Fil de presse 011

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

Ci-dessous, quelques parutions (pas trop anciennes) en matière de langue, organisées en rubriques.

Rubrique «Ce n’est qu’un début, continuons le combat» : Chantal Rittaud-Hutinet, Parlez-vous français ? Idées reçues sur la langue française (Paris, Éditions Le cavalier bleu, coll. «Idées reçues», 2011, 160 p.). À mettre en parallèle avec le livre de Marina Yaguello.

Le compte rendu de ce livre par l’Oreille tendue ? C’est de ce côté.

Rubrique «C’est comme vous voulez» : Tu ou vous : l’embarras du choix, sous la direction de Bert Peeters et de Nathalie Ramière (Limoges, Éditions Lambert-Lucas, 2009, 300 p.). Table des matières, en PDF, ici.

Rubrique «Ce serait pas un zeugme, ça ?» : Dictionnaire national et anecdotique (1790), édition présentée et annotée par Agnès Steuckardt (Limoges, Éditions Lambert-Lucas, coll. «La lexicothèque», 2011, 220 p.).

Rubrique «On n’arrête pas le progrès» : Erin McKean, Aftercrimes, Geoslavery, and Thermogeddon. Thought-Provoking Words from a Lexicographer’s Notebook (New York, TED Conferences, LLC, 2011. Édition numérique). L’Oreille tendue en a parlé .

Rubrique «Y a de quoi faire» : dossier «Les langues de bois», Hermès, numéro 58 (2011).

Rubrique «C’est maintenant la civilisation des loisirs» : Claude Hagège, Parler, c’est tricoter (La Tour d’Aigues, L’aube, 2011, 64 p.).

Rubrique «Faudrait bien aller voir ça» : Mario Bélanger, Petit guide du parler québécois (Montréal, 10/10, 2011, 279 p.).

Rubrique «Raconte-moi une histoire» : Magali Favre, Si la langue française m’était contée (Montréal, Fides, 2011, 400 p.).

Rubrique «Quand on aime, on ne compte pas» : Alex Taylor, Bouche bée, tout ouïe… ou comment tomber amoureux des langues (Paris, Seuil, coll. «Points. Le goût des mots», 2011, 256 p.).

Rubrique «Tiens, de nouveaux titres dans la collection “Les mots”» : Magalie Gobet et Emmeline Le Gall, Le parfum «qui fortifie le cerveau et chasse cette légère rêverie qui accable l’esprit…» ?, préface de Jean Pruvost (Paris, Honoré Champion, coll. «Les mots», 2011, 144 p.); Nicole Cholewka, avec la collaboration de Jean Pruvost, Le chocolat «qui favorise la paresse et dispose à ces voluptés qu’inspire une vie langoureuse…» ?, préface de Patrick Roger (Paris, Honoré Champion, coll. «Les mots», 2011, 144 p.).

Rubrique «Espérons que le livre est meilleur que le titre» : Gaétan Saint-Pierre, Histoire de mots solites et insolites (Sillery, Septentrion, 2011, 395 p.).

Fil de presse 010

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

Quelques lectures (historiques et néanmoins récentes) pour le mois de Marie.

Une histoire du français ? Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow, le Français, quelle histoire !, Éditions Télémaque, 2011.

Une histoire de la langue de bois ? «Les langues de bois», numéro 58 de la revue Hermès (CNRS Éditions, 2011).

Une histoire de l’argot ? Jean La Rue, Dictionnaire d’argot et des locutions populaires. Version raisonnée et commentée à partir des éditions de 1894 et du début du XXe siècle, Paris, Classiques Garnier, coll. «Classiques de l’argot et du jargon», 4, 2011, 521 p. Édition de Denis Delaplace.

Une histoire du libertinage (linguistique) ? Patrick Wald Lasowski, Dictionnaire libertin. La langue du plaisir au siècle des Lumières, Paris, Gallimard, coll. «L’infini», 2011, 608 p.

Une histoire de ce qui n’existe pas ? Paolo Albani et Berlinghiero Buonarroti, Dictionnaire des langues imaginaires, Paris, Les Belles Lettres, 2011, 576 p. Édition originale : 1994.

Une histoire de la phonétique ? Christophe Rey, Nicolas Beauzée précurseur de la phonétique. Dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, la Grammaire générale et l’Encyclopédie méthodique de Panckoucke, Paris, Honoré Champion, coll. «Mots et dictionnaires», 19, 2011.

Une histoire de la langue au siècle des Lumières ? Ferdinand Gohin, les Transformations de la langue française pendant la deuxième moitié du XVIIIe siècle (1740-1789), Genève, Slatkine reprints, 2011, 400 p. Réimpression de l’édition de Paris, 1903.

Une histoire des dictionnaires ? Alain Rey, Dictionnaire amoureux des dictionnaires, Paris, Plon, 2011, 1005 p.

N’est-ce pas le mois le plus beau ?

Fil de presse 009

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

Que font-ils ? Ils écrivent des textes où la langue est mise en scène. Des heures d’écoute en perspective.

Amie, et néanmoins collègue, de l’Oreille tendue, Lucie Bourassa étudie le français de Katalin Molnár dans la revue numérique @nalyses. (Il faut avoir l’oreille fine.)

Dans la collection «Paragraphes», le collègue, et néanmoins ami, de l’Oreille Francis Gingras a réédité, en une version revue et corrigée, son Miroir du français. Éléments pour une histoire culturelle de la langue française.

