Chantons la langue avec Radio Radio

Radio Radio, «Deux langues», 2021, illustration

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Radio Radio, «Deux langues», 2021

 

En deux langues

Bi bi bilingue
Y y y
Faut êt’ bilingue

Bi bi bilingue
Y y y
Faut êt’ bilingue

Bi bi bilingue
Bi bi bilingue
Bi bi bilingue
Y y y
Faut êt’ bilingue

As-tu mêlé ta langue
Peux-tu parler la langue
Que l’monde parle
Partout là !

Deux langues
Une maternelle
L’aut’ seconde
Mais attends une s’conde !

Trente secondes c’est tout ça prend
Jacobus pis Malenfant
Une gang de profs
Pis des étudiants
Point la langue dans poche
Fonce va vers l’avant

Ha

Bilingue
C’comme gagner l’gros lot
Un ou l’autre j’adore
On en parle dehors

As-tu faim pour des pineapples
Non chus bon
Ej veux un ananas
Maintenant !

Les racines sont creuses
La culture est riche
Les langues qui nous unis
C’est ça qu’est fantastique

Deux ou plus
J’en veux plus
Sais-tu que bilingue
C’est ça qui est marvelous

Bi bi bilingue
Y y y
Faut êt’ bilingue
I get it

Bi bi bilingue
Y y y
Faut êt’ bilingue

Tu parles
J’écoute
You speak
I listen

Je parle
T’écoutes
I speak
You listen

Bi bi bilingue
Y y y
Faut êt’ bilingue
J’comprends

Bi bi bilingue
Y y y
Faut êt’ bilingue

Tu parles
J’écoute
You speak
I listen

Je parle
T’écoutes
I speak
You listen

Tu parles les deux langues ?
Je parle les deux langues
Avec mes langues
J’suis down to switch
Yessir !

Temps qu’on switch
Pour faire not’pitch
Faut qu’on l’teste de l’Est à l’Ouest
Bienvenue à la visite
Dis-moi qu’est-ce tu penses d’icitte

Discuter avec un Tims su’l’coin
Mine de rien y fait frette à matin
So warm-toi up
Quand t’es bin dans le bain
Ça rouvre les portes
Pis là on fait des ponts

Double double
Multi lingual
Double double
Plus qu’une langue
Double double
I’m in love
Double double
Ça c’est fine

Oui ça c’est fine
Choisis ta line
Une tonne de mots qui nous unit
Pis nous define

Oui on est back
Point sur l’attack
La culture c’est des ponts
Everything else c’est wack

Oui on est back
Point sur l’attack
La culture c’est des ponts
Everything else c’est wack

Pour s’promener
Pour s’envoler
Pour te d’mander
«Comment allait ta journée ?»

Bi bi bilingue
Y y y
Faut êt’ bilingue
I get it

Bi bi bilingue
Y y y
Faut êt’ bilingue

Tu parles
J’écoute
You speak
I listen

Je parle
T’écoutes
I speak
You listen

Bi bi bilingue
Y y y
Faut êt’ bilingue

Bi bi bilingue
Y y y
Faut êt’ bilingue

Bilingue
Bilingue
Bilingue
On va êt’ bilingue

 

Chantons la langue avec Paul Demers

Paul Demers, album Paul Demers, 1990, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Paul Demers, «Notre place», album Paul Demers, 1990

 

Pour ne plus avoir not’ langue dans nos poches
Je vais chanter
Je vais chanter
Que tu viennes de Pointe aux-Roches, ou d?Orléans
Je vais chanter
Je vais chanter
Pour mettre les accents, là où il le faut
Faut se lever, il faut célébrer
Notre place
Aujourd’hui pour demain
Notre place
Pour un avenir meilleur
Notre place
Donnons-nous la main
Notre place
Ça vient du fond du cœur
Que tu viennes de Lafontaine ou de North Bay
Je vais chanter
Je vais chanter
Afin de pouvoir nous rapprocher
D?ici jusqu’à Fauquier
Je vais chanter
Je vais chanter
Pour mettre les accents, là où il le faut
Faut se lever, il faut célébrer
Notre place
Aujourd’hui pour demain
Notre place
Pour un avenir meilleur
Notre place
Donnons-nous la main
Notre place
Ça vient du fond du cœur

Pour mettre les accents, là où il le faut
Faut se lever, il faut célébrer
Notre place
Aujourd’hui pour demain
Notre place
Pour un avenir meilleur
Notre place
Donnons-nous la main
Notre place
Ça vient du fond du cœur

Notre place
Aujourd’hui pour demain
Notre place
Pour un avenir meilleur
Notre place
Donnons-nous la main
Notre place
Ça vient du fond du cœur
Notre place

 

Avec pas d’tête

Ad. J. Charon, Poules qui pondent, 1927, couverture

Déclaration récente du chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet : «Il y a quelqu’un qui a fabriqué avec [Donald Trump] ce message-là dans le but de nous envoyer encore une fois courir dans toutes les directions, comme des poules décapitées» (le Devoir, 17 décembre 2024).

Les Québécois auront reconnu dans ces «poules décapitées» les poules pas de tête de leur langue populaire.

Ces poules pas de tête auraient pour caractéristique de courir sans véritable direction. Ce faisant, leurs actions seraient inutiles et représenteraient une perte de temps et d’énergie.

À votre service.

P.-S.—Nous avons jadis croisé — n’est-ce pas ? — le crosseur de poule(s) morte (s). On peut supposer que quelques-unes de ces poules mortes n’avaient pas de tête(s).

P.-P.-S.—Mike the Headless Chicken aurait survécu 18 mois sans tête. C’est Wikipédia qui le dit.

P.-P.-P.-S.—Pourquoi «Avec pas d’» ? Parce que.

Des yeux d’homme

David Montrose, Gambling with Fire, éd. de 2016, couverture

On voit souvent, dans la critique culturelle féministe, les mots male gaze. Définition tirée de Wikipédia :

In feminist theory, the male gaze is the act of depicting women and the world in the visual arts and in literature from a masculine, heterosexual perspective that presents and represents women as sexual objects for the pleasure of the heterosexual male viewer.

Il s’agirait d’un mode de représentation des femmes du seul point de vue masculin et hétérosexuel. Elles ne seraient que des objets sexuels pour le plaisir des hommes.

On traduit parfois male gaze, en français, par regard masculin ou par regard des hommes, mais plusieurs conservent simplement la forme anglaise.

C’est à ce type de description que pensait l’Oreille tendue en lisant Gambling with Fire :

He found it difficult to keep his eyes from the girl. She had a big-boned, almost angular face, with shoulders as wide as her hips; yet the womanly roundness of her form, built upon such an unpromising base, was truly voluptuous. Because of her strength and solidity, as much as her deep breasts and smooth thighs, she appeared a woman of great sexuality (p. 20).

C’est bien une affaire de regards — celui du personnage («his eyes») et celui du narrateur — et de désir («she appeared a woman of great sexuality»).

Difficile d’être plus clair.

 

Référence

Montrose, David, Gambling with Fire, Montréal, Véhicule Press, A Ricochet Book, 2016, 207 p. Édition originale : 1968. Introduction de John McFetridge.