
Pays trop pitit pour gagner sa vie
Moi plus chanter oh ! non jamais chanter
Moi plus chanter en créole
Plus jamais chanter en créole
Moi partir d’ici pour plus revenir
Moi plus chanter

 

Accouplements 201

Le «câlice» de Megan dans Mad Men, 2012

(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Dans la Presse+ du jour, Marc Cassivi s’en prend à cette idée — en effet étrange — qu’une série télévisée produite au Québec doive être doublée en France : «On parle la même langue. Déniaiser en France veut dire la même chose qu’au Québec. Que les Français se déniaisent. Qu’ils fassent un minimum d’efforts pour comprendre certaines particularités liées à nos régionalismes»; «La francophonie, ce n’est pas une métropole qui impose son idiome partout dans le monde, sans réciprocité. C’est une relation de donnant-donnant. Le français, ce n’est pas une langue stagnante qui n’évolue plus depuis Molière.»

Au même moment, l’Oreille tendue recevait l’excellente lettre d’information Sur le bout des langues. Son auteur, Michel Feltin-Palas, rappelle que les dictionnaires le Robert ont récemment fait entrer dans leur nomenclature le mot glottophobie.

De quoi s’agit-il ? «Discrimination basée sur certains traits linguistiques, notamment les accents» (le Robert. Dico en ligne). Le linguiste Médéric Gasquet-Cyrus présente le mot en détail ici.

Glottophobe, Canal+ ?

P.-S.—Il y a peu, l’Oreille participait à une discussion publique sur l’avenir du français. Une participante se demandait alors ce qu’était la langue française. Réponse de l’Oreille : une des langues les plus centralisées au monde, voire la langue la plus centralisée. Ne dit-on pas qu’il n’est bon bec que de Paris ?

Fil de presse 036

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

La langue ? Des livres !

Abeillé, Anne et Danièle Godard, en collaboration avec Annie Delaveau et Antoine Gautier (édit.), la Grande Grammaire du français, Paris, Actes Sud et Imprimerie nationale éditions, 2021, 2628 p.

Allart, Dominique, Yann Berthelet et Bruno Rochette (édit.), le Latin à l’université, aujourd’hui, Liège, Presses universitaires de Liège et Maison des sciences de l’homme, 2021, 114 p.

Amann, Flora, Sourds et muets. Entre savoir et fiction au tournant des Lumières (1776-1815), Paris, Classiques Garnier, coll. «L’Europe des Lumières», 75, 2021, 419 p.

Avanzi, Mathieu et Jean Mathat-Christol, Comme on dîne chez nous. Le grand livre des mots et des recettes de nos régions, Paris, Le Robert, 2021, 240 p. Préface de Guy Savoy.

Bergounioux, Pierre, le Sens des mots, Montmorillon, L’Escampette éditions, 2021, 43 p. Photographies de Marc Deneyer.

Biglari, Amir et Marion Colas-Blaise (édit.), les Déictiques à l’épreuve des discours et des pratiques, Paris, Classiques Garnier, coll. «Rencontres», 505, 2021, 323 p.

Bonissent, Jean-Christophe et Paul de Sinety (édit.), Pour des sciences en français et en d’autres langues. Colloque international organisé par le ministère de la Culture – Délégation générale à la langue française et aux langues de France – Institut de France, 15 novembre 2019, Paris, Honoré Champion, coll. «Lexica mots et dictionnaires», 39, 2021, 238 p.

Boutet, Josiane et James Costa (édit.), Dictionnaire de la sociolinguistique, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2021, 348 p.

Canut, Cécile, Provincialiser la langue. Langage et colonialisme, Paris, Éditions Amsterdam, 2021, 320 p.

Duval, Marc, Court de Gébelin. Vocabulaire comtois et lorrain. Attribution, édition et analyse linguistique, Strasbourg, ELIPHI, coll. «Travaux de linguistique romane», 2021, 259 p.

Esher, Louise, Maximilien Guérin, Nicolas Quint et Michela Russo (édit.), le Croissant linguistique : entre oc, oïl et francoprovençal. Des mots à la grammaire, des parlers aux aires, Paris, L’Harmattan, coll. «Les parlers du Croissant» 2021, 376 p.

