Chantons la langue avec Claude Barzotti

Claude Barzotti, le Rital, 1983, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Claude Barzotti, «Le Rital», album le Rital, 1983

 

À l’école quand j’étais petit
Je n’avais pas beaucoup d’amis
J’aurais voulu m’appeler Dupont
Avoir les yeux un peu plus clairs
Je rêvais d’être un enfant blond
J’en voulais un peu à mon père

C’est vrai, je suis un étranger
On me l’a assez répété
J’ai les cheveux couleur corbeau
Je viens du fond de l’Italie
Et j’ai l’accent de mon pays
Italien jusque dans la peau

Je suis rital et je le reste
Et dans le verbe et dans le geste
Vos saisons sont devenues miennes
Mais ma musique est italienne
Je suis rital dans mes colères
Dans mes douceurs et mes prières
J’ai la mémoire de mon espèce
Je suis rital et je le reste

Arrivederci Roma

J’aime les amants de Vérone
Les spaghettis, le minestrone
Et les filles de Napoli
Turin, Rome et ses tifosi
Et la Joconde de De Vinci
Qui se trouve, hélas, à Paris

Mes yeux délavés par les pluies
De nos automnes et de nos nuits
Et par nos brumes silencieuses
J’avais bien l’humeur voyageuse
Mais de raccourcis en détours
J’ai toujours fait l’aller-retour

Je suis rital et je le reste
Et dans le verbe et dans le geste
Vos saisons sont devenues miennes
Mais ma musique est italienne
Je suis rital dans mes colères
Dans mes douceurs et mes prières
J’ai la mémoire de mon espèce
Je suis rital et je le reste

Arrivederci Roma

C’est vrai, je suis un étranger
On me l’a assez répété
J’ai les cheveux couleur corbeau
Mon nom à moi c’est Barzotti
Et j’ai l’accent de mon pays
Italien jusque dans la peau

 

Chantons la langue avec Flagrants délires

Flagrants délires, la Couche d’eau jaune, 2008, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Flagrants délires, «L’accent du Sud», la Couche d’eau jaune, 2008

 

Nous braves gens du Sud
Qui parlons en chantant
En peine de solitude
Quand on s’trouve à Nogent
Tous ces sourires venant
Qui nous montrent du doigt
Le ridicule tuera ces gens
Qui n’ont jamais entendu ça
Moi j’ai l’accent du Sud
Le plus beau de la terre
Moi j’ai l’accent du Sud
J’dirais même plus que j’en suis fier

Les Toulousains pas fainéants
Montent à Paris pour visiter
Se plaignent du froid et puis du vent
Mais n’ont pas peur d’être moqués
Et ils boivent l’apéro peinard
Leurs voix s’élèvent et chantent en vain
Et là une poignée d’connards
S’marrent sans savoir c’qu’est un Toulousain
Moi j’ai l’accent du Sud
Le plus beau de la terre
Moi j’ai l’accent du Sud
J’dirais même plus que j’en suis fier

Pendant ce temps au parc des Princes
Les pauvres princes s’essaient au football
Tout le monde s’insulte
Le grillage grince
Quand on écharpe le nom d’Vitrolles
Parigot on aura ta peau
Marseillais on va te fumer
Des deux accents quel est le plus beau
Quand on maudit le PSG
Moi j’ai l’accent du Sud
Le plus beau de la terre
Moi j’ai l’accent du Sud
J’dirais même plus que j’en suis fier

Dans le neuf-trois des Bayonnais
Le bérêt et le foulard rouge
Ont pris l’pouvoir sans difficultés
Des Parigots ont le nez rouge
Faut pas trop faire sur les bottes
D’un Basque à l’accent prononcé
Sinon ta tête devient pelote
Et ça c’est leur sport préféré
Moi j’ai l’accent du Sud
Le plus beau de la terre
Moi j’ai l’accent du Sud
J’dirais même plus que j’en suis fier

Ça sert à rien de se moquer
Des différents accents de France
Parler c’est not’ liberté
C’est notre amour notre défense
Mais dans le Sud on n’est pas fun
Et puis on ne fait chier personne
Même quand tu viens Parisien [?]
Alors tais-toi si tu veux pas qu’ça cogne
Moi j’ai l’accent du Sud
Le plus beau de la terre
Moi j’ai l’accent du Sud
J’dirais même plus que j’en suis fier

Nous braves gens du Sud
Qui parlons en chantant
En peine de solitude
Mais pas vraiment gênants
Du moment qu’on trouve une place
À la terrasse d’un café
Un bon Ricard coupé de glace
Nous suffira pour plus parler
Moi j’ai l’accent du Sud
Le plus beau de la terre
Moi j’ai l’accent du Sud
J’dirais même plus que j’en suis fier
Moi j’ai l’accent du Sud
Le plus beau de la terre
Moi j’ai l’accent du Sud
J’dirais même plus que j’en suis fier

 

Chantons la langue avec Ricoune

Ricoune, Dans un verre à ballon, 2002, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Ricoune, «Un petit Ricard dans un verre à ballon», 2002

 

Quand je suis entré dans le bar
Il était midi moins le quart
Je me suis assis au comptoir
J’ai commandé un petit Ricard
Tous les clients m’ont regardé
Ils m’ont pris pour un Marseillais
J’ai sorti un billet de 100 francs
Ils se sont moqués de mon accent