François Provenzano publiera, dans quelques jours, Vies et mort de la francophonie. Une politique française de la langue et de la littérature aux Impressions nouvelles.

Frédéric Werst, avec Ward, invente une nouvelle langue.

Le livre que voici se présente comme une anthologie de la littérature d’un peuple imaginaire, les Wards. Dans les extraits qui la composent, j’ai cherché à évoquer ces gens, leur histoire, leur monde, leurs mythes, leurs idées, élaborant des genres littéraire, essayant des principes formels ou esthétiques, rêvant des poètes ou des prosateurs, des théologiens ou des philosophes — mais avant tout, c’est de l’invention d’une langue qu’il était question. Cette anthologie est en effet bilingue, et j’ai choisi de donner de ces textes, outre une traduction française, leur version originale dans la langue des Wards, le «wardwesân» (p. 11).

La fondatrice de Wordnik, Erin McKean, proposait, le 9 janvier, dans sa chronique du Boston Globe, ses découvertes de l’année en matière linguistique. Elle y causait culturomics — l’utilisation de Google Books pour analyser la langue —, palinisme — refudiate, encore une fois —, néologie — l’entrée du mot eggcorn dans le Oxford English Dictionary; Wikileaks —, prononciation — celle du Eyjafjallajökull. Elle y renvoyait aussi à une étonnante vidéo typographique contre le purisme linguistique (anglo-saxon), celle de Stephen Fry. À voir.

 

Références

Bourassa, Lucie, « Du français, dlalang et des poèmes incorrects : langage et poétique chez Katalin Molnár», article numérique, @nalyses, 14 décembre 2010. https://doi.org/10.18192/analyses.v5i3.588

Gingras, Francis (édit.), Miroir du français. Éléments pour une histoire culturelle de la langue française, Montréal, Université de Montréal, Département des littératures de langue française, coll. «Paragraphes», 26, 2007, 525 p. Réédition revue et corrigée : 2009, 516 p.

McKean, Erin, «The Year in Language», The Boston Globe, 9 janvier 2011.

Provenzano, François, Vies et mort de la francophonie. Une politique française de la langue et de la littérature, Bruxelles, Les impressions nouvelles, coll. «Réflexions faites», 2011, 288 p.

Werst, Frédéric, Ward. Ier-IIe siècle. Roman, Paris, Seuil, coll. «Fiction & cie», 2011, 416 p.

Fournée automnale

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Au Québec, la langue fait encore et toujours écrire.

Un collègue de l’Oreille tendue, Karim Larose, l’auteur de la Langue de papier. Spéculations linguistiques au Québec (1957-1977) (2004), publie chez Nota bene, avec Karine Cellard, le premier des trois tomes d’une anthologie, la Langue au quotidien. Les intellectuels et le français dans la presse québécoise. Anthologie. Volume 1. Les douaniers de la langue (1874-1957).

Chez Boréal, Martin Pâquet et Marcel Martel lancent Langue et politique au Canada et au Québec. Une synthèse historique.

Être huron, inuit, francophone, vietnamien… Propos sur la langue et l’identité, de Louis-Jacques Dorais, paraîtra chez Liber.

Jean-Louis Major, au début d’Appartenances. Essai en pièces détachées (Éditions David), raconte ce que le français a représenté pour lui dans l’Ontario de sa jeunesse.

Enfin, après, entre autres titres, Anatomie du québécois (1996 et 1999), l’Incroyable Aventure de la langue française racontée depuis sa naissance à Rome jusqu’à sa greffe réussie en Amérique (2002 et 2003) et les Anglicismes de la vie quotidienne des Québécois (2006), Jean Forest publie son deuxième glossaire. Il y a eu le Grand Glossaire des anglicismes du Québec (2008); voici un livre au sous-titre absurde, le Grand Glossaire du français de France. Mots, sens et expressions qui font défaut au français du Québec (Triptyque). (S’il faut en croire le compte rendu paru dans le Devoir du 14-15 août 2010, p. E8, l’expression faire une pipe «ferait défaut au français du Québec»…)

Des heures de lecture en perspective.

Fil de presse 008

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L’anglais serait-il en crise ? (L’Oreille tendue ne parle pas de l’Anglais, cette créature protéiforme.)

The Queen’s English Society, fondée en 1972 pour défendre le bon usage dans la langue de Shakespeare, souhaite créer une Académie anglaise, l’Academy of English, ou English Academy, sur le modèle de la française. (Erin McKean, dans les pages du Boston Globe, montre pourquoi ça ne peut pas marcher, et elle a bien raison.)

Le 7 juin, The Economist crée un nouveau blogue (collectif) linguistique, Johnson :

In this blog, named for the dictionary-maker Samuel Johnson, our correspondents write about the effects that the use (and sometimes abuse) of language have on politics, society and culture around the world.

Au menu : des questions pointues (Tromso ou Tromsø ?), des débats (faut-il accepter deplane pour descendre de l’avion ?), des révélations (Vladimir Poutine tutoie Dmitri Medvedev, qui le vouvoie), des réflexions sur la néologie (en français), des interrogations étymologiques (d’où viennent right to choose et my bad ?), etc. (On y est aussi sceptique que dans le Boston Globe devant la création d’une académie.)

Il y a donc plus intéressant à faire que de s’inventer une crise.