European Journal of Language Policy, 13, 1, 2021.

European Journal of Language Policy, 13, 2, 2021.

Le Français aujourd’hui, 214, septembre 2021. Dossier «Notions problématiques en grammaire».

Le Français moderne, 2, 2020. Dossier «La rémanence : un concept opératoire pour la linguistique diachronique ? Le cas du français», sous la direction de Claire Badiou-Monferran.

Klein, Étienne, 150 drôles d’expressions pour ramener sa science, Paris, Le Robert, 2021, 320 p.

Leconte, Gabriel, les 100 mots du bouddhisme. Dans la chambre aux orchidées, Paris, L’Harmattan, 2021, 136 p.

Micone, Marco, On ne naît pas Québécois, on le devient, Montréal, Del Busso éditeur, 2021, 129 p.

L’Oreille tendue a rendu compte de ce livre ici.

Pennac, Daniel et Florence Cestac, Les mots ont des oreilles, Paris, Le Robert, 2021, 80 p.

Planchenault, Gaëlle et Livia Poljak (édit.), Pragmatics of Accents, Amsterdam, John Benjamins, coll. «Pragmatics & Beyond New Series», 327, 2021, vii/266 p.

Rey, Alain, Denis Milliès Lacroix et Agnès Pierron, 150 drôles d’expressions à emprunter à nos grands-mères, Paris, Le Robert, 2021, 320 p.

Rézeau, Pierre, l’Inventaire du patois du Ban de la Roche par les frères Oberlin, à la fin du XVIIIe siècle, Strasbourg, ÉLiPhi. Éditions de linguistique et de philologie, coll. «Travaux de linguistique romane», 2021, xiv/244 p.

Salut, Alain ! Hommage à Alain Rey, Paris, Le Robert, 2021, 288 p.

Thibault, André, Mathieu Avanzi, Nicholas Lo Vecchio et Alice Millour (édit.), Nouveaux regards sur la variation dialectale / New Ways of Analyzing Dialectal Variation, Strasbourg, ELiPhi. Éditions de linguistique et de philologie, coll. «Travaux de linguistique et de philologie», 2021, xiv/356 p.

Tipa, 37, 2021. Dossier «La convergence», sous la direction de Sibylle Kriegel et Sophie Herment.

Véron, Laélia et Maria Candea, Parler comme jamais. La langue : ce qu’on croit et ce qu’on en sait, Paris, Le Robert et Binge audio, 2021, 324 p.

Un dimanche après-midi devant le poste

Pub de Tremfya : «Chérie, est-ce qu’on a des assiettes à quelque part ?» «À quelque part» ? Non, jamais : «quelque part» suffit.

Pub de Sonnet : «Vous avez de l’eau dans la cave.» On est toujours le feu de plancher de quelqu’un.

Les Steelers de Pittsburgh — c’est du football américain — jouent mal ? «La chaîne a débarqué.» (Malheureusement, leur chaîne a rembarqué.)

La société Audible annonce un livre audio. Ce n’est pas étonnant. Karine Vanasse, qui fait la publicité, ne prononce pas Audible à l’anglais, mais à la française. Ça, c’est étonnant.

Pub du gouvernement du Québec : «Mais comment le Père Noël facteur va faire pour m’amener mes cadeaux ?» Apporter mes cadeaux, non ?

Pub de Loto-Québec, donc du gouvernement du Québec : «Les câbles, c’est moi qui les a.» Non : «les ai».

Pub de poulet : «Bon, ben, coudonc. On soupe.»

Le bon accent ?

Michel Tremblay, la Diaspora des Desrosiers, 2017, couverture

«— C’est ben pour dire, hein, j’ai un accent pis je le savais pas.
— Tout le monde a un accent, Teena. Nous autres on a un accent, le monde de Montréal ont un gros accent, les Français de France ont un accent…
— Oui, mais eux autres c’est le bon.
— C’est le bon pour eux autres, comme le nôtre est le bon pour nous autres.»

Michel Tremblay, Survivre ! Survivre !, dans la Diaspora des Desrosiers, Montréal et Arles, Leméac et Actes sud, coll. «Thesaurus», 2017, 1393 p., p. 1101-1251, p. 1167. Préface de Pierre Filion. Édition originale : 2014.