Je voudrais un petit Ricard dans un verre à ballon
Laissez-moi le consommer avec modération
On va pas se disputer pour payer l’addition
Je partirai pas sans boire la tournée du patron
Ça fait partie des coutumes et des traditions
Avant de rentrer à la maison
Un Ricard sinon rien et je reviendrai demain

Pendant que le curé fait la messe
Pendant qu’il s’occupe de nos gonzesses
Nous on fait la prière du matin
Donnez-nous notre Ricard quotidien
Il faut surtout pas oublier
Les olives et les petits salés
Demander gentiment au patron
De vous le servir avec un glaçon

Je voudrais un petit Ricard dans un verre à ballon
Laissez-moi le consommer avec modération
On va pas se disputer pour payer l’addition
Je partirai pas sans boire la tournée du patron
Ça fait partie des coutumes et des traditions
Avant de rentrer à la maison
Un Ricard sinon rien et je reviendrai demain

Quand je suis ressorti du bar
J’ai reçu un grand coup de barre
Ma copine était en colère
Elle m’a insulté d’un air sévère
Avec ton petit Ricard tu me mets les ballons
Tu vas faire tes valises et quitter la maison
Ça fait déjà longtemps que je te mets la pression
Et ça rentre dans l’oreille et ça ressort à fond
N’oublie pas tous tes costumes et tes pantalons
Avant de partir de la maison on se boit le dernier
Et on se revoit jamais… et jamais… et jamais…

Je voudrais un petit Ricard dans un verre à ballon
Laissez-moi le consommer avec modération
On va pas se disputer pour payer l’addition
Je partirai pas sans boire la tournée du patron
Ça fait partie des coutumes et des traditions
Avant de rentrer à la maison
Un Ricard sinon rien et je reviendrai demain

 

Chantons la langue avec Daniel Balavoine

Daniel Balavoine, «Le français est une langue qui résonne», 1978, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Daniel Balavoine, «Le français est une langue qui résonne», 1978

 

Quand j’entends s’enrouler les feuilles de l’automne
Que le ciel de l’été dans mon cœur se cramponne
Je me dis le français est une langue qui résonne
Je me dis le français est une langue qui résonne
Quand du fond du Québec les couleurs se bourgeonnent
[Les trois vers qui suivent sont prononcés avec un «accent québécois».]
Moi j’crois ben qu’c’est la neige qui s’effleure et frissonne
Pis j’me dis qu’le français est une langue qui résonne
Et j’me dis qu’le français est une langue qui résonne

[Quatre des cinq vers qui suivent sont prononcés avec un «accent du Sud».]
Endormi sous la mer qui saigne sur Narbonne
De mes yeux fatigués pleurent des Sables d’Olonne
Je me dis le français est une langue qui résonne
Je me dis le français est une langue qui résonne
Langue d’Oc du Nord les accents s’époumonnent
Dans ma tête versée mon pays se crayonne
Je me dis le français est une langue qui résonne
Je me dis le français est une langue qui résonne

Assis près de Calais dessous les lames bretonnes
Je regarde arriver les vagues anglo-saxonnes
Tous mes mots vieux français éclatent et bouillonnent
Tous mes mots vieux français éclatent et bouillonnent
Si des plages et des forêts s’asphaltent et se carbonent
Si les ailes collées les oiseaux abandonnent
Moi qui m’crois bon Français je sens que je déconne
De mes mots censurés que Villon me pardonne
Je me dis le français est une langue qui résonne
Je me dis le français est une langue qui résonne

 

Chantons la langue avec Johnny Halliday

Johnny Halliday, Gang, 1986, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Johnny Halliday, «Ton fils», Gang, 1986

 

On perd sa vie parfois
À devoir la gagner
Y’en a qui naissent rois
D’autres du mauvais côté

Toi tu viens d’un pays que t’as presque oublié
De sable et de soleil et d’éternel été
Ceux qui ont de la chance y passent leurs vacances
Mais ceux qui y sont nés ne peuvent y travailler
Après toutes ces années juste pour exister
J’ai juste envie de dire à tes yeux fatigués

Je voudrais que ton fils vive mieux que toi
Qu’on le respecte, mieux qu’on le vouvoie
Comme un homme, un monsieur
Qui ne baisse pas les yeux
Pareil à tous ces gens qui parlent sans accent

Je voudrais que ton fils vive mieux que toi
Qu’il ait toutes ses chances, tous ses droits
Qu’il ait une signature
Des mains blanches, une voiture
Et des papiers d’identité à perpétuité

T’es pas un grand causeur on t’l’a jamais d’mandé
T’as payé en sueur le prix qu’il faut payer
Tu voulais qu’il ait tout sans jamais rien compter
Pour qu’il ait toutes ses chances
Comme les enfants de France
Pour un dernier désir, pour une ultime envie
La seule raison de croire à un sens à ta vie

Je voudrais que ton fils vive mieux que toi
Qu’on le respecte, mieux qu’on le vouvoie
Comme un homme, un monsieur
Qui ne baisse pas les yeux
Pareil à tous ces gens qui parlent sans accent
Je voudrais que ton fils vive mieux que toi
Qu’il ait toutes ses chances, tous ses droits
Qu’il ait une signature
Des mains blanches, une voiture
Et des papiers d’identité à perpétuité